Quoi faire pour profiter au maximum de la crise

Publié le 06/12/2008 à 00:00

Quoi faire pour profiter au maximum de la crise

Publié le 06/12/2008 à 00:00

Lors d'une récente rencontre avec des investisseurs, une personne m'a demandé quels étaient les meilleurs gestes à faire pour profiter du marché baissier.

La première chose à faire est... de ne rien faire. Ce qui signifie ne pas vendre ses actions lorsque la panique se répand et que la crainte a tendance à prendre le dessus.

Pourquoi ne rien faire ? Parce qu'après une baisse de plus de 40 % des indices boursiers, la pire chose à faire est de vendre à perte.

Je sais que certains financiers prétendent qu'il est préférable de vendre pour avoir de l'encaisse dans le but de revenir en Bourse quand le calme sera revenu.

Génial en théorie, mais illogique en pratique, car il est beaucoup trop tard pour cela. Ces financiers présument que les indices chuteront encore beaucoup et qu'il sera facile de racheter des actions lorsqu'elles seront à leur plus bas.

Mais une fois que le calme sera revenu, les principaux indices pourraient avoir déjà rebondi de 50 %. C'est pourquoi il est plus sage de ne pas bouger.

La deuxième stratégie à adopter, pour l'investisseur dans la force de l'âge, est d'investir le plus possible et de façon régulière. Placer 1 000 $ chaque mois, par exemple, permet de répartir votre capital dans le temps, sans vous soucier de savoir si c'est le moment idéal pour investir. Personne ne connaît l'avenir. Les Bourses peuvent descendre encore d'ici quelques mois, comme elles peuvent grimper beaucoup.

La seule certitude, c'est que les cours boursiers ont rarement été aussi bas, et les évaluations des ratios cours-bénéfice, aussi attrayantes.

Si vous n'avez pas de nouveau capital à investir en Bourse, le meilleur moyen de profiter du contexte est de faire ce que j'appelle une " rotation créatrice ". Mais il est difficile d'appliquer cette stratégie avec succès.

Cette rotation consiste à vendre des titres relativement bien évalués pour en acheter d'autres beaucoup plus déprimés. Si vous vendez un titre qui s'échange à 15 fois le bénéfice pour en acheter un qui s'échange à 10 fois le bénéfice, vous faites le bon geste pour vous enrichir à long terme.

Mais cela est plus facile à dire qu'à faire.

Le premier problème, c'est que si vous détenez un titre qui se négocie encore à 15 fois le bénéfice, il est probablement plus solide que bien d'autres. En d'autres mots, il mérite peut-être ce ratio. À l'inverse, le titre sous-évalué que vous avez dans votre mire est peut-être un futur perdant.

Outre le risque de vous tromper, il ne faut pas oublier les considérations fiscales. Si vous empochez un bon gain sur la vente d'un titre sans le compenser par des pertes sur la vente d'autres titres, vous ne ferez qu'enrichir le fisc.

Emprunter pour investir

La dernière façon de profiter du contexte actuel est d'emprunter de l'argent pour investir.

Vous empruntez 100 000 $ à un taux de 5 % et vous investissez le capital en Bourse, où vous réalisez un rendement de 15 %. Vous venez de réaliser un gain de 10 %.

Encore là, il s'agit d'une belle stratégie en théorie. Stratégie que proposent plusieurs planificateurs financiers, si je me fie aux commentaires des lecteurs. L'un d'entre eux m'a demandé ce que je pensais de l'offre de son conseiller, qui lui proposait d'emprunter 500 000 $ à un taux attrayant pour profiter du marché baissier.

Sachant que ce lecteur est déjà à l'aise financièrement, je lui ai conseillé de refuser l'offre de son conseiller. " Même si, en principe, c'est une bonne idée, pourquoi vous créer une source de stress supplémentaire alors que vous êtes déjà bien nanti ? " lui ai-je demandé.

Il ne faut pas oublier que son conseiller se trouve en conflit d'intérêts. En effet, il aurait été rémunéré sur le capital total (500 000 $), et comme dans ce cas il s'agissait d'investir dans des fonds communs, ce conseiller aurait profité largement du contexte actuel.

Pour la plupart des épargnants, emprunter pour investir est une mauvaise idée. Pour certains, c'est même suicidaire.

La plupart des investisseurs sont durement secoués émotivement par les aléas des marchés boursiers. Ajoutez à ce stress la pression qu'exercent les frais d'intérêt et l'obligation de rembourser son emprunt, et vous avez la recette idéale pour un fiasco financier.

Dernier point : je sais très bien que de nombreux conseillers sortiront des arguments du genre " Mais Warren Buffett dit que c'est le moment idéal pour acheter des actions ". C'est vrai, mais il faut apporter une importante nuance : lorsque Buffett achète, c'est dans une perspective d'au moins cinq ans.

Ce qui veut dire que les indices peuvent encore chuter de 30 % au cours des prochains mois sans que cela ne le dérange.

Par contre, l'épargnant qui emprunte beaucoup d'argent pour investir en Bourse a le temps de se ruiner.

Pour emprunter et investir avec succès, il faut pouvoir rester de glace devant les fluctuations boursières et être très solide financièrement.

DE MON BLOGUE

www.lesaffaires.com/bernard-mooney

Le président de la Banque TD parle trop

Le 20 novembre, lors d'une conférence téléphonique visant à expliquer les radiations-surprises de 350 millions de dollars, Ed Clark, président et chef de la direction de la Banque TD, a mentionné que la Banque n'émettrait pas d'actions ordinaires. Or, le 24 novembre, la TD annonçait une émission d'actions ordinaires de 1,2 milliard de dollars.

M. Clark a affirmé aux médias que c'était une erreur d'émettre des actions, mais qu'il l'a fait quand même pour satisfaire le marché. Les investisseurs étant obsédés par la solidité financière, TD a choisi d'améliorer ses ratios de capitalisation. " Maintenant, on peut retourner à la gestion de l'entreprise ", a indiqué M. Clark. Un conseil à M. Clark : le silence est d'or.

Vos réactions

" Étant un petit actionnaire, je suis fâché de voir à quel point ce dirigeant se moque de nous, et je constate qu'on ne peut plus se fier à sa parole. Après tous les dégâts dans le secteur financier causés par les abus de certains dirigeants, une certaine retenue devrait être de mise. "

- Jacques David

" Faudrait l'embaucher à la Caisse de dépôt; on finirait peut-être par savoir ce qui s'y passe. "

- P. Brasseur

bernard.mooney@transcontinental.ca

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