La police anti-infl ation se met à l'oeuvre

Publié le 13/06/2009 à 00:00

La police anti-infl ation se met à l'oeuvre

Publié le 13/06/2009 à 00:00

Les marchés financiers ont effectué un virage radical au cours des dernières semaines. Alors qu'en mars, le risque d'une déflation suscitait les pires craintes, voilà maintenant qu'une possible reprise de l'inflation provoque des cauchemars.

Les craintes sont nourries entre autres par la hausse des prix des matières premières, dont le pétrole et l'or, qui effleure les 1 000 $ US l'once encore une fois. La dépréciation sensible du dollar américain par rapport aux autres principales devises de même que le gigantesque déficit du gouvernement américain sont deux autres facteurs inquiétants.

Les investisseurs se demandent de plus en plus s'ils peuvent faire confiance au patron de la Réserve fédérale, Ben Bernanke. Ce dernier a pris tous les moyens pour atténuer l'effet de la crise financière sur l'économie, dont l'injection massive de liquidités.

Des craintes prématurées à l'égard de l'inflation

Toutefois, on se demande si au risque de déplaire à Washington, M. Bernanke aura le courage de retirer des liquidités du système financier lorsque l'économie se sera raplombée.

Le gouvernement américain a tout à gagner de retarder les mesures de restriction monétaire pour éviter de faire trébucher la reprise économique. Plus l'économie est solide, plus les politiciens ont de chances d'être réélus.

Mais la crainte d'une flambée de l'inflation est prématurée, selon moi. L'économie n'est pas encore remise du choc de la crise financière. Le chômage augmente encore et les entreprises sont, dans l'ensemble, loin d'être axées sur la croissance.

Ce qui signifie que les hausses de prix (y compris celles des salaires) ne sont pas encore perceptibles.

Par contre, à moyen terme, il est certain qu'on aura à affronter le démon de l'inflation. Ce n'est qu'une question de temps !

Or, c'est d'abord et avant tout le marché obligataire qui joue les chiens de garde à l'égard de l'inflation. Et ce marché prend son travail très au sérieux, si on se fie à l'évolution des rendements depuis quelques semaines.

Ainsi, le rendement des obligations gouvernementales américaines de 30 ans est passé de 2,5 % en janvier à 4,58 % le 8 juin. Il s'agit d'une hausse aussi exceptionnelle que révélatrice, surtout dans une économie qui est encore officiellement en récession.

Les bond vigilantes sont au travail

Cette explosion des rendements montre que les bond vigilantes, comme les appelle l'économiste Ed Yardeni, sont au travail.

L'expression bond vigilantes est née au début des années 1980. Après la spirale inflationniste de la fin des années 1970 ? qui a fait bondir les taux d'intérêt à des sommets vertigineux en 1981 ?, les détenteurs d'obligations ont voulu être compensés de toutes les pertes liées à l'inflation durant les années 1970.

Pendant les deux décennies suivantes, dès que la croissance économique américaine accélérait, les investisseurs obligataires vendaient massivement leurs obligations, ce qui faisait grimper les taux d'intérêt de long terme.

Le résultat pratique : l'économie ralentissait, le risque inflationniste était tué dans l'oeuf et les taux d'intérêt recommençaient à reculer.

Au début de 2000, l'inflation n'était presque plus un sujet de préoccupation. L'implosion de la bulle techno a renversé les rôles, la déflation devenant le principal risque économique.

Une promesse et un risque

Le retour en force de la police obligataire antiinflation représente à la fois une promesse et un risque.

Une promesse, car elle forcera les politiciens et les autorités monétaires à rester disciplinés. Pour le gouvernement américain, cela signifie s'attaquer au déficit dès que possible et, pour la Réserve fédérale, retirer des liquidités de la circulation.

Le gouvernement et la Fed ont également avantage à rétablir la confiance dans le dollar américain. La dépréciation du billet vert aide l'économie en stimulant les exportations. Par contre, elle crée une pression à la hausse sur les prix. Ce n'est pas grave dans une économie moribonde, mais dans un contexte de reprise, cela pourrait alimenter les craintes à l'égard de l'inflation.

Le risque, c'est que les investisseurs obligataires soient trop zélés et gourmands et fassent grimper les taux d'intérêt de façon démesurée, prématurément.

L'économie américaine, selon ce scénario, subirait une nouvelle vague baissière et entraînerait le monde entier avec elle. Sans oublier que les marchés boursiers revivraient alors une période pénible semblable à celle de l'automne dernier.

De mon blogue

www.lesaffaires.com/bernard-mooney

Trimestre difficile pour Bombardier

Pas facile de se faire une idée sur les résultats financiers de Bombardier. Les analystes sont assez divisés et le verdict du marché boursier a été négatif. Mais ce que les résultats de Bombardier nous disent clairement, c'est que les perspectives du secteur aéronautique sont sombres à court terme. Au cours du trimestre, 41 commandes d'avions d'affaires on été annulées. Bombardier a maintenant 25 avions neufs en stock ainsi que 35 avions usagés. Du côté du transport collectif, les revenus sont en hausse et les marges s'améliorent, une très bonne nouvelle. Par contre, comme le secteur aéronautique est beaucoup plus rentable et que la reprise est difficilement envisageable avant quelques années, cela rend difficile l'évaluation du titre de Bombardier.

Vos réactions

« Si vous voulez investir dans Bombardier, calculez les chances qu'Embraer lance quelque chose qui soit capable de lui couper les ailes. »

- Nicolas Marcotte

« Pourquoi se casser la tête ? Il y a actuellement des entreprises très rentables, comme Johnson & Johnson, qui s'échangent à des cours très bas. »

- Arie de Jonge

bernard.mooney@transcontinental.ca

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