Après la guerre au gouvernement Charest, le procès des recteurs

Publié le 26/01/2013 à 00:00

Après la guerre au gouvernement Charest, le procès des recteurs

Publié le 26/01/2013 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Tout débat se fait sur un enjeu, des faits, des intérêts et de la rhétorique. Le débat en cours sur le financement de nos universités n'échappe pas à cette dynamique.

L'enjeu qui a lancé ce débat est le sous-financement de nos universités. C'est un état de fait sur lequel tout le monde s'entendait jusqu'à récemment : les universités, les étudiants, les syndicats, les gens d'affaires, les partis politiques, dont le Parti québécois et ses dirigeants, y compris Pauline Marois.

Lorsque le gouvernement dirigé par Jean Charest a jugé bon de demander aux étudiants de faire leur part, les associations étudiantes sont entrées en guerre, l'une d'elles allant même jusqu'à réclamer la gratuité.

Face au désir de s'en prendre au gouvernement en place et même de le renverser lors d'une élection générale, une coalition réunissant des associations étudiantes, des syndicats, des partis politiques et des citoyens s'est formée sur le modèle d'Occupy Wall Street. On a pris la rue, sorti les casseroles, bloqué des accès publics et même accrédité la violence pour dénoncer n'importe quoi : le prétendu néolibéralisme du gouvernement, la supposée marchandisation de l'éducation, le capitalisme et même la démocratie parlementaire. La démagogie et la désinformation ont été telles qu'on a presque oublié la raison véritable de ce tintamarre : l'enjeu bien réel du sous-financement de nos universités.

Les faits sont là : selon une étude réalisée pour la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec et validée par des chercheurs du CIRANO, le sous-financement des budgets de fonctionnement des universités québécoises s'élevait à 850 millions de dollars en 2009-2010, comparativement aux budgets de fonctionnement des universités des autres provinces, soit un écart par étudiant à temps complet de 4 090 $.

Guerre de chiffres inutile

Quand le gouvernement a voulu dégonfler cet argument massue des universités, sa tactique a été d'agglomérer les trois fonds de financement des universités (les dépenses de fonctionnement, les budgets de recherche et le fonds servant aux immobilisations). Il est exact que, sur cette base globale, nos universités se comparent plutôt bien avec celles des autres provinces, puisque nos chercheurs ont beaucoup de succès relativement à l'obtention de subventions destinées à la recherche.

Il est toutefois incorrect de totaliser ces trois fonds, car les sommes consacrées à la recherche sont versées au financement exclusif des projets des chercheurs et ne peuvent pas servir au fonctionnement des universités. Il en va de même pour les fonds destinés aux immobilisations. On peut certes argumenter que l'écart n'est peut-être pas de 850 M$, mais l'ampleur de cette différence suffit à démontrer qu'il existe réellement un sous-financement des budgets de fonctionnement des universités du Québec.

C'est d'ailleurs ce que reconnaît implicitement la présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec en s'en prenant à la mauvaise gestion des recteurs et des conseils d'administration des universités.

S'étant rendu compte qu'on ne peut en demander plus à l'État, qui finance 67,4 % des budgets de fonctionnement de nos universités, en regard de 50,4 % dans le reste du Canada, la porte-parole de la FEUQ utilise le réflexe des politiciens : accuser les autres du problème cerné pour éviter de contribuer soi-même à la solution. Or, les coupables du sous-financement ne sont ni les recteurs ni les conseils d'administration des universités, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'optimisation à faire dans leur gestion. Le vrai problème vient du fait que les étudiants du Québec ne paient que 19,3 % du coût de leurs études, par rapport à 35 % dans les autres provinces.

Le discours de la FEUQ est devenu si loufoque qu'il en est rendu à desservir l'objectif premier de tout étudiant universitaire avisé : recevoir la meilleure éducation qui soit afin de pouvoir se réaliser le mieux possible. En faisant valoir que l'État jetterait son argent par les fenêtres en augmentant le financement des universités, la FEUQ semble se contenter de la médiocrité au lieu de viser l'excellence et l'objectif d'avoir l'un des meilleurs systèmes universitaires du monde.

Le gouvernement Marois s'illusionne en pensant qu'une solution unanime émergera du débat actuel. Il doit prendre ses responsabilités, comme l'avait fait le gouvernement précédent, et hausser les droits de scolarité.

MON COMMENTAIRE

J'aime

Le Canada pourrait signer un accord de libre-échange avec l'Europe d'ici quelques semaines. Il reste des points de désaccord (notamment sur l'ouverture de nos marchés publics aux Européens et sur un meilleur accès des viandes canadiennes en Europe), mais Ottawa a intérêt à finaliser cet accord rapidement. Sinon, les États-Unis risquent de vouloir négocier un tel accord, auquel cas l'Europe pourrait souhaiter retarder le projet d'entente avec le Canada.

Je n'aime pas

Alors que Pétrolia se bute à un règlement municipal qui lui interdirait de forer un puits d'exploration pétrolière à Gaspé, la petite société pétrolière fait miroiter que le gaz naturel qu'elle pourrait découvrir à l'île d'Anticosti serait suffisamment abondant pour satisfaire plus que les besoins de la région de Sept-Îles. Elle affirme qu'on pourrait même envisager d'approvisionner le marché de Montréal en inversant le flot du gazoduc que Gaz Métro envisage de construire pour relier Québec à Sept-Îles. Puisque rien de significatif n'a été découvert à l'île d'Anticosti, le moins que l'on puisse dire, c'est que certains ont l'imagination très fertile. Attention à la spéculation !

jean-paul.gagne@tc.tc

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