S'affranchir de sa dépendance financière grâce aux ressources

Publié le 18/02/2012 à 00:00

S'affranchir de sa dépendance financière grâce aux ressources

Publié le 18/02/2012 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Selon le dernier recensement, les trois provinces qui ont bénéficié de la plus forte croissance de leur population de 2006 à 2011 ont été l'Alberta, la Colombie-Britannique et la Saskatchewan avec des hausses respectives de 10,8 %, 8,3 % et 7,0 %.

Les plus faibles hausses ont été enregistrées dans les provinces de l'Atlantique (de 0,9 % à 3,2 %) et au Québec (4,7 %). L'Ontario a bénéficié d'une augmentation de 5,7 %.

Ces tendances ne sont pas étonnantes, car la population suit la prospérité. En effet, c'est dans l'Ouest que la richesse croît le plus rapidement, grâce aux ressources qu'on y exploite et qu'on exporte massivement en échange de devises étrangères.

C'est pourquoi l'Alberta est la province la plus riche et une source d'envie pour bien des Canadiens. Sa dette publique est insignifiante, et ses citoyens ne paient aucune taxe de vente. Le revenu des particuliers y est imposé à un taux fixe de 10 % pour tous. Les Albertains reçoivent de nombreux services, mais leur gouvernement n'a pas poussé la générosité jusqu'à offrir des services de garde à 7 $ par jour par enfant et un programme universel d'assurance médicaments.

Ces programmes chromés sont le lot du Québec, dont le PIB par habitant était en 2010 de 7 456 $ inférieur à celui du Canada dans son ensemble, selon le Centre de prospérité et de productivité de HEC Montréal. Les Québécois bénéficient certes d'une bonne qualité de vie, mais celle-ci est en bonne partie tributaire de la péréquation fédérale. Comme rien n'est laissé au hasard, ce sont les trois provinces le plus à l'ouest qui contribuent le plus à la péréquation et qui tirent d'abondants revenus de l'exploitation et de l'exportation de leurs ressources naturelles.

Selon son budget de 2012-2013, le gouvernement albertain récoltera des revenus (redevances, ventes de droits, etc.) de 11,2 milliards de dollars (G$) de l'exploitation d'hydrocarbures, soit 27,8 % de ses revenus totaux. Edmonton percevra aussi 4,5 G$ en impôts sur les profits des entreprises faisant affaire en Alberta, soit 11,1 % de ses revenus totaux.

Vivement le Plan Nord

Le Québec dispose lui aussi d'importantes ressources, mais certains d'entre nous font la fine bouche. Pourtant, nous sommes bien contents de profiter des milliards de dollars de recettes fiscales provenant de l'exploitation du pétrole conventionnel, des sables bitumineux et du gaz naturel (ordinaire et de schiste), même si cette activité est peu respectueuse de l'environnement.

Pour sa part, en raison de la pression exercée par certains militants écologistes, Québec n'aide pas toujours la cause des entreprises, comme en témoigne le projet de loi 14, qui propose de donner aux municipalités un veto sur l'exploration minière.

Résultats : Junex, qui a foré quelques puits d'exploration de pétrole et de gaz au Québec, a récemment investi au Texas, où le climat d'affaires est plus favorable ; Globex, de Rouyn-Noranda, révise sa stratégie d'investissement et s'intéressera davantage à des propriétés hors Québec. En ce qui concerne cette dernière, son président, Jack Stoch, a même déplacé son adresse résidentielle en Ontario, où il paiera ses impôts.

Au lieu de rendre encore plus contraignante la Loi sur les mines, Québec devrait plutôt se contenter d'obliger les sociétés à consulter les municipalités pour atténuer les irritants éventuels.

Pourtant, le Québec a grandement besoin d'une industrie minière forte. La population doit comprendre que cette activité est hautement risquée (il faut 2 000 projets pour trouver une mine), qu'elle exige des investissements massifs et qu'elle évolue dans des marchés très volatils. En cumulant les redevances (16 % des profits de chaque mine) et l'impôt des entreprises, les sociétés minières actives au Québec ont une charge fiscale de 40,9 % de leurs profits bruts, par rapport à 28,8 % en Ontario. C'est raisonnable.

Nous avons grandement besoin, pour financer nos programmes chromés, de l'exploitation des ressources situées au nord du 49e parallèle, où Québec prévoit des investissements de 80 G$ en 25 ans.

Le Plan Nord est un projet qui devrait nous emballer, au lieu de nous diviser, car il est très prometteur sous l'angle de notre prospérité. C'est un projet qu'il est possible de réaliser en respectant les peuples autochtones et l'environnement. Pourquoi ne pas le voir comme une immense corvée, au lieu d'en faire le prétexte d'une bataille idéologique ?

MON COMMENTAIRE

J'aime

La construction de la prolongation de 243 km de la route 167 (notre photo) menant à la propriété diamantifère de Stornoway, dans les monts Otish, est commencée. Malgré les protestations , la société crie Eenatuk a entrepris le déboisement selon le tracé. L'opposition vient de chasseurs cris associés à la société crie UUCHII. Cette dernière refuse de collaborer avec le Conseil de la nation crie de Mistissini, qui appuie la construction de la route.

Je n'aime pas

La dernière invention des sbires de Quebecor pour miner la réputation de Radio-Canada est de l'accuser de diffuser de la porno. Cette attaque est venue de la filiale Sun Media, qui publie des journaux et exploite une station de télé copiée sur Fox News. Il est vrai que Radio-Canada diffuse sur tou.tv une série française où il y a de la nudité, mais ce n'est rien à côté des films pour adultes que Vidéotron diffuse sur son réseau câblé. Quebecor et ses médias livrent une guerre concertée à Radio-Canada afin de convaincre Ottawa de réduire les crédits alloués au diffuseur public et de l'affaiblir. TVA, qui est propriété de Quebecor, est elle-même abondamment financée par l'État. Cependant, Radio-Canada joue un rôle qu'aucun diffuseur privé ne peut égaler.

jean-paul.gagne@tc.tc

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