Rendements : votre courtier vous donne-t-il l'heure juste ?

Publié le 17/12/2011 à 00:00

Rendements : votre courtier vous donne-t-il l'heure juste ?

Publié le 17/12/2011 à 00:00

Depuis cinq ans, vous avez investi 50 000 $ dans des actions ou un fonds commun. Vous n'avez jamais fait de retrait. Après cinq ans, il reste moins de 50 000 $ dans votre portefeuille. Se peut-il que vous ayez réalisé un rendement positif ? Le gros bon sens vous dirait que non, mais votre courtier ou votre institution financière a probablement une autre opinion.

Un ami de l'auteur de ces lignes a investi 15 000 $ depuis trois ans dans un CELI (compte d'épargne libre d'impôt). Même s'il n'a jamais retiré un cent, il ne reste que 14 600 $ dans son compte. Pourtant, son relevé affiche un rendement annualisé (annuel moyen) positif. Comment est-ce possible ?

Quand nous avons posé la question à Carl Simard, actuaire de formation et président de Medici Gestion de portefeuille stratégique, il nous a raconté un cas semblable. Un ami urgentologue qu'il sollicitait pour gérer son portefeuille lui a répondu qu'il était satisfait de son gestionnaire, car il lui avait procuré un rendement annualisé de 3 à 4 % par année depuis sept ans, comme l'affichait son relevé de placement. Compte tenu du krach de 2008, il faut convenir que ce n'est pas si mal.

Mais en consultant les relevés de son ami, M. Simard s'est rendu compte qu'il ne lui restait que 100 000 $ dans son compte, alors qu'il avait investi 125 000 $, soit 25 000 $ par année pendant cinq, sans jamais faire de retrait.

«Son rendement réel était en fait de - 2 % environ, et non de pas de + 3 à 4 % comme l'indiquait son relevé de placement. Le problème est que le rendement affiché a été calculé selon la méthode du «time weighted» plutôt que celle du «money weighted», qui reflète beaucoup mieux la valeur marchande actuelle des placements.»

«La méthode de calcul utilisée par la plupart des institutions financières [banques, maisons de fonds...] est ce qu'on appelle time weighted, confirme Dany Provost, actuaire fiscaliste chez Planium, de Québec. Cette méthode ne fait que reproduire le rendement d'un fonds, comme si vous n'aviez investi qu'un montant initial et qu'aucun dépôt ou retrait n'avait été fait par la suite. Les maisons de fonds veulent ainsi «s'assurer» que les retraits et dépôts n'influencent pas la performance qu'ils affichent.»

Un exemple

Prenons un exemple de M. Simard pour illustrer ces deux méthodes de calcul. En janvier des années 2004, 2005, 2006, 2007 et 2008, vous investissez annuellement 10 000 $, pour un total de 50 000 $. De 2004 à 2007, vous réalisez un rendement de 12 %, 10 %, 6 % et 8 %, respectivement. Puis, en 2008, c'est la catastrophe : - 25 %. Si vous faites le calcul, à la fin de 2008, il restait moins de 45 000 $ dans votre portefeuille, même si vous n'avez jamais fait de retrait. Selon le time weighted ou moyenne géométrique, cela donne un rendement moyen de + 1 % par année. Mais en réalité, vous avez perdu plus de 5 000 $ depuis cinq ans, c'est-à-dire 1 000 $ par année en moyenne, soit un rendement annuel moyen réel de - 4 %, selon la méthode du money weighted, ou taux de rendement interne.

«Prenez le cas de mon ami, explique M. Simard. S'il avait retiré 50 000 $ de son portefeuille juste avant le krach de 2008, il aurait obtenu, selon la méthode du time weighted, le même rendement qu'un autre investisseur qui n'aurait pas effectué de retrait. Par contre, selon celle du money weighted, mon ami aurait réalisé un rendement bien plus élevé que l'investisseur qui n'aurait pas retiré d'argent avant le krach. Or, les courtiers et les institutions financières qui utilisent le time weighted se justifient en disant qu'ils ne sont pas responsables des décisions que prend chaque investisseur.»

«Dans la vraie vie, ce qui vous intéresse, c'est le rendement moyen de chaque dollar investi, ajoute M. Provost. Et pour l'obtenir, il faut utiliser la méthode du taux de rendement interne (money weighted). Malheureusement, la méthode la plus reconnue dans le marché est le time weighted. Même si les banques et les sociétés de fonds communs de placement affirment que le rendement affiché est un «rendement personnalisé», rien n'est plus faux.»

«Dans la vraie vie, ce qui vous intéresse, c'est le rendement moyen de chaque dollar investi. Et pour l'obtenir, il faut utiliser la méthode du taux de rendement interne (money weighted).» - Dany Provost, actuaire et fiscaliste chez Planium

À la une

Bourse: records en clôture pour Nasdaq et S&P 500, Nvidia première capitalisation mondiale

Mis à jour le 18/06/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. Les titres de l’énergie contribuent à faire grimper le TSX.

Stellantis rappelle près de 1,2 million de véhicules aux États-Unis et au Canada

Environ 126 500 véhicules au Canada sont concernés par le rappel.

Le régulateur bancaire fédéral maintient la réserve de stabilité intérieure à 3,5%

L’endettement des ménages reste une préoccupation pour le Bureau du surintendant des institutions financières.