Plus d'éthique pour guérir le cynisme

Publié le 18/12/2010 à 00:00

Plus d'éthique pour guérir le cynisme

Publié le 18/12/2010 à 00:00

Que désirer de mieux que mettre derrière nous l'annus horribilis que fut 2010 ?

Après des années d'incubation, les scandales ont éclaté au grand jour dans l'industrie de la construction, n'épargnant à peu près aucun domaine s'y rapportant, de la FTQ Construction à la mafia en passant par les entrepreneurs.

Il n'en fallait pas plus pour que plusieurs observateurs avertis et de nombreux organismes réclament une enquête publique sur l'industrie de la construction. Québec a préféré miser sur des enquêtes policières, évitant d'éclabousser le Parti libéral du Québec (PLQ), l'industrie du génie-conseil et le Québec inc.

Jean Charest a bien vu l'impact qu'a eu l'enquête Gomery dans le scandale des commandites sur le Parti libéral fédéral pour tomber dans le même piège que l'ex-premier ministre Paul Martin. Son refus d'ordonner une enquête lui a causé un tort énorme sur le plan politique, mais il pourrait rebondir si les enquêtes policières s'avèrent fructueuses.

Telle une boîte de Pandore, une commission d'enquête publique sur l'industrie de la construction aurait favorisé la diffusion d'informations et d'insinuations juste avant les prochaines élections, ce qui aurait nui aux chances de réélection du PLQ. Une telle commission aurait pu démonter le système de corruption en place dans cette industrie et exposer ses liens avec des élus et le financement des partis politiques. On a vu en effet comment la Commission Bastarache, qui devait enquêter sur la seule nomination des juges, a débordé sur le financement du PLQ.

Oui, à une superescouade

À moins d'un revirement inattendu, il n'y aura pas d'enquête publique sur l'industrie de la construction. Québec pourrait cependant se doter d'une superescouade en matière de corruption et de collusion dans la gestion des appels d'offres et de l'exécution des contrats du gouvernement et des municipalités, comme l'ont évoqué M. Charest et son ministre de Sécurité publique, Robert Dutil.

Si elle a les ressources nécessaires pour bien faire son travail, une telle escouade pourrait s'attaquer à la gangrène qui gruge l'intégrité, l'imputabilité et la crédibilité de nos institutions publiques. Elle pourrait peut-être même faire le travail d'une commission d'enquête sans les dommages collatéraux qu'une telle commission cause inévitablement sur la réputation de certains innocents.

Par ailleurs, il est regrettable que les conflits d'intérêts, les scandales et les enquêtes qui ont fait l'actualité depuis plus d'un an aient fait oublier plusieurs initiatives prises par Québec pour améliorer l'éthique et assainir les pratiques dans la gestion des appels publics et des contrats, ainsi que dans le financement des activités politiques. En voici un échantillon :

> projet de loi sur l'éthique et la déontologie en matière municipale. (Les municipalités devront se doter d'un code à cet effet pour leurs élus et leurs salariés) ;

> projet de loi sur le code d'éthique et de déontologie des membres de l'Assemblée nationale et de leur personnel politique. Le commissaire à l'éthique, qui vient d'être nommé, donnera des avis, pourra enquêter et pourra recommander des sanctions ;

> projet de loi anti-prête-noms en matière de contributions électorales ;

> projet de loi concernant le financement des partis politiques, faisant passer de 3 000 à 1 000 $ la contribution maximale d'un particulier ;

> projet de loi modifiant diverses dispositions concerrant principalement le processus d'attribution des contrats des organismes publics ;

> projet de loi prévoyant certaines mesures afin de lutter contre la criminalité dans l'industrie de la construction ;

> politique-cadre sur la gouvernance des grands projets d'infrastructure publique.

Ces lois et ces politiques contribueront sûrement à assainir les pratiques dans la gestion des appels d'offres et des contrats. Toutefois, il reste des zones grises à éliminer. Par exemple, il n'y a pas de mur de Chine entre la gestion d'un projet, qui devrait être faite par une firme indépendante, et les autres participants à son exécution. On éviterait ainsi bien des conflits d'intérêts et des dépassements de coûts.

Malheureusement, les lois et les règlements ne suffiront pas à éliminer la corruption. D'où l'importance des valeurs éthiques comme l'intégrité et l'honnêteté.

Puissions-nous souhaiter qu'en cette fin d'annus horribilis, la modération et la raison l'emportent sur la cupidité et l'arrogance dans les valeurs des politiciens, des fonctionnaires et des dirigeants oeuvrant dans les différentes sphères de l'industrie de la construction.

J'AIME

Le ministre Jim Flaherty envisage d'intervenir à nouveau pour limiter la croissance de l'endettement des Canadiens. Après avoir freiné l'autorisation de prêts hypothécaires à risque élevé l'an dernier, Ottawa pourrait à nouveau raccourcir la période d'amortissement maximale et accroître le comptant minimal requis lors de l'achat d'une propriété. Reste à voir si Ottawa s'attaquera aussi aux taux excessifs exigés sur le crédit à la consommation.

JE N'AIME PAS

Après Merck Frosst, qui a fermé son centre de recherche de Kirkland, Pfizer remet en question l'ampleur de ses activités de recherche pharmaceutique à Montréal. Selon son président, Paul Lévesque, Pfizer Canada n'a plus à respecter son engagement à cet égard, puisque les gouvernements provinciaux inscrivent de moins en moins de nouveaux médicaments brevetés sur leur liste des produits remboursés aux patients par les régimes publics.

jean-paul.gagne@transcontinental.ca

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