Premier Tech veut quintupler ses revenus dans les marchés émergents

Publié le 25/06/2011 à 00:00

Premier Tech veut quintupler ses revenus dans les marchés émergents

Publié le 25/06/2011 à 00:00

Par François Normand

Premier Tech veut multiplier par cinq ses revenus dans les marchés émergents, pour les porter à 125 millions de dollars (M$) d'ici trois à cinq ans. " Nous regardons de près les pays du BRIC [Brésil, Russie, Inde, Chine], mais aussi l'Afrique ", précise Jean Bélanger, président et chef d'exploitation de l'entreprise fondée en 1923.

Pour quintupler son chiffre d'affaires dans les marchés émergents, Premier Tech devra y accroître ses ventes de 12 % par année, ce qui est légèrement supérieur à sa croissance annuelle moyenne de 11 % depuis 1986.

Actuellement, les pays émergents fournissent à la PME 6 % de ses revenus totaux de 408,1 M $, soit 25 M $. D'ici le milieu de la décennie, ils devraient compter pour 10 à 15 %. Et pendant la même période, Premier Tech souhaite doubler son chiffre d'affaires, pour passer la barre des 800 M $.

Croissance interne

Premier Tech a trois spécialités : l'horticulture et l'agriculture, les technologies environnementales (le traitement des eaux) et les équipements industriels d'emballage. L'entreprise distribue ses produits à l'international et est implantée dans neuf pays. Son principal marché étranger est celui des États-Unis. Au cours de l'exercice 2011, terminé en février, elle a réalisé 53,4 % de son chiffre d'affaires hors du Canada, soit 218 M $.

Pour multiplier ses revenus dans les pays émergents, l'entreprise de Rivière-du-Loup s'appuiera d'abord sur la croissance interne. " Il faut déployer notre offre complète de produits pour nous faire connaître et être plus proactifs ", dit M. Bélanger.

Par exemple, en Chine, ce sont souvent les clients qui prennent contact avec Premier Tech. Désormais, les représentants démarcheront davantage de clients potentiels.

En dehors de l'Amérique du Nord, Premier Tech vend surtout ses équipements industriels et ses technologies environnementales.

Alliances stratégiques et coentreprises

Après cette première phase de commercialisation, l'entreprise misera sur la conclusion d'alliances stratégiques ou sur la création de coentreprises.

Premier Tech a déjà une coentreprise en Inde, Chronos Richardson India, avec le Groupe Malani (un consortium privé, propriété de la famille Malani, spécialisé dans les équipements industriels, la transformation du métal et le traitement des eaux). Actuellement, le groupe Malani détient 60 % de Chronos Richardson India, mais Premier Tech deviendra majoritaire sous peu.

" Nous allons déployer la gamme complète industrielle de nos produits en Inde, ce qui nécessitera le transfert de propriété intellectuelle stratégique pour nous, précise Jean Bélanger. Aussi, il est primordial que nous devenions majoritaires. "

Le contrôle majoritaire des futures coentreprises - plus de 60 % du capital - deviendra d'ailleurs sa norme, selon lui. " C'est devenu inévitable en raison de nos objectifs de croissance, qui ne peuvent être atteints que s'ils s'appuient sur notre propriété intellectuelle et nos investissements en innovation. "

Acquisitions sur le radar

Premier Tech poursuivra ses acquisitions. Au cours des 25 derniers mois, elle en a fait neuf en Amérique du Nord et en Europe.

Par exemple, en mars 2010, elle a payé 60 M $ pour la société horticole ontarienne Sure-Gro. Et en septembre 2010, elle a acheté le groupe français Purflo, avec lequel elle avait une alliance stratégique, au coût de " plusieurs millions d'euros ".

Premier Tech est très sélective dans ses acquisitions. Elle a plusieurs critères : la cible doit être rentable, apporter une nouvelle technologie au groupe, consolider un marché sectoriel ou ouvrir un marché géographique et, enfin, elle ne doit pas fragiliser la santé financière de l'entreprise.

La seule exception à cette règle a été l'achat, en 2002, de Chronos Richardson, un fabricant allemand d'équipements industriels. Premier Tech l'a payé un euro, mais elle a dû injecter " des millions d'euros " en trois ans pour relancer cette entreprise déficitaire. " Nous l'avons achetée en raison de sa position concurrentielle, de sa marque et de ses stocks de plus de 10 000 pièces d'équipements. Mais cela a été un processus très difficile. "

LES RISQUES QUI GUETTENT LA PME DE RIVIÈRE-DU-LOUP

Risque de main-d'oeuvre

Comme Premier Tech veut renforcer sa présence à l'international, son plus grand risque consiste à ne pas trouver assez de gestionnaires qui acceptent de s'expatrier pendant quelques années, selon Jean Bélanger, président et chef de la direction de l'entreprise. " Ce n'est pas facile de trouver ce genre de main-d'oeuvre au Québec. La tradition de s'expatrier est plus développée aux États-Unis et en Europe. " Si Premier Tech n'arrive pas à trouver le personnel adéquat, elle sera obligée de mettre la pédale douce sur ses ambitions internationales.

Risque de compétition

La PME se trouve face à des concurrents internationaux. Mais ce qui la préoccupe le plus, ce sont les concurrents qui pourraient émerger de l'Asie. " Nous connaissons bien le modus operandi des entreprises américaines et d'Europe de l'Ouest, dit Jean Bélanger. C'est une autre histoire pour les pays émergents. On connaît beaucoup moins leur façon de faire. Les concurrents potentiels sont donc plus difficiles à identifier et à voir venir. " Pour l'heure, aucun concurrent ne s'est manifesté, mais Premier Tech reste sur ses gardes.

Risque de change

La société présente ses résultats consolidés en dollars canadiens. Elle est donc touchée par les fluctuations du huard par rapport au dollar américain. La société réalise aussi des revenus dans d'autres devises, comme l'euro ou le yuan chinois. Pour limiter les risques de change, elle réinvestit ses profits réalisés à l'étranger dans les marchés locaux et fait des opérations de couverture. Pour l'exercice 2011, les fluctuations de devises ont eu un impact négatif à 19,3 millions de dollars sur le chiffre d'affaires.

Dans cette série, nous décodons la stratégie internationale d'une entreprise québécoise et analysons ses risques. Sur le Web, Les Affaires s'associe à L'actualité, Canadian Business, The Report on Business, The Economist Intelligence Unit et la banque HSBC pour offrir un site axé sur les exportations. À lire sur affairessansfrontieres.ca

françois.normand@transcontinental.ca

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