La France ne ménagera aucun effort pour redevenir une économie compétitive et plus attrayante pour les investisseurs, affirme le ministre français de l'Économie et des Finances, Pierre Moscovici.
«Améliorer notre compétitivité est une priorité absolue de notre politique économique. C'est un levier essentiel pour retrouver une croissance équilibrée et durable», a indiqué le ministre à Les Affaires, quelques heures avant son arrivée au Canada.
Du 13 du 15 mars, Pierre Moscovici accompagne le premier ministre socialiste français Jean-Marc Ayrault lors d'une visite officielle au pays. Cette visite survient alors que le Canada et l'Union européenne négocient un accord de libre-échange. Elle s'inscrit aussi dans la stratégie de Paris pour courtiser les entreprises de cinq pays (Canada, États-Unis, Brésil, Chine et Inde) dans le cadre de la campagne «Dites oui à la France, dites oui à l'innovation».
Coût et flexibilité
Pour redynamiser les entreprises françaises, le gouvernement Ayrault a mis en place le Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l'emploi. Il prévoit 35 mesures, dont des crédits d'impôt qui allègent le coût du travail de 20 milliards d'euros (26,7 G$ CA) par an à terme. «C'est un effort considérable en direction de l'industrie et des services», dit M. Moscovici.
Le gouvernement renforce aussi le financement des entreprises françaises par l'intermédiaire de la Banque publique d'investissement, sans parler d'un coup de pouce à l'innovation. «La France travaille à mieux convertir sa recherche en succès commerciaux, en développant des technologies d'avenir», explique Pierre Moscovici.
Enfin, les socialistes souhaitent aussi faire adopter une loi sur la sécurisation de l'emploi. Selon le ministre Moscovici, cette loi représente «un équilibre entre la sécurité nécessaire pour les salariés et les possibilités d'adaptation indispensables aux entreprises pour maintenir l'activité et l'emploi». Autrement dit, les sociétés françaises pourront mettre à pied du personnel plus facilement, les contraintes actuelles freinant parfois l'embauche.
Environnement d'affaires
Durant son séjour au Canada, Pierre Moscovici ne manquera pas de mettre en avant les atouts de la France, dont la qualité de ses infrastructures et son savoir-faire technologique. Le défi est de taille dans un contexte où le PIB français stagne, des entreprises quittent la France et le taux de chômage augmente. Rien pour susciter l'enthousiasme des entreprises et des investisseurs québécois.
En entretien, le ministre souligne que 20 000 entreprises étrangères ont choisi de s'établir en France, dont environ 250 entreprises canadiennes, comme Bombardier et Magna International. En Europe, la France est d'ailleurs la première destination pour les investissements industriels, devant l'Allemagne.
Et Paris ne s'assoit pas sur ses lauriers. «Nous enregistrons chaque année 700 nouvelles décisions d'investissements étrangers, qui créent des emplois, insiste M. Moscovici. Nous voulons faire encore mieux et atteindre les 1 000 décisions annuelles à l'horizon de 2017.»
L'an dernier, les exportations du Québec en France ont totalisé 1,3 G$ CA, en légère baisse par rapport à 2011 (1,4 G$). Les expéditions françaises au Québec sont aussi à la baisse. Elles ont glissé de 2,6 à 2,2 G$ durant cette période.
5 G$ En 2011, le Canada avait des stocks cumulés d'investissements de 5 G$, faisant de la France la 19e destination des investissements canadiens à l'étranger. En revanche, la France était le 7e pays investisseur au Canada, avec des stocks totalisant 15,3 G$.