L'attrayant rendement d'Astral

Publié le 25/08/2012 à 00:00, mis à jour le 23/08/2012 à 09:10

L'attrayant rendement d'Astral

Publié le 25/08/2012 à 00:00, mis à jour le 23/08/2012 à 09:10

Ce qui semblait être dans le sac ne l'est peut-être plus autant qu'on ne le croyait. Le marché n'est pas resté insensible face à la levée de boucliers contre l'acquisition d'Astral par BCE. Le titre d'Astral a reculé, s'est replacé, mais pourrait de nouveau devenir sous pression. Qu'arrivera-t-il ?

L'action du propriétaire de Canal Vie, D, Historia et cie se négocie actuellement autour de 47,85 $. C'est un escompte d'environ 4,5 % par rapport au prix offert de 50 $. Un escompte qui se transformera en rendement si la transaction est autorisée par les autorités réglementaires. Rendement somme toute intéressant si l'on tient compte qu'il se matérialiserait sur un horizon de seulement quelques mois. Et qui pourrait être potentiellement plus élevé dans quelques jours, avec le retour des craintes.

Tandis que le Bureau de la concurrence se penche déjà sur la transaction, le CRTC doit en effet amorcer ses audiences le 10 septembre.

On n'a jamais été très enthousiaste face à cette transaction, car elle a pour conséquence de donner les clés de la culture du Québec à un trop petit nombre d'acteurs.

Québecor détient déjà 35 % du marché télévisuel, et BCE verra sa part de marché grimper à 32 % avec l'acquisition. Il y a aussi Québecor qui possède les quotidiens les plus lus au Québec, de même que la plupart des magazines artistiques, et BCE qui détiendra deux chaînes radiophoniques parmi les plus écoutées (NRJ et Rouge FM).

Avec evenko, BCE est un producteur de spectacles. TVA l'est également. Et la chose s'accentuera certainement avec la construction d'un nouveau Colisée à Québec.

Si vous êtes un promoteur culturel, la probabilité est assez forte que les choses s'empirent au cours des prochaines années. Vous allez devoir vous battre contre de fameuses machines promotionnelles, qui tableront sur nombre de plateformes. Et qui n'auront pas nécessairement intérêt à ce que vous occupiez la scène avec vos idées moins mainstream et la diversité que vous apportez. Si vous êtes là, ce sera des revenus de moins pour leurs activités de production en expansion. TVA ne s'est jamais cachée pour dire que son avenir ne se trouvait pas dans la diffusion, mais dans la production. Et BCE le constatera assez vite elle aussi. Si vous êtes un producteur télé à la recherche d'une plateforme de diffusion, vous êtes donc aussi dans le même bateau que le producteur culturel.

Bref, nous n'étions pas très chauds, mais avec peu de sympathisants à nos côtés. Pour des motifs qui sont officiellement dans l'intérêt du public, mais surtout dans celui de leurs propres poches, le concurrent Québecor et les distributeurs Cogeco Câble, Rogers et Telus ont cependant dernièrement sauté dans la chaloupe et font tout un tintamarre pour que la transaction n'aille de l'avant.

Passera, ne passera pas ?

Si on avait à miser, comme investisseur, on dirait : passera.

Les risques quant au contrôle et à la diversité culturelle ne semblent pas être en haut de la grille d'analyse du CRTC. Sa politique sur l'intégration verticale prévoit qu'il approuvera assez rapidement les transactions qui permettent à une seule partie de contrôler 35 % de l'auditoire, pourvu qu'il n'y ait aucun sujet qui soit matière à préoccupation.

Cette politique a été récemment adoptée et il serait étonnant de voir l'organisme faire volte-face sur le premier cas pratique à lui être soumis. D'autant que la réflexion a duré plusieurs mois. Les opposants estiment que la part de marché canadienne est à 37,6 %, mais Bell parle plutôt de 33,5 %. La part de marché pourrait être abaissée par un engagement à vendre quelques stations.

Certains des motifs invoqués par les opposants pour démontrer qu'il y a «matière à préoccupation» semblent relativement faibles.

Le motif le plus solide de l'argumentaire des opposants se trouve dans le fait qu'une guerre de prix risque d'éclater avec l'arrivée de BCE, particulièrement sur le marché francophone. Les droits de téléséries ou d'événements pourraient s'envoler. Et quelqu'un devra payer (soit le diffuseur, soit le câblodistributeur, soit l'annonceur publicitaire, soit le consommateur, et probablement un peu tout ce monde). C'est potentiellement moins d'argent disponible pour des investissements ailleurs et mauvais pour la diversité.

On entend cependant déjà BCE plaider que les plafonds publicitaires imposés aux chaînes spécialisées la rendront prudente dans ses processus d'acquisition (il faut du rendement sur le capital investi) et que l'acquisition d'Astral a justement pour but de la mettre à l'abri d'une hausse des coûts de la vidéo.

Vous trouvez qu'il y a du flou ? Il y en a, autant dans le camp des partisans que dans celui des opposants à la fusion. C'est pour cela que le Bureau de la concurrence, qui cherche généralement du concret, affirmera au final que la situation ne nécessite pas son intervention pour le moment. Les probabilités semblent donc assez bonnes pour un petit rendement rapide. Attention cependant. Un non à la transaction entraînerait un recul important. À chacun d'évaluer.

DANS LE DÉTAIL

Sur le radar

Le titre sur cinq ans

ASTRAL MEDIA (ACM.A ; 47,80 $)

Données de marché

Symbole ACM.A

Prix actuel 47,80 $

Fourchette 52 sem. 31 $ - 49,29 $

Dividende annuel 1 $

Valeur boursière 2,6 G$

Prévisions de bénéfices par action

ANNÉE / 2012 / 2013

31 août / 3,54 $ / 3,73 $

T1 / 0,10 $ / 1,08 $

T2 / 0,63 $ / 0,73 $

T3 / 0,91 $ / 1,12 $

T4 / 0,90 $ / 0,97 $

Recommandations des analystes

Achat 0

Surperforme 1

Conserver 2

Sous-performe 1

Vendre 0

Cible des analystes

Moyenne 48,71 $

Plus élevée 50 $

Plus basse 41 $

Source: Thomson Reuters

blogue > www.lesaffaires.com/francois-pouliot

francois.pouliot@tc.tc

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