Quand la ruelle combat le décrochage scolaire

Publié le 29/10/2011 à 00:00

Quand la ruelle combat le décrochage scolaire

Publié le 29/10/2011 à 00:00

Le quartier Centre-Sud, à Montréal, est l'un des plus pauvres et des plus défavorisés du Canada. Le taux de décrochage scolaire en témoigne : il avoisine les 50 % au secondaire et, dans un établissement, l'école Pierre-Dupuy, il atteint même 75 %.

Même si des jeunes retournent aux études après avoir constaté que l'absence de diplômes les conduit à une impasse, ce mauvais départ finit par être coûteux, à la fois pour eux-mêmes et pour l'ensemble de la société. Heureusement, une contre-offensive est en marche et les initiatives se multiplient. Dans le Centre-Sud, l'une des plus originales se situe dans... une ruelle, qui sert maintenant de catalyseur pour aider les jeunes à apprendre autrement. Et ça fonctionne.

À 500 kilomètres de là, le Saguenay-Lac-Saint-Jean récolte les fruits d'efforts acharnés pour accroître la persévérance scolaire. Le taux de diplomation après 7 ans de secondaire (environ 75 %) dépasse largement la moyenne québécoise, et ce, année après année.

Le Comité régional de prévention de l'abandon scolaire (CREPAS) est l'un des acteurs clés de cette performance remarquable. Il s'emploie notamment à mobiliser les partenaires potentiels de tous les milieux pour faire comprendre que le problème du décrochage n'est pas seulement l'affaire des écoles.

C'est exactement ce qui s'est produit dans le cas de la fameuse ruelle du Centre-Sud. Trois partenaires ont uni leurs forces pour réaménager l'annexe de l'école primaire Garneau, près du pont Jacques-Cartier, en un «village d'enfants» qui jouxte ladite ruelle : l'organisme communautaire Projet 80, la Commission scolaire de Montréal et Gaz Métropolitain, dont le siège social est situé juste un peu plus à l'est. Les élèves de cinq écoles primaires et d'une école secondaire du quartier peuvent s'y retrouver.

Au programme, toutes sortes d'activités qu'on appelait «parascolaires», à l'époque, prennent un tour particulier, parce qu'elles servent ultimement à consolider le goût d'apprendre. Par exemple, les enfants ont accès à un potager et à une cuisine dans l'annexe, ce qui leur permet de s'initier à l'agriculture, en pleine ville. «Ils doivent alors bien lire les recettes, bien doser les ingrédients, une tasse de sucre, deux tasses de farine, et prendre conscience que le résultat suit l'effort», explique Sophie Brochu, présidente et chef de la direction de Gaz Métro.

Elle était d'ailleurs aux premières loges des Rencontres interrégionales sur la persévérance et la réussite scolaires, qui se déroulaient à Québec les 19 et 20 octobre. Un événement d'envergure, qui réunissait plus de 1 000 participants de tous les coins du Québec et qui faisait suite aux observations du rapport Ménard sur la nécessité de contrer le décrochage au Québec.

Sous-qualifié rime avec sous-payé

Pourquoi la question rebondit-elle avec encore plus d'acuité qu'avant ? Parce que le cours des événements joue contre nous.

D'abord, la population active commencera à décliner dès 2013, au Québec. Depuis le temps qu'on parle de pénurie... les effets risquent d'être de plus en plus visibles. D'autre part, les économies développées requièrent des gens toujours mieux formés. Les cerveaux remplacent progressivement les bras. L'immigration peut venir en renfort, mais le Québec a encore de la difficulté à bien employer les compétences venues d'ailleurs.

Au moins, si on pouvait faire le plein des forces existantes ! Mais, sans le moindre diplôme, les candidats au travail sont souvent recalés vers des emplois de deuxième ordre. La société y perd au change. Avec des salaires moins élevés, ces personnes sont plus vulnérables aux contrecoups éventuels. Elles sont évidemment les premières à en souffrir. Les études les plus modérées évaluent à 10 000 $ le gain annuel que procure le passage réussi à un niveau d'éducation supérieur. Il y aura toujours des exceptions - Steve Jobs n'a jamais terminé son cours universitaire -, mais la loi de la moyenne ne ment pas. Sous-qualifié rime avec sous-payé.

De là l'importance des efforts déployés aussi bien au Saguenay que dans les ruelles du Centre-Sud, et partout ailleurs au Québec où le décrochage continue de sévir. À noter qu'il s'agit là d'un problème sexiste : au Québec, sur trois ados qui abandonnent, deux sont des garçons. Peut-être que les filles comprennent mieux. Peut-être que les garçons souffrent des comparaisons et se découragent. Il va quand même falloir trouver une façon de les motiver. À quand la prochaine ruelle réinventée ?

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