C'est une erreur de mettre fin au programme des petites centrales

Publié le 16/02/2013 à 00:00

C'est une erreur de mettre fin au programme des petites centrales

Publié le 16/02/2013 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

La décision du gouvernement Marois de «mettre fin au programme des petites centrales hydroélectriques» et d'annuler six projets en région était aussi prévisible que la fermeture de la centrale de Gentilly.

Avec le moratoire sur l'exploration du gaz de schiste, c'est un autre bonbon que le Parti québécois voulait donner aux écologistes pour les calmer par rapport à la décision du gouvernement Marois de développer la filière pétrolière.

Pauline Marois a d'abord imposé à son gouvernement sa décision de considérer le projet d'Enbridge d'inverser le flux de l'oléoduc reliant North Westover, en Ontario, et Montréal afin d'amener du pétrole de l'Ouest canadien vers Montréal. Elle appuie aussi l'exploration et l'exploitation du pétrole au Québec.

Le PQ rêve en effet de faire du Québec une province productrice de pétrole pour réduire sa dépendance financière à l'égard d'Ottawa. On n'a toutefois encore aucune indication de l'existence d'un vrai gisement commercial au Québec. Il faudra dépenser des centaines de millions de dollars avant de connaître vraiment le potentiel pétrolier du sous-sol québécois, ce qui n'est à la portée ni des petites pétrolières du Québec ni des contribuables.

Le gouvernement, qui n'a aucune expertise dans ce domaine (Hydro-Québec a laissé aller celle qu'elle avait acquise quand elle a cédé ses permis), se doit d'être extrêmement prudent et de résister à la tentation de risquer l'argent des contribuables dans cette aventure.

Notre savoir est dans l'hydroélectricité

C'est sur l'hydroélectricité que le Québec doit bâtir l'essentiel de sa politique énergétique. Nous en produisons beaucoup, nous avons des réserves immenses et notre expertise est reconnue mondialement.

La décision de torpiller le programme de mise en valeur des centrales de 50 mégawatts de puissance et moins et de forcer l'abandon par les communautés locales de six projets est mal avisée. On invoque les surplus d'électricité, mais c'est un prétexte. La réalité, c'est que certains écologistes n'en veulent pas et qu'ils ont de solides alliés au sein du gouvernement. Pour eux, le grand défaut des petites centrales est surtout qu'elles sont exploitées par le privé. Faute de les éliminer, les écologistes ont milité pour leur étatisation, mais sans réussir. Leur victoire est spectaculaire. Québec a mis fin au programme. C'est une bêtise.

Il est vrai qu'Hydro-Québec Distribution (HQD) dispose d'un surplus d'énergie (2,3 térawattheures en 2012, soit seulement 1,4 % de ses ventes au Québec), mais celui-ci disparaîtrait d'un coup si une nouvelle aluminerie s'installait. Plusieurs projets miniers sont aussi en attente d'autorisation. Ils pourraient gruger ce surplus. Il en va de même pour des projets d'entrepôts de données.

La production des petites centrales est achetée au prix de 7,5 cents le kilowattheure (kWh), tandis que le prix moyen de l'électricité vendue par HQD en 2012 était de 6,1 cents le kWh. Le prix de revient de l'énergie produite par les petites centrales est inférieur à celui des autres énergies complémentaires : éolienne (prix médian de 8,2 cents), biomasse (10 à 11 cents) et solaire (42 cents pour un projet en Ontario).

Des collectivités pénalisées

Autre avantage marqué, une petite centrale peut produire de l'énergie pendant 100 ans à un coût stable, qui deviendra de plus en plus insignifiant comparativement au coût marginal des projets développés ultérieurement. De plus, les petites centrales permettent parfois de mettre en valeur des sites touristiques.

Par exemple, le projet Manouane Sipi (22 MW) à proximité de La Tuque devait rapporter 2,4 M$ par an à la Ville pendant ses 40 premières années et autant à la communauté des Atikamekws de Wemotaci. L'abandon de ce projet, pour lequel la Ville a déjà dépensé 2 M$, est un affront aux deux communautés locales. En plus d'illustrer son mépris pour celles-ci, Québec a pris une décision idéologique. Pour tenter de les apaiser, Québec leur offre une compensation. Au lieu de créer de la richesse en région, on soutirera de l'argent aux contribuables pour acheter la paix.

Québec tergiverse sur un appel d'offres de 700 MW d'énergie éolienne. Les 3 300 MW déjà autorisés ont généré 6,3 milliards de dollars d'investissements. Ce programme, qui fournit 4 000 emplois directs, ne doit pas être abandonné.

MON COMMENTAIRE

J'aime

Washington a intenté une poursuite de 5 G$ contre l'agence de notation Standard & Poor's pour avoir donné une note AAA à du papier commercial adossé à des prêts hypothécaires très risqués en 2006 et 2007, alors que le marché immobilier s'effondrait. La crise financière de 2008 et la récession de 2009 ont suivi. McGraw-Hill, qui possède S&P, a perdu en cinq jours 15,3 G$ de capitalisation boursière, et son action a reculé de 26 %.

Je n'aime pas

Puisque les garderies à 7 $ par jour sont un choix de société, l'ajout de 15 000 places n'est pas une mauvaise décision en soi. Par contre, il est mal avisé d'ajouter 85 % (12 760) de ces places dans de nouveaux centres de la petite enfance (CPE), alors qu'il y aurait 10 000 places vacantes dans des garderies privées non subventionnées. Ainsi, au lieu de faire bénéficier ces places de la contribution réduite, la décision de Québec obligera des CPE à investir dans de nouveaux locaux. Les 15 000 nouvelles places et les 13 000 places déjà annoncées devraient coûter à l'État 477 M$ de plus par année. Le coût du réseau pour l'État serait cette année de quelque 2,2 G$.

jean-paul.gagne@tc.tc

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