Il faut valoriser la recherche universitaire si l'on veut innover

Publié le 27/04/2013 à 00:00

Il faut valoriser la recherche universitaire si l'on veut innover

Publié le 27/04/2013 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Au dernier concours de Génome Canada sur la recherche en santé humaine, les chercheurs du Québec ont obtenu le financement de huit projets exclusifs, et ils participeront à quatre autres avec des chercheurs d'autres provinces. Cette récolte leur procurera 89 millions de dollars, en incluant le financement du gouvernement du Québec (28 M$) et d'autres partenaires (21 M$).

Ce succès remarquable s'explique par deux facteurs : l'excellence des chercheurs québécois et l'appui de Génome Québec, qui encadre les chercheurs dans leurs demandes. Non seulement Génome Québec intervient dans la formulation de ces demandes, mais il aide les chercheurs à faire valoir le potentiel de leurs projets sur le plan des applications cliniques qui devraient en découler.

Cela s'appelle la valorisation de la recherche, un mot qui ne fait pas partie de la culture de la majorité des chercheurs. Laissés à eux-mêmes, ceux-ci font de la recherche pour être publiés dans les revues savantes, une attitude qu'ils partagent avec les chercheurs des autres provinces. Et ils le font avec succès, puisque le Canada produit plus de 4 % des publications scientifiques du monde, alors qu'il ne représente que 1,8 % de la population mondiale.

Notre difficulté à tirer de la recherche universitaire des brevets, des preuves de concept, des applications techniques et cliniques et des produits explique pourquoi le Canada se classe très mal dans plusieurs études sur l'innovation, la productivité et la compétitivité. Récemment, le Conference Board du Canada a donné à notre pays la note D (la pire) pour plusieurs indicateurs liés à notre capacité d'innovation. Seize pays faisaient l'objet de cette recherche.

Nos gouvernements ont commandé bien des études sur nos lacunes sur le plan de l'innovation, mais aucune stratégie percutante n'en a résulté. La preuve en est que le Québec tire toujours de l'arrière en matière de productivité et de compétitivité par rapport à l'Ontario et que, dans son ensemble, le pays perd progressivement du terrain par rapport aux États-Unis. Et ce n'est pas parce que les gouvernements n'investissent pas suffisamment. Les crédits d'impôt à la recherche et développement (R-D) sont généreux, et la recherche fondamentale, qui est faite à l'université, est fortement financée.

Grâce à ses industries de l'aérospatiale et de la santé, le Québec est la province qui a le plus haut taux (2,4 %) de dépenses de R-D en proportion de son PIB. Nos gouvernements financent 21 % de la R-D faite au Québec, ce qui est considérable. Le gouvernement veut porter l'effort du Québec en R-D à 3 % de son PIB. Israël est à 4,3 %, la Finlande, à 3,9 %, la Corée du Sud, à 3,8 %, la Suède, à 3,4 % et l'Allemagne, à 2,8 %. Ces données proviennent du cahier du participant des Assises nationales de la recherche et de l'innovation (R&I) que vient de tenir le ministre Pierre Duchesne.

Mieux valoriser la recherche

La stratégie de R&I sur laquelle travaille le ministre cherche à tout couvrir : bien sûr, l'écosystème de la R&I lui-même, le capital humain et le financement, mais aussi les changements climatiques, le développement durable, l'identité québécoise, etc. C'est trop.

S'il veut que sa stratégie se traduise en davantage d'innovations, en une meilleure compétitivité et, surtout, en une prospérité accrue pour les Québécois, le ministre doit prioriser la valorisation de la recherche, un enjeu négligé dans le cahier du participant.

En Allemagne, la recherche universitaire est fortement intégrée dans des partenariats avec des industries. On a ainsi réalisé des percées spectaculaires dans les composites, la robotique et les nanotechnologies. On a ressuscité l'industrie textile. Chercheurs universitaires et en industrie s'échangent des postes. Des étudiants sont payés par des sociétés. Cette collaboration entre universités et industries a fait de l'Allemagne l'un des pays les plus innovateurs et les plus concurrentiels du monde, malgré des coûts de main-d'oeuvre très élevés. (Voir Why Germany Still Makes Things, ScientificAmerican.com, oct. 2012.)

Québec doit oublier les sornettes sur la prétendue commercialisation de l'éducation entendues lors du printemps érable, miser sur la valorisation de la recherche et forcer une meilleure collaboration des universités, des industries et des entreprises.

C'est la direction que doit prendre Pierre Duchesne s'il veut laisser sa marque dans ce domaine. Il ferait alors mieux que ses prédécesseurs. Quoi de mieux pour un ministre ?

MON COMMENTAIRE

J'aime

Le Parlement européen vient d'adopter une loi reconnaissant les «règles de Bâle III», qui aura trois impacts majeurs : 1) le renforcement de la capitalisation des banques des 27 pays membres de l'Union européenne ; 2) la création d'un bureau de supervision des banques de la zone euro (17 pays) ; 3) le plafonnement des primes des banquiers, qui ne pourront excéder leur rémunération fixe. Les pays devront mettre ces mesures en vigueur en 2014.

Je n'aime pas

Une cour de justice vient d'ordonner la saisie de la production de trois producteurs de sirop d'érable, parce qu'ils ne respectent pas les règles de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec (FPAQ), qui exerce un monopole sur la commercialisation de ce produit. Ainsi, tout producteur doit adhérer à la FPAQ, payer une cotisation et lui vendre son sirop, à l'exception de celui qui peut être vendu directement aux consommateurs. Ce monopole est légal, mais il va à l'encontre de la liberté de commerce que devrait avoir un entrepreneur. Mais il n'en va pas ainsi au Québec, où il n'est même pas permis de lancer un syndicat concurrent à la toute puissante UPA.

jean-paul.gagne@tc.tc

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