Comment l'inquiétude côtoie l'optimisme

Publié le 07/11/2009 à 00:00

Comment l'inquiétude côtoie l'optimisme

Publié le 07/11/2009 à 00:00

Après la progression boursière des derniers mois, je suis à la fois inquiet et optimiste.

Comment expliquer cette ambivalence ? Voici :

Lorsque je réfléchis à l'état du monde, je suis inquiet. Ce n'est pas parce que les indices boursiers ont beaucoup progressé depuis mars que tous nos problèmes sont réglés.

Mes principales inquiétudes sont d'ordre économique, géopolitique et financier. Je manque d'espace pour m'étendre sur toutes mes inquiétudes. Je vais me contenter de mentionner les plus importantes.

La situation économique des États-Unis m'inquiète. L'effondrement financier de l'automne 2008 s'explique en grande partie par l'utilisation abusive de la dette sous toutes ses formes. Or, pour empêcher le bateau économique de couler davantage, le gouvernement américain a injecté des milliers de milliards de dollars dans l'économie. De l'argent emprunté. On tente donc de régler le problème de l'endettement des États-Unis par... de la dette. Ironique, n'est-ce pas ?

Cela dit, je crois que les gouvernements ont pris une bonne décision en intervenant de façon musclée, même si on peut déplorer la manière dont ils l'ont fait.

Toutefois, une fois la crise passée, il faut se retrousser les manches et attaquer le problème de front.

C'est là qu'on est en droit d'être inquiet. Je ne fait pas confiance aux politiciens quand vient le temps de prendre des décisions difficiles. Et je n'ai pas plus confiance en Barack Obama que dans les présidents précédents. En fait, moins qu'en les autres, parce qu'on lui a signé un chèque en blanc lui permettant d'intervenir allégrement dans l'économie. C'est le genre d'habitude qui crée rapidement la dépendance chez les politiciens, alors qu'au moins une partie de la solution repose sur le secteur privé.

Je m'inquiète aussi des augmentations de taxes qui seront inévitables au Québec, au Canada et aux États-Unis au cours des prochaines années. Sur ce plan, les Américains ont un petit avantage, dans le sens que leurs taux d'imposition inférieurs augmentent la marge de manoeuvre du gouvernement.

Au Québec, la situation est très inquiétante. Le déficit est imposant, surtout dans le contexte où nos leaders sont incapables de réduire les dépenses.

Par ailleurs, je m'inquiète à la fois de l'inflation et de la déflation. À court terme, c'est cette dernière qui nous menace, avec les surplus de capacités de production partout dans le monde, la hausse du chômage et l'endettement colossal.

Par contre, à plus long terme - cinq ans et plus -, l'inflation sera une préoccupation majeure. Pourquoi ? Parce que historiquement, les gouvernements cherchent à résoudre leurs problèmes d'endettement par la dévaluation de leur devise et par l'inflation.

Enfin, je m'inquiète de la spéculation débridée dans le marché des devises, susceptible de créer des distorsions économiques réelles et possiblement dangereuses.

Après vous avoir décrit en quelques mots mes inquiétudes, vous vous demandez comment je peux être optimiste, à la fois quant aux perspectives boursières et quant à notre société en général.

Je précise d'abord que je suis optimiste, mais aussi réaliste. Après les hausses récentes, j'estime que le potentiel boursier est moins élevé qu'avant. Par contre, les rendements prévus à long terme demeurent intéressants.

Je suis aussi optimiste un peu par défaut. Le marché boursier ne vit pas le bonheur parfait (ce serait d'ailleurs le moment de tout vendre). Par contre, les autres catégories d'actif comme l'immobilier, les obligations et l'encaisse sont plus risquées et offrent des perspectives de rendement plus faibles.

Enfin, je suis optimiste parce que toutes les inquiétudes décrites sont déjà bien connues. Et, paradoxalement, c'est souvent dans ce contexte que la Bourse progresse bien.

Les années 1970 nous en offrent un bon exemple. À bien des égards, le niveau d'inquiétude est semblable, à la différence que la flambée inflationniste de l'époque a fait place aujourd'hui à la désinflation.

Or, malgré les graves problèmes vécus dans les années 1970 (chaque époque croit que ses problèmes sont les pires jamais connus), la Bourse a offert un bon rendement. Après le creux de 1973-74, qu'on peut comparer au creux de mars 2009, l'indice S&P 500 a progressé de 37,2 % en 1975 (avec les dividendes) et de 23,6 % en 1976, avant de reculer de 7,4 % en 1977. Le S&P 500 a ensuite rebondi de 6,4 %, de 18,2 % et de 32,3 % au cours des trois années suivantes. C'est une belle performance dans un contexte économique difficile.

La grande leçon est qu'il ne faut pas se laisser aveugler par nos inquiétudes. Il y a souvent un monde de différence entre la Bourse et l'économie...

De mon blogue

www.lesaffaires.com/bernard-mooney

De bons titres à dividende

Les stratèges de Bank of America/Merrill Lynch ont fait récemment un tri intéressant. À partir des titres du S&P 500 recommandés par leurs analystes, ils ont identifié des sociétés qui réalisent plus de 35 % de leurs revenus à l'extérieur des États-Unis (la moyenne du S&P), dont le rendement du bénéfice (l'inverse du ratio cours bénéfice) est supérieur à 6,5 % et qui ont un rendement du dividende supérieur à 2,3 % (la moyenne du S&P).

Ils ont ainsi repéré une vingtaine de titres. J'ai ajouté un autre critère qui me semble important : l'entreprise doit verser moins de la moitié de son bénéfice en dividendes. De cette façon, on améliore nos chances que le dividende continue d'augmenter. Parmi les 10 titres qui restent, quels sont vos préférés ?

Vos réactions

" Mon choix est Pfizer, parce que son plan de rationalisation va bon train. "

- Y. Bertrand

" Pour ma part, je préfère Pfizer et McDonald's. "

- S.B.

" Mon favori est McDonald's, que je détiens déjà. "

- Cervinvest

bernard.mooney@transcontinental.ca

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