Incurie bureaucratique odieuse dans la gestion des BPC

Publié le 07/09/2013 à 00:00

Incurie bureaucratique odieuse dans la gestion des BPC

Publié le 07/09/2013 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Il a fallu que le Journal de Montréal informe le public sur l'entreposage illégal d'huiles contenant des BPC pour que le ministre de l'Environnement du Québec, Yves-François Blanchet, s'active dans la gestion de ce dossier.

On n'a manifestement rien appris de la tragédie de Lac-Mégantic, alors qu'une société ferroviaire a fait preuve de négligence, que Transports Canada s'est montré très laxiste dans sa gestion de la sécurité du transport de matières dangereuses (le pétrole conventionnel ne tombe pas dans cette catégorie, mais le pétrole issu du schiste est différent à cause des gaz qu'il contient) et que la population était privée d'information sur le contenu des wagons et les risques associés à cette activité.

À Pointe-Claire, on a aussi affaire à un mauvais citoyen corporatif, une gestion laxiste, sinon irresponsable, de la protection de l'environnement et de la santé publique et, encore une fois, un manque de transparence inouï des autorités envers la population.

Le ministre dit n'avoir appris que 1e 12 août dernier le déversement d'environ 1 000 litres d'huiles contenant des BPC sur le site des Équipements de puissance Reliance (quel beau nom pour camoufler l'activité réelle de l'entreprise !). Or, son ministère a été informé par la Ville de Pointe-Claire le 27 mars du déversement survenu la veille. Pire, puisque son ministère gère un site Internet, dans lequel sont publiées ses interventions, dont celle qui porte sur le déversement survenu à Pointe-Claire, on peut en déduire que ni le ministre ni sa garde rapprochée ne s'intéressent à ce qui y est publié. Navrant !

Même incurie à Pointe-Claire où le maire Bill McMurchie soutient que le conseil municipal a appris par les médias l'existence de l'accident environnemental qui s'est produit dans sa ville. Les employés de la Ville sont intervenus auprès de Reliance et ont informé le ministère de l'Environnement le 27 mars, mais ils l'auraient fait à l'insu des élus. Pathétique !

A-t-on oublié Saint-Basile-le-Grand ?

On allègue que les BPC ne sont pas dangereux aussi longtemps qu'ils ne brûlent pas. C'est vrai, mais ne se souvient-on pas de l'incendie, il y a 25 ans, d'un dépôt d'huiles contenant des BPC à Saint-Basile-le-Grand, où les gaz toxiques dégagés par le feu ont forcé l'évacuation de plus de 5 000 personnes ?

Le site d'entreposage de Reliance n'a aucune raison d'être, puisque cette activité y est interdite depuis 1985, après que la Ville de Pointe-Claire eut adopté un règlement à cette fin. Reliance a contesté celui-ci jusqu'à la Cour d'appel, mais elle a été déboutée en 2002. Pour sa part, Ottawa avait publié dès 1993 une liste de sites contenant des BPC et le nom de Reliance y figurait. Malgré toutes ces informations connues des autorités, on a toléré l'intolérable, au grand mépris des citoyens que l'État a pourtant le devoir de protéger.

C'est inacceptable, mais y aura-t-il quelqu'un qui paiera pour cette négligence ? Les élus pourraient être vulnérables si les électeurs se souvenaient, mais il faudrait que ces derniers gardent leur mémoire bien éveillée.

Quant aux fonctionnaires, à qui l'on ne reproche rien sauf s'ils sont pris dans des incidents de nature éthique ou criminelle, ils n'ont pas à s'inquiéter. Ils ne sont jamais tenus responsables d'une négligence ou d'une erreur s'ils ont agi de bonne foi et selon les pratiques de l'administration qui les emploie.

Les fonctionnaires fédéraux chargés de la surveillance du transport ferroviaire ont aussi toléré la gestion minimaliste de la Montreal, Maine and Atlantic Railway (MMA). Contrairement à ce laisser-aller, les autorités du Maine sont intervenues à plusieurs reprises pour demander au transporteur de réparer sa voie ferrée. De même, quand est survenu l'accident de Lac-Mégantic, des inspecteurs des services de sécurité du transport ferroviaire des États-Unis s'apprêtaient à lancer l'opération Classification pour inspecter les sites de chargement du pétrole de schiste de Bakken afin de vérifier le contenu des wagons destinés à la raffinerie d'Irving à St. John's. On pense que ce pétrole est beaucoup plus inflammable que le pétrole conventionnel et qu'il présente un risque différent. Rien de tel n'était prévu au Canada.

Le ministre admet qu'il y a d'autres sites d'entreposage de BPC au Québec, mais il ne croit pas nécessaire d'en informer davantage la population. Il défend son action en disant que, «quand c'est public, ça change la nature du risque». L'État a certes des plans d'intervention d'urgence, mais ne vaudrait-il pas mieux informer et prévenir ?

MON COMMENTAIRE

J'aime

Ne pouvant s'entendre avec la Coalition avenir Québec sur le projet de loi 14, le gouvernement péquiste envisage de le laisser mourir au feuilleton. Présenté pour plaire aux apôtres de la langue française, le projet de loi 14 est injustifié (le français n'est pas menacé), tatillon (abolition de la liberté de choix du cégep pour les francophones), nuisible à l'économie (nouvelles exigences pour les PME) et irrespectueux des droits des anglophones.

Je n'aime pas

Postes Canada a subi une perte de 104 millions de dollars à son deuxième trimestre, ce qui veut dire qu'elle pourrait perdre de 300 à 400 M$ sur 12 mois. Son régime de retraite affichait un déficit de 5,9 milliards à la fin de 2012, et elle devra y verser une contribution spéciale de 1,1 G$ en 2014, en plus de celle qu'elle verse pour le service courant. Il est clair que Postes Canada doit se réinventer si on ne veut pas qu'elle devienne un fardeau pour les contribuables. Postes Canada mène à cette fin des consultations, mais les Canadiens seront réticents à accepter de payer plus cher ce service ou de subir une réduction des services offerts. Pendant ce temps, Londres se prépare à privatiser la Royal Mail.

jean-paul.gagne@tc.tc

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