Tant qu'à geler les frais, gelons donc tout

Publié le 31/03/2012 à 00:00

Tant qu'à geler les frais, gelons donc tout

Publié le 31/03/2012 à 00:00

La dernière grande glaciation, dite du Wisconsin, s'est terminée il y a environ 10 000 ans en Amérique du Nord. À son maximum, tout le Québec actuel était couvert de glace. Le gel était complet et permanent.

Il y a eu depuis ce qu'on appelle de «petites glaciations», épisodiques et partielles. En plein ce qui arrive ici avec les droits de scolarité. Mais ce n'est pas sérieux, ce gel sectoriel. Tant qu'à geler, gelons.

Commençons par le salaire minimum. Il se situe à 9,65 $ depuis le 1er mai 2011. Le gouvernement québécois a la fâcheuse tendance de toujours vouloir l'augmenter. En 1997, il était à 6,70 $. En 15 ans, il a donc progressé de 45 %. En passant, pendant cette période, les droits de scolarité n'ont pas bougé d'un pouce jusqu'en 2007-2008. Avec le rattrapage qui a alors été décrété, l'augmentation globale durant cette période aura été de 30 %, de 1 668 $ à 2 168 $.

Le moment est donc venu de geler le salaire minimum : plus question de bonification à partir d'aujourd'hui.

Même principe pour l'ensemble des salaires. C'est quoi, cette idée de vouloir améliorer son sort et de toujours demander davantage ? La paie d'aujourd'hui demeurera la même pour les années à venir. Finies, les augmentations. Le seul mot fait frémir. On gèle.

Les places en garderie aussi, tout comme celles dans les centres hospitaliers de soins de longue durée. Il en manque dans un cas comme dans l'autre, mais il est temps d'arrêter. L'effort global a été suffisant.

Idem pour l'indexation des régimes de retraite (pour ceux et celles qui en ont un). Regardez bien le montant inscrit sur le chèque de rentes que vous venez de recevoir : il ne bougera plus.

En contrepartie, le gouvernement ne vient plus chercher un sou dans nos poches, par quelque moyen parfois détourné que ce soit. Les finances de l'État sont ce qu'elles seront. À lui de décider ce qui sera coupé ou gelé. La caisse ne gonflera plus.

... Vous avez compris le principe, je présume ? Le balancier ne peut pas aller dans un seul sens uniquement. On ne peut pas immobiliser une jambe et faire avancer l'autre. C'est la recette du déséquilibre. C'est pourtant la stratégie à laquelle les gouvernements antérieurs se sont soumis, en espérant qu'on ne s'aperçoive pas trop de son absurdité.

Je ne sais pas si les hausses des droits telles que proposées par le gouvernement en place sont appropriées ou non. Je sais seulement qu'au tournant des années 1970, il y a une quarantaine d'années, les droits de scolarité annuels se situaient à 547 $ ; en dollars constants (compte tenu de l'inflation), ils n'étaient plus que de 300 $ l'an passé. Pour être encore plus précis, le creux a été atteint en 1989-1990 avec 137 $...

C'est vrai, la contribution des étudiants a été relevée depuis. Quel est le niveau idéal ? La discussion est ouverte. Mais le principe d'un gel absolu ne tient plus la route. Ce qui est figé perd par essence tout dynamisme. Sa valeur intrinsèque diminue. Pire, tout bouge autour. Sinon, revenons au gel intégral de toutes nos activités. Ce sera la nouvelle ère glaciaire, version Québec.

La discrétion de l'opposition

François Legault a laissé savoir qu'il était d'accord avec le principe d'une hausse des droits, sans trop insister. Pauline Marois a plutôt dit «noui», en signalant qu'elle allait d'abord annuler l'augmentation en cours pour ensuite lancer une discussion sur le rythme des éventuelles hausses. Admettons.

On les comprend d'y aller avec prudence. À une autre époque, les deux ont tour à tour été ministres de l'Éducation du Québec, et les deux ont laissé se prolonger le gel sans broncher. Mme Marois a été responsable du portefeuille de l'Éducation de janvier 1996 à décembre 1998, puis M. Legault a pris le relais jusqu'en janvier 2002. En tout, six années où l'un et l'autre ont bien pris garde de ne pas relancer le débat touchant les droits. Oh, le principe d'un dégel a bien dû être évoqué de temps à autre au Conseil des ministres, mais de là à passer aux actes...

Les uns après les autres, depuis des décennies, les gouvernements ont balayé la poussière sous le tapis. Du temps où il était lui-même ministre de l'Éducation, au milieu des années 1980, Claude Ryan avait fait le travail, mais le premier ministre Robert Bourassa avait fini par reculer. Et on s'étonne de la persistance des manifestations étudiantes ? Par le passé, il a suffi de gronder pour que l'État courbe la tête. Cette fois ?

DE MON BLOGUE

Philanthropie

Plutôt pingres et égoïstes, les Québécois

Pense-t-on, au Québec, que le gouvernement doit s'occuper de tout parce qu'on paie assez de taxes et d'impôts ? C'est la question qui se pose avec la publication des données les plus récentes sur les dons de charité et le bénévolat partout au Canada. Encore une fois, le Québec est à la traîne, selon Statistique Canada.

Vos réactions

«À lire tous ces rapports qui nous placent bons derniers dans de nombreux domaines : c'est évident que nous sommes narcissiques (on pense être les meilleurs, on louange le modèle québécois, on parle de nos vieilles bonnes valeurs par rapport au reste des Canadiens...).»

- ejean

«Il faut dire que le Québec est la province qui s'est le plus appauvrie depuis 10 ans, alors ce n'est pas tant une surprise. Baisse du revenu disponible, augmentation de la dette per capita et hausse de la pauvreté font en sorte que les dollars coupés pour palier tout ça viennent forcément amputer les "dons".»

-stremblay

rene.vezina@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

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