La rhétorique écologiste fait fi de la sécurité énergétique

Publié le 24/11/2012 à 00:00

La rhétorique écologiste fait fi de la sécurité énergétique

Publié le 24/11/2012 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Le projet de la société Enbridge d'inverser le flux de l'oléoduc qui relie Sarnia et Montréal n'est pas la catastrophe appréhendée par les écologistes.

Si ce projet est approuvé, la raffinerie montréalaise de Suncor sera approvisionnée par du pétrole canadien plutôt que par du pétrole étranger, qui arrive à ses installations par l'oléoduc reliant Portland, sur la côte du Maine, et Montréal. Un prolongement éventuel de cet oléoduc vers la raffinerie d'Ultramar à Lévis mettrait fin aux pétroliers qui remontent le Saint-Laurent jusqu'à Québec.

Entre du pétrole importé de pays comme le Nigeria, l'Algérie et l'Angola, amené par bateau jusque dans nos eaux intérieures, et du pétrole canadien qui arriverait dans nos raffineries par un oléoduc sous-terrain, il est assez évident que cette dernière option paraît supérieure, et ce, tant sur le plan environnemental que sur celui de la sécurité nationale. Autre avantage, le pétrole canadien se vend de 20 $ moins cher le baril que le pétrole importé. Toutefois, cet avantage pourrait ne pas durer.

Il faut aussi prendre en considération que les importations de pétrole du Québec ont représenté près de 11 G$ de sorties de fonds à l'étranger l'an dernier. Il vaudrait mieux verser cet argent aux producteurs canadiens, dont les impôts, les taxes et les redevances servent à nous enrichir et à payer la péréquation et les programmes sociaux que nous chérissons tant.

Les écologistes évoquent la fuite de pétrole d'un oléoduc d'Enbridge survenue au Michigan en 2010 pour attirer l'attention de la population sur les risques du transport de pétrole par oléoduc. Mais ils ne disent pas que le réseau canadien d'oléoducs et de gazoduc compte 110 000 kilomètres et que très peu de déversements sont rapportés. Un accident est toujours possible, mais reconnaissons que ce système de transport a fait ses preuves sur le plan de la sécurité.

Les écologistes soutiennent aussi que l'intention ultime d'Enbridge est de profiter de l'inversement du flux du pétrole pour acheminer du pétrole canadien jusqu'au port de Portland. Il s'agit plutôt d'une hypothèse, d'autant plus que l'oléoduc reliant Montréal et Portland ne lui appartient pas.

Confrontation ou collaboration

Pour le ministre de l'Environnement du Québec, Daniel Breton, il n'est pas question que du pétrole albertain coule dans un oléoduc au Québec, ayant même affirmé qu'il «travaille» contre ce projet. Heureusement, il s'est fait remettre à sa place par son collègue Alexandre Cloutier, qui a déclaré avec sagesse que le gouvernement du Québec voulait plus d'informations sur ce projet, qu'il voulait travailler en collaboration avec les gouvernements fédéral et albertain et qu'il tiendrait une consultation, laquelle ne sera pas faite par le BAPE, où le ministre Breton vient de placer ses amis. Bref, à l'attitude de confrontation du ministre militant, le ministre des Affaires intergouvernementales a opposé une attitude d'ouverture, la seule qui soit pertinente dans ce dossier, de compétence fédérale.

Blocage ou développement économique

L'activisme de Daniel Breton n'a pas sa place dans un conseil des ministres. Comme ses collègues, le ministre de l'Environnement est maintenant au service de tous les Québécois, ce qui inclut les entrepreneurs et les sociétés.

Or, jusqu'à maintenant, Daniel Breton et Martine Ouellet, sa collègue des Ressources naturelles, ont multiplié les déclarations qui les font paraître comme des repoussoirs du développement économique. Leur attitude nuit aux investissements des entreprises et contribue à présenter le Québec comme inhospitalier envers les gens d'affaires.

Face au quasi-moratoire imposé sur le gaz de schiste, Talisman, Forest Oil et Canbriam Energy viennent de plier bagage. Québec se montre indifférent, affirmant miser plutôt sur le pétrole. Or, l'exploration du pétrole québécois se fera aussi par la fracturation, procédé maudit par les écologistes. Et si jamais on trouve du pétrole au Québec, il faudra 15 ans et des centaines de millions de dollars d'investissements avant de parvenir à l'exploiter.

Sentant que le courant ne passe pas, la première ministre Pauline Marois a entrepris de rassurer les milieux d'affaires. Son discours en est un d'ouverture, mais ce n'est pas l'attitude affichée par certains de ses ministres. Il faut qu'elle mette sa maison en ordre.

MON COMMENTAIRE

J'aime

Le gouvernement du Québec a nommé deux vérificateurs pour surveiller la gestion de la Ville de Laval et pour revoir des contrats attribués à des entrepreneurs. Autre bonne nouvelle, le Parti du ralliement officiel (PRO des Lavallois) de l'ex-maire Gilles Vaillancourt sera dissous, et son avoir de près d'un million de dollars sera remis à la Ville. Ces mesures devraient avoir pour effet d'assainir la gestion de la Ville et de redonner confiance aux citoyens.

Je n'aime pas

Il serait totalement irresponsable de donner le droit de grève aux étudiants, comme le suggère le ministre Pierre Duchesne. On peut bien faire dire n'importe quoi au mot «grève», mais, selon le Petit Larousse, le sens premier de ce mot est la «cessation collective et concertée du travail décidée par des salariés». Or, les étudiants ne sont pas des salariés. Donner un tel droit à des associations qui ne respectent pas les règles de base de la démocratie, comme on l'a vu dans le conflit du printemps dernier, permettrait à de petits groupes d'activistes de bloquer l'accès aux maisons d'enseignement et de priver de cours des étudiants membres par défaut de ces associations.

jean-paul.gagne@tc.tc

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