La salle d'attente donne le ton. Des plants de con-combres et un tableau noir sur lequel est écrit à la craie : «Notre vision est celle d'une ville remplie de fermes sur les toits.» Bienvenue au siège social des Fermes Lufa, à Ahunstic, le spécialiste de la conception de serres sur toits. Au-dessus de notre tête, un immense potager de 33 000 pieds carrés. Et ce n'est qu'un début pour cette entreprise fondée en 2009. Son président, Mohamed Hage, prépare l'ouverture d'une autre serre à Laval d'ici la fin de 2013. Et pour 2014 ? «On vise une autre serre à Montréal et une ou deux autres à Boston.», dit-il. Toujours sur des toits.

Le concept est simple : une serre en ville. Des légumes santé (sans pesticides), des récoltes quotidiennes, des paniers acheminés à des points de chute et des membres qui récupèrent les paniers commandés en ligne. Le tout, à la fine pointe de la technologie. La ventilation, le taux d'humidité de la serre et autres données sont gérés à partir... d'un iPad !

«Au départ, on riait de nous», se souvient le dirigeant de 31 ans. Aujourd'hui c'est une autre histoire. Des observateurs de partout dans le monde se bousculent pour voir le concept des Fermes Lufa, à tel point que l'entreprise organise maintenant des visites guidées (1 000 personnes aux six semaines).

Mais il y a encore du travail. Il faut convaincre les villes. À Montréal, il faut être patient. «Disons que cela ne semble pas dans les priorités actuellement», souligne M. Hage, sourire en coin. La fiscalité est un fardeau. Lufa paie 55 000 $ de taxes par an à Montréal. À Boston, zéro, car la ville a décidé de faire de l'agriculture urbaine une priorité dans un quartier dévitalisé.

M. Hage croit que son projet peut sauver des villes... «Il y a tellement d'espaces vacants à Detroit...», dit-il les yeux brillants.

Non, je ne suis pas repartie des Fermes Lufa avec des concombres, mais comme de nombreux visiteurs, j'ai quitté cette ferme urbaine 2.0 l'esprit extrêmement bien nourri.