Sept filles, 28 gars et 3 mois... la suite

Publié le 05/05/2012 à 00:00

Sept filles, 28 gars et 3 mois... la suite

Publié le 05/05/2012 à 00:00

Par Diane Bérard

Le 27 février, Eliot Yeo, 25 ans, et Angus Woodman, 28 ans, étaient heureux. Ils avaient quitté St. John's, Terre-Neuve, le coeur plein d'espoir, pour s'installer à Montréal et participer à la seconde édition du programme d'accélération d'entreprises FounderFuel. Six semaines plus tard, Eliot et Angus ont perdu leur sourire.

Ils ont traversé la «Vallée de la mort». C'est ainsi que Jon Bradford, cofondateur de l'accélérateur d'entreprises britannique Springboard et mentor chez FounderFuel, baptise la remise en question qui frappe tous les entrepreneurs de ce programme, quelque part à mi-parcours.

«À la semaine six, nous nous sommes assis l'un face à l'autre, en silence, raconte Angus. La moitié du programme était complétée et notre projet n'avait pas avancé.» Après avoir mis leur idée d'entreprise en pièces, lui et son associé décident de repartir à zéro avec un nouveau projet. «Notre vision était trop étroite, trop technique, confie Eliot. Nous sommes venus ici en pensant simplement exécuter notre idée. Il nous a fallu redevenir entrepreneurs, recommencer à avoir des idées folles.»

«Quand les entrepreneurs arrivent ici, ils sont sur un nuage, reconnaît Jean- Sébastien Cournoyer, cofondateur de Real Ventures, la firme derrière FouderFuel et un de ses bailleurs de fonds principaux. Ces jeunes savourent encore leur victoire d'avoir été sélectionnés parmi des centaines de candidats. Très rapidement, nous les ramenons sur terre. Pas pour les rabaisser, mais pour qu'ils reviennent à la réalité.»

Le 27 février, nous avions rencontré 4 des 11 équipes du programme FounderFuel. Nous les avons revues le 19 avril, soit aux deux tiers de leur parcours. Personne n'a échappé à la «Vallée de la mort», ce passage à vide que Jon Bradford leur annonçait. Certaines équipes y sont parvenues tôt. D'autres, très tard. Les Vancouverois Dan Haugseng et Kevin Gibbon l'ont traversée à peine deux semaines après le début du programme. «Nous avions encaissé toute la rétroaction possible, il était temps d'y mettre de l'ordre, raconte Kevin. Après avoir tout évalué, nous sommes revenus à notre idée de départ.» Mais Kevin et Dan n'ont pas fait fi de tous les conseils des mentors pour autant. «Nous en avons retenu deux : se concentrer plus rapidement sur les revenus et bâtir notre produit en fonction des besoins des usagers plutôt que de nos goûts !» ajoute Dan.

Pour Jeremy Easterbrook, Frédéric Gascon et Sandra Petit, la traversée de la vallée fut longue, très longue. «Nous avons changé d'idée 10 fois !» confie Sandra. Ils ont même perdu une compagne en route. «Demander à Anne-Lyse de quitter fut la décision la plus difficile de ma vie», admet Jeremy. Depuis, le jeune homme de 23 ans s'interroge au sujet du rôle d'un leader et de la façon dont ce rôle devrait se décliner. L'équipe a aussi revu son canal de distribution. «Tout était centré sur Facebook, nos mentors nous ont incités à nous diversifier», dit Sandra.

Difficile à encaisser

Pas facile d'encaisser jour après jour une rétroaction négative, ajoute la jeune femme de 22 ans.

On sent la fatigue dans leurs yeux. Mais aussi l'espoir, à mesure que l'image de la vallée maudite s'estompe. «Maintenant, je vois des occasions d'affaires partout, déclare Frédéric. J'ai encore plus le goût d'être entrepreneur.» Sandra renchérit : «J'ai compris comment monter une entreprise, comment définir une cible et comment travailler en équipe».

Les Torontois Jack Tai et Kevin Wu, eux, ont réalisé qu'il existe d'autres façons de faire du marketing que de distribuer des dépliants. «Nous avons appris à imaginer des campagnes cool, plus subtiles et plus efficaces», souligne Kevin. Le public cible de leur produit est la communauté étudiante. Ils ont donc offert des canettes de Red Bull aux étudiants de l'Université McGill. Une initiative qui leur a valu 1 000 adeptes. Maintenant, ils doivent penser plus grand. «Nos mentors nous ont confrontés au fait que nous avons le nez collé sur le présent, qu'il faut développer une vision à long terme», dit Jack.

Des moments charnières

FounderFuel comporte trois moments charnières : le jour 2, le Mentor Day et le Demo Day. Au jour 2, chaque équipe réalise sa première présentation devant le groupe. Une occasion de se comparer aux autres. Lors du Mentor Day, les participants défilent devant une centaine de mentors qui mettent leur idée d'entreprise en pièce. Certaines équipes en profitent pour tirer le meilleur de l'expérience. D'autres réagissent mal. Elles mettront plusieurs semaines à rebâtir leur confiance.

«Les entrepreneurs qui se font frapper le plus fort le méritent, avoue Jean- Sébastien Cournoyer. Ils n'auraient pas réussi dans le vrai monde.» Reste le Demo Day, qui se tiendra le 23 mai, pour cette cohorte. Ce jour-là, les entrepreneurs affronteront les investisseurs. L'étape du «ça passe ou ça casse».

Quelles équipes recevront du financement et qui demeurera sur la touche ? Impossible à prédire. «Celui qui, au jour un du programme, croit avoir décelé les premiers de classe parmi nos équipes ne comprend rien à l'entrepreneuriat ni à ce programme», prévient John Stokes, capital-risqueur et cofondateur de Real Ventures. Plus encore : «Certains projets moins intéressants iront plus loin que d'autres, pourtant plus prometteurs, parce que les entrepreneurs des premiers auront su saisir les occasions d'affaires et les énoncer clairement aux investisseurs», prévient Jean-Sébastien Cournoyer.

Un message aux 11 équipes de FounderFuel, mais aussi à tous les entrepreneurs du Québec.

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