Washington et Wall Street n'ont rien appris de la crise

Publié le 12/11/2011 à 00:00

Washington et Wall Street n'ont rien appris de la crise

Publié le 12/11/2011 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

La principale demande des indignés d'Occupy Wall Street est la restauration de la démocratie américaine, d'où le slogan «un citoyen, un dollar, un vote». On veut soustraire la vie politique et le processus démocratique de l'influence des grands groupes d'intérêts.

La démocratie, qui est à la base de l'indépendance américaine, a été remplacée par le corporatisme, qui ne cesse de s'imposer dans les grandes institutions, de la Maison-Blanche jusqu'aux agences de réglementation en passant par le Congrès, où tous les membres sont grassement financés par des groupes d'intérêts et de grandes entreprises.

Ce système a même été consacré en 2010 par la Cour suprême qui, au nom de la liberté d'expression, a supprimé tout plafond au financement des membres du Congrès. Quand l'un d'entre eux vote aujourd'hui, il ne peut pas ignorer les millions de dollars que des lobbies et des entreprises ont versés dans sa caisse électorale, lesquels assureront sa réélection. C'est totalement aberrant.

Benito Mussolini, fondateur du parti fasciste italien, avait défini le corporatisme comme «la fusion de l'État et du pouvoir corporatiste» et l'avait associé au fascisme. Les relations incestueuses de Washington et de Wall Street en sont un bon exemple.

Un bref rappel : la crise financière de 2008, dont on n'est jamais vraiment sorti, est issue du retrait de la loi Glass-Steagall de 1933, qui avait enlevé aux banques le commerce des valeurs mobilières. Sous la pression des conseillers de Bill Clinton, dont plusieurs venaient de Wall Street, cette loi a été rappelée en 1999, ce qui a permis aux banques d'intervenir dans tous les secteurs de la finance. On présumait que les banques deviendraient plus grosses, donc plus efficaces. Elles pourraient prendre plus de risques, serviraient mieux les entreprises américaines sur les différents marchés de la planète, feraient plus d'argent et enrichiraient les investisseurs. Cela a permis la création de Citigroup, un géant inefficace aux pieds d'argile, devenu too big to fail, comme Goldman Sachs, Bear Stearns, Merrill Lynch, Lehman Brothers, etc.

Cela a été un désastre. Les banques se sont lancées dans les produits financiers à haut risque et ont dû être sauvées par l'État. Bank of America a été forcée d'acheter Merrill Lynch, Bear Stearns a été vendue à JPMorgan Chase et Lehman a fait faillite, créant une onde de choc qui mena à la récession.

La crise européenne actuelle est issue de la crise financière et de la récession. Après avoir connu des difficultés semblables à celles de leurs homologues américaines, plusieurs banques européennes sont menacées par les montagnes d'obligations de plusieurs pays européens qu'elles détiennent (la banque franco-belge Dexia sera démembrée). Même l'euro est menacé. Il importe de se souvenir que l'origine de la crise européenne est l'entrée de la Grèce dans la zone euro sous de fausses représentations, ses états financiers ayant été embellis par des astuces imaginées par nul autre que... Goldman Sachs, afin de les rendre conformes aux critères du traité de Maastricht (déficit maximum de 3 % du PIB et dette maximale de 60 % du PIB).

Faillite retentissante de MF Global

L'administration Obama a tenté de raccommoder la gouvernance financière des États-Unis, mais le résultat est insignifiant. Le Congrès a voté la loi Dodd-Frank, mais celle-ci est plus décorative qu'effective ; le récente faillite de MF Global en est la preuve. Jon Corzine (ex-chef de la direction de Goldman Sachs et ex-gouverneur du New Jersey) a tenté de redéployer ce courtier en denrées sous forme de banque d'affaires. MF Global a investi massivement dans des produits dérivés d'obligations de pays européens en difficulté. Pire, MF Global a emprunté de l'argent de comptes clients pour réaliser des transactions à son propre compte. Washington avait tenté d'interdire cette pratique, mais elle avait reculé devant le lobby insistant de Jon Corzine, un démocrate. Résultat : il manque plus de 600 millions de dollars dans les comptes clients, M. Corzine a démissionné et le FBI enquête.

Rien n'a changé à Wall Street. La rémunération demeure scandaleuse et les poursuites contre les banques pleuvent. On règle hors cour, ce qui permet de camoufler les preuves d'irrégularités. Voilà pourquoi 30 % des Américains et 45 % des New-Yorkais appuient Occupy Wall Street et que ce mouvement s'est répandu dans 185 villes de 82 pays. Il y a ici un message qui ne doit pas être négligé.

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