La stratégie du buy-and-hold est loin d'être dépassée

Publié le 11/04/2009 à 00:00

La stratégie du buy-and-hold est loin d'être dépassée

Publié le 11/04/2009 à 00:00

Après une de mes récentes conférences, une dame s'est approchée en me montrant un article intitulé : " La fin du buy-and-hold ". Avec un sourire espiègle, elle m'a dit : " J'imagine que vous n'êtes pas d'accord. "

Et je lui ai répondu en éclatant de rire qu'elle avait bien compris ! En effet, le contenu de mes conférences ne laisse aucun doute quant à ma position à ce sujet.

Mais je suis conscient que de nombreux investisseurs s'interrogent à la suite du rendement de la Bourse au cours des dernières années. Voici donc ce que j'en pense.

Ma première réaction, plus spontanée que réfléchie, c'est de rétorquer que la stratégie d'achat à long terme (buy-and-hold, en anglais) ne peut pas être dépassée, car la plupart des investisseurs ne l'ont jamais adoptée.

Des spéculateurs déguisés

Selon cette approche, on achète un titre et on s'enrichit en le conservant de nombreuses années. Sauf qu'en réalité, rares sont les investisseurs qui font vraiment cela.

Nombreux sont ceux qui disent investir dans une perspective à long terme, mais qui agissent comme des spéculateurs. Ils achètent un titre, souvent surtout parce qu'il s'est déjà apprécié. Pour eux, le signal voulant dire qu'il s'agit d'un bon titre, c'est que le cours a grimpé en Bourse. Si quelques semaines, voire quelques jours plus tard, ce titre s'apprécie, ils le vendront pour encaisser un gain. Par contre, lorsque le titre stagne ou dégringole, ils le conservent. C'est seulement à ce moment qu'ils se déguisent en investisseurs à long terme.

Pour trop d'investisseurs, la stratégie d'achat à long terme équivaut à détenir aveuglément une brochette de titres parmi les plus populaires et achetés pour les mauvaises raisons.

En plein marché haussier, cela semble fonctionner. C'est pour cela que vous ne verrez pas d'articles clamant la mort du buy-and-hold pendant les marchés haussiers.

Une façon de penser

J'admets par ailleurs qu'il n'est pas à la portée de tous d'adopter réellement une stratégie d'achat à long terme.

L'exemple suprême de cette approche, assez naturellement, revient à Warren Buffett. Il possède 1,7 million d'actions de la société Washington Post, achetées au début des années 1970. Dans son rapport annuel de 1975, il a écrit qu'il conserverait toujours ces actions !

Je ne crois pas que le commun des mortels devrait l'imiter et s'engager pour plus de 30 ans. Ce n'est pas ce que signifie l'approche à long terme. Celle-ci est surtout une façon de voir le placement boursier. Acheter des actions, c'est acheter des parts d'entreprises. Dans ce sens, lorsqu'on étudie un titre, on se place dans la peau d'une personne d'affaires qui achèterait l'entreprise au complet. On agit alors comme si on entendait être propriétaire de l'entreprise à perpétuité.

Le " comme si " est crucial. Car, en affaires, il est impossible d'être certain qu'on gagnera à rester toujours propriétaire de l'entreprise. Celle-ci peut décevoir, être écrasée par l'arrivée d'un concurrent qui agit de façon irrationnelle, effectuer une transaction désastreuse, etc.

Et le marché boursier, dans un autre mouvement d'euphorie, peut vous offrir un prix si alléchant qu'il serait stupide de ne pas vendre vos parts. Ce n'est pas parce qu'on dit être un investisseur à long terme qu'on ne vend jamais ses actions !

Ce genre de situations est fréquent. En 2000, des titres comme ceux de Cisco Systems et de Microsoft se vendaient à des cours que même les investisseurs les plus optimistes ne pouvaient justifier sans tomber dans la lubie.

Que dire du titre de Coca-Cola, que Warren Buffett a conservé malgré qu'il s'échangeait à plus de 30 fois le bénéfice, entre 1998 et 2000 ? M. Buffett a admis par la suite qu'il avait fait une erreur en ne vendant pas ses actions.

Il ne faut pas oublier que l'investisseur a un capital limité à faire fructifier. Cela signifie qu'il peut vendre un titre bien évalué pour en acheter un sous-évalué de façon à augmenter son rendement tout en gérant ses risques. Tout cela en prenant note que chaque décision (acheter, conserver et vendre) implique la possibilité de se tromper.

La seule façon raisonnable d'investir

Enfin, s'il est vrai que la stratégie d'achat à long terme est dépassée, je me demande par quoi on entend la remplacer. Est-ce qu'on peut acheter un titre en comptant le revendre à profit à court terme ? Si oui, sur quelles bases ? En se fondant sur quels critères ?

Peut-on vraiment croire que, pour l'investisseur moyen, il s'agit d'une solution réaliste ? Selon mon expérience, certainement pas.

Pour la plupart des investisseurs, faire des transactions dans une perspective à court terme - en supposant que ce soit la méthode antidote au buy-and-hold - mène au désastre.

La réalité, c'est qu'il n'y a pas d'autre approche qu'à long terme pour investir sérieusement. Autrement, ce n'est que de la spéculation.

Merci à tous les participants

En terminant, je veux remercier chaleureusement tous ceux et celles qui ont assisté aux conférences sur le placement boursier que j'ai données à Montréal (le 23 mars) et à Québec (le 26 mars).

Au total, près de 400 personnes ont participé à ces soirées. Merci également à toute l'équipe du journal Les Affaires qui m'a épaulé dans ce projet.

Ce fut une expérience fort enrichissante. Merci !

bernard.mooney@transcontinental.ca

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