Si vous ne prévoyez pas être en mesure de magasiner chez Target en 2071, sachez que vos arrière-petits-enfants devraient, eux, pouvoir le faire. Le détaillant américain s'est en effet engagé auprès des géants de l'immobilier RioCan et Homburg, entre autres, à demeurer dans leurs centres commerciaux pendant... six décennies. " Ils voulaient des baux de 60 ans minimum ", dit Guy Charron, vice-président exécutif et chef de l'exploitation pour le Québec de FPI Homburg Canada.
Cette durée est impressionnante, mais pas pour les grandes surfaces qui investissent beaucoup dans leurs locaux. Elles veulent " contrôler leurs sites le plus longtemps possible ", dit Guy Charron. À titre de comparaison, les boutiques signent des baux de cinq ans assortis d'une clause de renouvellement équivalente. Target prévoit dépenser en moyenne 10 millions de dollars par site pour y installer son concept, soit 70 $ du pied carré (pi2).
L'acquisition des baux de Zellers a aussi permis à Target de bénéficier de bas tarifs, négociés il y a longtemps. Dans les centres commerciaux appartenant à RioCan, le détaillant paiera un loyer moyen mensuel de 6,06 $ le pi2. D'autres grandes surfaces (plus de 80 000 pi2) qui signeraient un bail dans une nouvelle construction devraient s'attendre à payer de 8 à 12 $ le pi2, précise Jean-François Grenier, directeur sénior chez Altus. De leur côté, les petits commerces dans le secteur de la mode paient de 40 à 60 $ le pi2 dans les centres commerciaux les plus achalandés du Québec.
" Les locomotives ont toujours eu droit à des loyers avantageux, parce qu'elles attirent la clientèle dans les centres commerciaux, explique Jean-François Grenier. Elles bénéficient de taux qui n'ont rien à voir avec ceux des boutiques. Mais il faut dire qu'elles n'ont pas les mêmes ventes au pied carré. "
1,825 G$ Target a allongé 1,825 milliard de dollars pour obtenir " jusqu'à 220 baux " de Zellers.