À quand une grève des créateurs de contenu ?

Publié le 23/05/2009 à 00:00

À quand une grève des créateurs de contenu ?

Publié le 23/05/2009 à 00:00

L'industrie des médias vit des moments difficiles. Cette période tumultueuse n'épargne personne, car, d'Internet aux publications imprimées en passant par la télé et la radio, l'heure de la révision du modèle d'entreprise a sonné.

Toutes les sociétés se demandent quels modèles assureront leur prospérité. De quoi inquiéter les épargnants qui ont investi dans le secteur des médias.

Contenant contre contenu

Au milieu de l'explosion d'Internet, le grand débat consistait à savoir comment les intermédiaires, tels que les distributeurs de contenu, pourraient survivre dans le nouvel univers médiatique.

En effet, avec Internet, le créateur de contenu pouvait rejoindre directement son client. Ce qui voulait dire, entre autres, que les câblodistributeurs étaient condamnés.

Vous pensez que je rigole ? Détrompez-vous ! Plusieurs grands penseurs avaient commencé à enterrer les câblos.

Quelques années plus tard, la rentabilité des journaux s'érode et la télévision générale se dit menacée, tandis que les câblodistributeurs sont très rentables.

Dans ce sens, il est ironique de voir Pierre Karl Péladeau, président et chef de la direction de Quebecor, demander au CRTC de venir au secours de la télé générale, dont TVA, pendant que sa filiale Vidéotron fait beaucoup d'argent en fournissant le conduit pour la télé et pour Internet.

Actuellement, les bénéfices vont au distributeur et non au créateur de contenu. En effet, qui a la capacité d'augmenter ses prix : Vidéotron, ou le scénariste ou le pigiste d'un magazine ? La réalité, c'est que le pigiste et le scénariste, sauf quelques cas exceptionnels, gagnent difficilement leur vie.

Et, en tant que client, je sais que tous les six mois, Vidéotron augmente un de mes services de 1 $ ( la téléphonie, le câble ou la télé), toujours au nom de l'amélioration du réseau et du service. Et je paie sans rien dire, car je sais que ses rivales font de même.

Le virus de la gratuité

Pendant ce temps, les créateurs de contenu, comme la presse écrite et de nombreux sites Internet, cherchent un modèle rentable.

Mais cette recherche est entravée par une contrainte énorme : celle de la gratuité. Car une des conséquences indirectes de la bulle techno de 1999-2000 a été l'adoption, par les nouveaux sites Internet, de modèles fondés sur la gratuité du contenu.

En effet, si les nombreuses nouvelles sociétés Internet de l'époque n'avaient pas eu accès si facilement aux capitaux, on n'aurait pas tant misé sur la perspective de revenus tirés en grande partie des ventes publicitaires.

Les internautes ont pris l'habitude d'accéder à tellement d'information gratuitement qu'il sera bien difficile de changer la situation.

Il est vrai qu'il y a une importante migration de la publicité vers Internet, ce qui apporte des revenus conséquents. Toutefois, cette migration se fait beaucoup aux dépens des médias traditionnels, et les prix de la publicité dans les deux types de médias sont loin d'être comparables.

La crise financière pourrait provoquer la fermeture de plusieurs sites et pousser de nombreux éditeurs à revoir leur stratégie.

À la défense du contenu

De nouvelles occasions se présentent, car la technologie de micropaiement est au point. Par exemple, nul autre que le Wall Street Journal a annoncé le 10 mai qu'il commencerait à facturer la consultation des articles sur son site (le tarif n'est pas encore connu).

C'est un changement significatif, surtout que Rupert Murdoch, propriétaire du journal et président du géant News Corporation, songe à un concept d'accès payant pour tous ses sites Internet, alors que, pas plus tard que l'an dernier, il s'appuyait sur celui de la gratuité.

Un autre élément crucial consiste à cesser de dévaloriser le contenu. Ainsi, les créateurs doivent défendre agressivement la valeur de leur production, de la même façon les sociétés de haute technologie n'hésitent pas à poursuivre les concurrents qui violent leur propriété intellectuelle.

Le contenu d'un journal est un actif intellectuel comme un brevet. Dans ce sens, il a une grande valeur, et c'est une grave erreur de ne pas le défendre.

S'il faut que les créateurs de contenu de tous les genres déclenchent une grève illimitée pour affirmer leurs droits, qu'ils le fassent ! C'est peut-être la seule façon d'enrayer l'habitude destructrice qu'est la gratuité généralisée.

Après tout, si le contenu n'a pas de valeur, pourquoi passez-vous une bonne partie de votre vie à regarder la télé, à écouter la radio, à lire les journaux et les magazines et à consulter de nombreux sites Internet ?

DE MON BLOGUE

www.lesaffaires.com/bernard-mooney

Coke, une idée rafraîchissante

En lisant le rapport annuel d'un gestionnaire de fonds américain, j'ai été surpris de constater qu'une de ses principales participations était Coca-Cola. Surpris, oui et non, car je sais que le titre a beaucoup baissé et s'échange à un cours raisonnable. Il s'échange à environ 14,5 fois le bénéfice prévu cette année et les analystes prévoient une croissance de 7 % du bénéfice au cours des cinq prochaines années.

Pour des investisseurs qui ne veulent pas trop prendre de risques, qui ont un horizon de placement à très long terme et qui veulent un revenu intéressant, ce titre mérite leur attention.

Vos réactions

" Présentement, plusieurs entreprises américaines sont très intéressantes en raison de leurs dividendes : Dow, GE, Wells Fargo, etc. Elles ont toutes réduit leur versement, mais attention quand le calme reviendra ! Aux cours actuels, les rendements sur les dividendes futurs seront extrêmement intéressants. "

-J.-D. Gagnon

" Bref, Coca-Cola est une entreprise peu risquée, dont le titre s'échange à un cours raisonnable et qui un potentiel de rendement modéré à long terme. "

- Philippe C.

bernard.mooney@transcontinental.ca

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