Ponts : les citoyens paient pour la négligence des politiciens

Publié le 25/06/2011 à 00:00

Ponts : les citoyens paient pour la négligence des politiciens

Publié le 25/06/2011 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Le fait que s'occuper de l'entretien des infrastructures routières ne soit pas payant pour les politiciens n'enlève rien à leurs responsabilités en ce qui a trait aux graves conséquences subies par les citoyens et aux lourdes pertes causées à l'économie par les embouteillages monstres dans la région de Montréal.

La fermeture de la moitié du pont Mercier jusqu'à la fin de l'été, les réparations du pont Champlain (le plus achalandé du Canada) et la désuétude de l'échangeur Turcot (on débat encore du projet de reconstruction !) causent des pertes de productivité énormes à des milliers d'agents économiques :

l'industrie du camionnage (7 000 camions entreraient chaque jour sur l'île de Montréal) doit augmenter ses prix pour absorber les pertes entraînées par la congestion ;

les fabricants subissent des retards dans la livraison de leurs produits et l'arrivée de composants ;

l'industrie touristique et les commerces de Montréal sont devenus moins accessibles pour des milliers de consommateurs, de mieux en mieux servis par les centres commerciaux ainsi que par les salles de spectacle et de cinéma qui se développent en banlieue ;

certains travailleurs, qui doivent utiliser un véhicule pour gagner leur vie, perdent chaque jour des heures dans les bouchons.

Les pertes économiques attribuables à la congestion dans la région de Montréal seraient cette année de l'ordre de deux milliards de dollars, selon une estimation de la Chambre de commerce de Montréal. Naturellement, elles continueront à augmenter.

Si l'on peut critiquer les politiciens en général pour leur manque de prévoyance et leur apathie face aux travaux à réaliser pour doter la région d'infrastructures de transport efficaces, ce sont, en toute justice, les politiciens qui étaient au pouvoir il y a plusieurs années qui sont les plus à blâmer. Il n'en demeure pas moins que certains dirigeants politiques en poste aujourd'hui ont manqué de vision et de détermination face à des problématiques que l'on connaît depuis des décennies, telles que la reconstruction de l'échangeur Turcot, la désuétude du pont Mercier, le remplacement du pont Champlain et le cul-de-sac dans lequel se trouve le projet de rénovation de la rue Notre-Dame, dans l'est de Montréal.

Planifier pour l'avenir

C'est particulièrement le cas du gouvernement fédéral, qui est propriétaire des ponts Mercier, Champlain et Jacques-Cartier. Puisque l'on parle du remplacement éventuel du pont Champlain depuis plus de 10 ans, on se serait attendu à ce que le dernier budget (pré-électoral se surcroît) du gouvernement Harper annonce la construction d'un pont. On a prévu un budget de 228 millions de dollars pour réparer les ponts Champlain et Jacques-Cartier, mais aucun engagement n'a été pris quant à l'avenir du pont Champlain, dont la vie utile s'achève. Il est prioritaire de s'assurer que cette infrastructure soit sécuritaire, mais il faut en même temps planifier pour l'avenir.

L'amélioration de la circulation entre la Rive-Sud et l'île de Montréal constitue un enjeu supplémentaire, parce que trois ponts appartiennent au gouvernement fédéral. On peut être certain que le financement de l'infrastructure qui est appelée à remplacer le pont Champlain représente un défi majeur, puisque Otttawa exigera sans doute que Québec y participe. Ce sera sans doute aussi le cas des usagers, à qui on imposera, comme il se doit, un péage. Il faudra aussi s'entendre sur la configuration de cette infrastructure, qui devra accorder une place importante aux transports en commun (voies réservées, système léger sur rail) et actif (piste cyclable), et sur sa localisation, ce qui ne sera pas une mince affaire. La formule du partenariat public-privé sera à privilégier, car c'est la seule qui puisse garantir un entretien rigoureux à long terme de cette infrastructure en raison des lourdes pénalités qui sont prévues.

Les infrastructures de transport sont aussi importantes pour l'économie d'une ville que les systèmes d'éducation et de santé. Leur insuffisance et leur inefficacité peuvent étouffer l'économie d'une région. L'état des infrastructures a un impact majeur sur la qualité de vie, la qualité de l'air, la gestion optimale des ressources et la protection de l'environnement.

Négliger nos infrastructures nous rapprochera du tiers-monde, mais les moderniser renforcera de façon importante la réputation de Montréal d'être une ville où il fait bon vivre et où on peut produire efficacement.

MON COMMENTAIRE

J'aime

Quatre organisations, Rona, les Rôtisseries St-Hubert, Metro et l'Agence métropolitaine de transport, installeront à leurs frais environ 100 bornes de recharge pour les voitures hybrides rechargeables et tout-électriques. Pour leur part, des promoteurs immobiliers prévoient des prises électriques dans les stationnements intérieurs de certains projets. L'électrification du transport doit devenir une priorité pour la société québécoise.

Je n'aime pas

Après la crise que le projet de loi 204 sur la légalisation de l'entente entre la Ville de Québec et Quebecor relative à la gestion du futur amphithéâtre de Québec a entraînée au sein du Parti québécois et le malaise certain que ce projet de loi provoque au sein du caucus libéral, voilà que le commissaire au lobbyisme du Québec, François Casgrain, enquête sur des tractations qui ont eu lieu concernant le contrat de gestion du futur complexe immobilier. Six entreprises se seraient intéressées au projet, mais comme il n'y a pas eu d'appel d'offres public, les contribuables ignorent si Quebecor a vraiment été mise en concurrence, comme l'exigent les règles de bonne gouvernance dans l'attribution des contrats dans le secteur public.

jean-paul.gagne@transcontinental.ca

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