La commission Charbonneau a prouvé sa grande nécessité

Publié le 08/12/2012 à 00:00

La commission Charbonneau a prouvé sa grande nécessité

Publié le 08/12/2012 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

L'industrie de la construction, des élus et des fonctionnaires municipaux, des ingénieurs-conseils et la réputation du Québec écopent, mais c'est le prix à payer pour vaincre le cancer qui gruge la gestion et l'exécution des contrats de travaux publics au Québec.

De nombreux reportages avaient mis à jour l'existence de la corruption et de la collusion dans la construction et dans certaines municipalités, mais il était difficile d'imaginer que le crime organisé avait étendu ses tentacules aussi loin dans ces milieux.

C'est ce qu'a clairement démontré la commission que préside avec intelligence la juge France Charbonneau. Alors que les témoignages d'experts sur l'infiltration de la mafia italienne dans l'économie légale entendus au tout début des travaux de la commission avaient de quoi étonner, on a saisi rapidement par la suite comment cette démonstration était pertinente pour comprendre les témoignages subséquents d'acteurs québécois et les images de certaines bandes vidéo enregistrées dans un club de la mafia.

Il est maintenant irréfutable que la corruption et la collusion étaient solidement installées à Montréal, à Laval et dans certaines villes de la couronne nord. Il était aussi acquis que la mafia était au coeur de ce système criminel, qui a coûté des centaines de millions de dollars aux contribuables de ces municipalités.

Il est trop tôt pour conclure que ces malversations ne sont que la pointe de l'iceberg d'un système généralisé de corruption et de collusion existant dans l'ensemble du Québec, mais il est très probable qu'il existe de telles tumeurs dans d'autres villes et au sein du gouvernement provincial et de sociétés d'État.

De plus, s'il n'a pas encore été démontré que l'argent sale qui a circulé dans l'attribution des contrats a vraiment servi au financement de partis politiques, on peut certainement le penser, à en juger par les témoignages crédibles entendus devant la commission.

Liste de futurs témoins

Depuis la semaine dernière, plusieurs observateurs s'interrogent sur l'opportunité de la publication par la commission d'une liste de noms d'entrepreneurs, d'ingénieurs, de politiciens et de fonctionnaires municipaux ayant participé à des rencontres au club 357c. Cette divulgation a été faite juste avant l'ajournement des audiences de l'automne, le 29 novembre dernier, alors que celles-ci ne reprendront que le 21 janvier prochain.

Certes, il se peut que la réputation de certaines personnes souffre de cette divulgation, mais l'hypothèse la plus plausible est que la commission ait voulu mettre de la pression sur certains témoins et les amener à bien réfléchir sur les témoignages qu'ils seront invités à donner quand ils seront convoqués.

En effet, il ne fait aucun doute que les principaux participants à plusieurs rencontres survenues pendant les mois qui ont précédé l'octroi par la Ville de Montréal des contrats pour le projet résidentiel du Faubourg Contrecoeur et l'installation de compteurs d'eau dans les entreprises de la municipalité seront appelés à témoigner. Ils auront alors la possibilité de deux attitudes, soit se mettre à table, comme l'ont fait l'entrepreneur déchu Lino Zambito et les fonctionnaires corrompus Luc Leclerc et Gilles Surprenant de la Ville de Montréal, soit mentir ou utiliser la tactique des pertes de mémoire, au risque de se retrouver en situation de parjure si leurs mensonges sont prouvés ultérieurement. La commission a voulu les faire mijoter afin de les ramollir en préparation de leurs témoignages.

Un mal pour un bien

Le système de corruption et de collusion qu'a confirmé la commission fait mal à la réputation de Montréal et du Québec, mais cet exercice était nécessaire. Aucune société qui se respecte ne doit tolérer que son industrie de la construction soit sous la mainmise de mafiosi et de leurs complices, des entrepreneurs sans scrupules, des ingénieurs qui renient leur serment éthique, des politiciens profiteurs et des fonctionnaires véreux.

À terme, Montréal et le Québec sortiront gagnants de ce grand décrassage, alors que d'autres villes (comme Toronto ?) feignent d'ignorer l'existence de liaisons mafieuses.

Mais il faudra rester vigilants si l'on ne veut pas retomber dans ces ornières nauséabondes. Et puisque l'éthique ne s'impose pas, il faudra travailler à mieux gérer et surveiller les contrats publics, encourager la dénonciation et pénaliser davantage les fautifs.

MON COMMENTAIRE

J'aime

La démission sans doute forcée de Daniel Breton est un bon débarras pour Pauline Marois et son gouvernement. Ayant compris que les nombreuses frasques de ce loose cannon le rendaient indigne d'occuper un poste de ministre, la première ministre risquait de subir plus de dommages en le maintenant en poste qu'en le laissant aller. Son successeur, Yves-François Blanchet, est reconnu pour son tempérament bouillant, mais n'a rien d'un actviviste.

Je n'aime pas

«Notre argent va être utilisé contre nous pour subventionner l'électricité de Terre-Neuve contre l'électricité du Québec», a déclaré Martine Ouellet, ministre des Ressources naturelles du Québec. C'est faux. La garantie de prêt du gouvernement fédéral au financement du projet de Muskrat Falls à Terre-Neuve ne coûte rien. Ottawa ne prend donc pas l'argent du Québec. De plus, Mme Ouellet feint d'ignorer que le Québec reçoit 18 milliards de plus du fédéral que ce qu'il lui verse. Autre omission, si le Québec permettait à Terre-Neuve de transporter son électricité dans d'autres marchés, l'électricité terre-neuvienne n'aurait pas à franchir le golfe du Saint-Laurent.

jean-paul.gagne@tc.tc

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