Responsabilité sociale : de la théorie à la pratique

Publié le 14/01/2012 à 00:00

Responsabilité sociale : de la théorie à la pratique

Publié le 14/01/2012 à 00:00

Par Suzanne Dansereau

Le conflit entre Osisko et certains citoyens de Malartic soulève non seulement la question du bon exercice de la responsabilité sociale de l'entreprise, mais aussi de son étendue, selon trois experts consultés par Les Affaires.

Jusqu'où doit aller l'entreprise pour corriger les impacts négatifs de ses décisions et activités sur la communauté, et ainsi contribuer au développement durable, à la santé des personnes et au bien-être de la société ?

Doit-elle se contenter de dédommager une majorité de personnes ou corriger aussi les répercussions négatives sur une minorité d'entre elles ?

«Selon la nouvelle norme ISO 26 000 en responsabilité sociale des organisations, l'entreprise doit porter une attention particulière aux plus vulnérables, dit Pierre Batellier, professeur en responsabilité sociale en entreprise à HEC Montréal. Elle doit bien les identifier, les consulter et corriger les torts qu'elle leur a fait subir».

Cela s'appelle «maîtriser ses externalités négatives», renchérit Marie-France Turcotte, titulaire de la Chaire de responsabilité sociale et développement durable de l'École des sciences de la gestion de l'UQAM.

«Ce qu'Osisko n'a pas fait, visiblement», juge Jacques Fortin, professeur de comptabilité et directeur du développement durable à HEC Montréal. Chose certaine, elle a sous-estimé le nombre de personnes affectées négativement par son projet.

Les entreprises ont tendance, selon lui, à minimiser leurs effets négatifs afin de conserver le plus de richesse entre les mains de leurs actionnaires. «Mais, en vertu des principes du développement durable, on doit justement s'assurer que l'enrichissement des uns ne se fera pas au détriment des autres, poursuit-il. Si un projet menace la santé mentale ou la qualité de vie des gens, la minière a le devoir de les dédommager de façon à ce qu'ils retrouvent ce qu'ils avaient avant. Et ce sont des dédommagements qui se comptabilisent», fait valoir cet expert-comptable.

«Un dédommagement contribuerait à améliorer l'image et celle de l'industrie minière au complet», opine Pierre Batellier.

Un projet pionnier

C'est en 2006 que la minière a démarré ses activités communautaires à Malartic. Elle a mis sur pied un groupe de consultation de la communauté, alors que la loi québécoise ne l'y obligeait pas, ainsi qu'un bureau des relations communautaires. Et elle a créé un fonds de 3 millions de dollars pour soutenir des projets dans la communauté.

«Osisko a agi mieux que bien des minières au Québec», relate Mme Turcotte. Il faut dire que son projet de mine à ciel ouvert en territoire urbain exigeant une délocalisation de population et d'établissements est sans précédent au Canada. (Il est plus fréquent dans les pays sous-développés.)

Mais cela s'est gâté dans l'exécution. Le groupe de consultation et le comité de suivi d'Osisko ont fait face à des difficultés de leadership (trois présidents s'y sont succédé pour chacun des groupes) et ils n'ont pas été jugés assez indépendants pour empêcher la création du Comité de vigilance de Malartic (représentant des citoyens relocalisés) et du Regroupement des résidents du quartier sud (ceux qui habitent près de la fosse et veulent partir).

«Si la confiance est rompue, il y a un problème de responsabilité sociale», juge Mme Turcotte.

«Entre la théorie et la pratique, il y a souvent toute une différence», constate-t-elle.

À SURVEILLER

Un documentaire intitulé L'Or des autres, de Simon Plouffe, portant sur les conséquences de l'implantation de la mine d'or à ciel ouvert à Malartic. Primé au 8e Montana CINE International Film Festival, il sera projeté au cinéma Excentris à Montréal dès le 20 janvier 2012 et sera diffusé ce printemps sur la chaîne RDI.

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