Est-ce la fin du cycle haussier dans les métaux ?

Publié le 08/10/2011 à 00:00

Est-ce la fin du cycle haussier dans les métaux ?

Publié le 08/10/2011 à 00:00

Par Suzanne Dansereau

L'or a perdu 16 % depuis son sommet historique du 18 septembre ; le cuivre a chuté de 25 % depuis le mois dernier, malgré un déclin de l'offre ; l'argent a reculé de 24 % en deux semaines ; et plusieurs analystes s'attendent à une baisse du prix du fer... Le cours des métaux ne résiste plus à la morosité de l'économie. Sommes-nous à la fin d'un cycle haussier de 11 ans ? Nos experts se prononcent.

NON

Grâce à l'appétit chinois et l'éveil indien, la demande pour des métaux comme le cuivre, le fer et l'or demeurera forte, et les prix resteront élevés à moyen et à long terme, croit Dany Pelletier, directeur des investissements dans ce secteur au Fonds de solidarité de FTQ.

"Les Chinois ont développé les grandes villes côtières, mais il leur reste à bâtir l'intérieur du pays", fait valoir de son côté Brian Penney, pdg d'Alderon Mining, qui se prépare à exploiter le gisement de fer Kami, dans la fosse du Labrador. Selon lui, le cycle haussier dans le fer se poursuivra au moins jusqu'en 2020.

"On dit que l'Inde est 10 ans derrière la Chine", dit André Gaumond, président de la société d'exploration québécoise Mines Virginia, qui détient huit gisements de cuivre dans le Nord-du-Québec.

Mais Dany Pelletier lance une mise en garde. "Le repli des métaux est temporaire, mais il risque de durer plus longtemps, car contrairement à ce qui s'est passé lors de la récession de 2008, les gouvernements n'investiront pas massivement pour redresser l'économie. Et le secteur privé non plus."

OUI

Chez Capital Economics, une firme d'analyse indépendante de Londres qui a des bureaux au Canada, l'économiste David Madani, spécialisé dans les matières premières, entrevoit une fin de cycle pour la plupart des métaux.

Quand on lui parle de l'appétit chinois, il répond : "Ce facteur a déjà été pris en compte par les marchés."

Qui plus est, Capital Economics observe un ralentissement important de la demande de biens de consommation en Chine.

La même lecture est faite par les analystes de la firme australienne Macquarie et de la firme londonienne Barclay's. Quant à Tim Chanos, président du fonds de couverture Kynikos Associates, à Wall Street (qui a prédit la chute d'Enron), il croit que la bulle immobilière en Chine est en train d'éclater.

Pour ce qui est du prix du fer, Bloomberg a recueilli les avis de 10 analystes qui prévoient un surplus de production et un ralentissement de la demande d'ici 2015.

MAIS...

L'activité se poursuit. La chinoise Minmetals vient d'offrir 1,3 milliard de dollars pour le producteur de cuivre Anvil Mining et la société canadienne Teck Ressources vient d'annoncer un investissement de 475 millions de dollars pour rénover son usine de traitement de cuivre à Highland Valley, en Colombie-Britannique. Au Québec, les projets annoncés depuis l'annonce du Plan Nord se poursuivent et se multiplient, ne serait-ce qu'aux étapes de la faisabilité.

Toutefois, cet été, la minière ArcelorMittal Mines Canada (qui venait d'annoncer une hausse de production de plus de 50 % à son complexe minier de Mont-Wright) a interrompu des travaux préliminaires d'expansion à son usine de bouletage de Port-Cartier. ArcelorMittal a décidé de revoir l'allocation de sa production entre le concentré de fer, qui sera expédié directement aux aciéries, et les boulettes, qui seraient transformées à l'usine de Port-Cartier et revendues, en partie, sur le marché. Le prix des boulettes est plus élevé, mais les coûts de production le sont aussi.

D'autre part, la division acier d'ArcelorMittal à Contrecoeur, en Montérégie vient de mettre à pied de 500 employés pendant une semaine à la suite d'un ralentissement de la demande de ses clients. À l'Association minière du Québec, l'économiste Benoît Longchamps note que les métaux sortant du Québec, sauf l'or, suivent les cycles économiques. "Tout dépend de l'industrialisation de la Chine et, dans une moindre mesure, de celle de l'Inde, explique-t-il. Avec ces nouveaux acteurs de l'économie mondiale, il n'y a pas de point de comparaison."

LE CAS DE L'OR

Les optimistes et les pessimistes s'entendent sur un point : l'or va remonter. Le métal précieux est dans une situation différente de celle du cuivre. Valeur refuge, le métal jaune est anticyclique, tandis que le prix du cuivre constitue un bon indicateur de tout ralentissement économique en raison de sa forte sensibilité aux principaux moteurs de l'économie. L'or a grimpé trop vite, juge André Gaumond, qui détenait le gisement d'or vendu à Goldcorp dans la baie James. Une correction n'est donc pas surprenante. Mais Capital Economics prévoit un sommet à 2 000 $ l'once en 2012.

Les titres miniers chutent plus rapidement que le S&P/TSX

Indice composé S&P/TSX

- 15,9 %

Indice Actions minières Québec

- 38,6 %

Source : Benoît Longchamps, de l'Association minière du Québec

- 38,6 %

Ce que vous auriez perdu entre le 14 juillet et le 26 septembre si vous aviez détenu une action de chaque société minière en activité au Québec. À titre de comparaison, l'indice S&P/TSX a perdu 15,9 % pendant la même période.

Source : Association minière du Québec et TSX

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