Plan Nord, que de crimes on t'accuse maintenant

Publié le 03/12/2011 à 00:00

Plan Nord, que de crimes on t'accuse maintenant

Publié le 03/12/2011 à 00:00

Il ne manque plus que la lèpre et les invasions de sauterelles.

Le Plan Nord, ce vaste amalgame de projets disparates qui tient plus ou moins du plan concerté, suscite depuis quelques semaines toute une série de commentaires plus critiques les uns que les autres, certains sérieux, d'autres carrément étranges.

À titre d'exemple, voici ce que le quotidien Le Soleil titrait à la Une le dimanche 27 novembre : «L'envers du Plan Nord : un obstacle à la relance de la forêt». Au départ, le lien de cause à effet n'était pas évident ; mais à l'intérieur du journal, un article citait des acteurs de l'économie gaspésienne qui disaient craindre un exode de travailleurs attirés par les offres d'emploi dans le Nord-du-Québec.

Et pourquoi partiraient-ils, ces travailleurs ? Tout bonnement parce que des centaines d'entre eux se sont retrouvés en chômage. L'industrie du sciage est fortement affectée par la mollesse du principal marché d'exportation, les États-Unis, et les usines ferment. Un bon jour - difficile de dire quand -, la demande reprendra, mais est-ce que les ouvriers, eux, seront encore disponibles ? Damné Plan Nord, qui nous vole nos gars !

Résumons. Voici des centaines de travailleurs, souvent soutiens de famille, qui dépendent maintenant des allocations d'assurance-emploi, quand ils ne sont pas déjà réduits à vivre d'aide sociale. Miracle : plusieurs ont soudainement la possibilité de bénéficier d'un excellent revenu en répondant aux offres des minières. Comme c'est souvent le cas, ils vont ensuite faire suivre l'essentiel de leur paie à leurs familles en Gaspésie. Et ce serait une malédiction ? Tant qu'à faire, demandons-leur de prendre la soutane et de prononcer des v&#339ux de pauvreté !

Tout dépend du point de vue auquel on se place. Régionalement parlant, cette concurrence venue du Nord risque effectivement de faire mal le jour où... et là s'arrête la logique de l'argumentation. On leur dit quoi, aux travailleurs ? Restez sagement chez vous et attendez qu'on vous fasse signe, même si la misère vous guette dans l'intervalle ?

Remarquez, ceux qui tiennent ce langage ne sont pas en chômage, eux. Ils font de grandes projections tout en oubliant que les gens doivent vivre au jour le jour. Ce manque de sensibilité est désolant. Et qu'on ne vienne surtout pas me dire que je suis insensible au sort de la Gaspésie.

Je me trouvais précisément en conférence à Sainte-Anne-des-Monts, en mai dernier, lorsque ArcelorMittal a annoncé son intention d'investir des milliards de dollars à Fermont et à Port-Cartier, ce qui allait se traduire par l'embauche de milliers de travailleurs additionnels. Avec l'auditoire, nous avions alors évoqué ce scénario probable du départ de centaines de personnes qualifiées de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent, siphonnés par le Nord. Et j'en avais profité pour rappeler que ce n'était pas une première : dans les années 1970, nombre de travailleurs gaspésiens avaient pris le chemin des chantiers de la baie James. On disait même que la Caisse populaire de Sainte-Anne-des-Monts était l'une des plus prospères du Québec, parce que les ouvriers faisaient transférer leurs chèques de paie chez eux ! Je travaillais alors à Matane, et j'avais pu constater à quel point cette option avait permis à bien des familles de traverser des périodes difficiles.

L'histoire est maintenant en train de se répéter. Elle est universelle. Par exemple, des milliers de Terre-Neuviens travaillent dans les sables bitumineux du nord de l'Alberta tout en retournant périodiquement dans leur patelin, tellement qu'on a baptisé Newfie Express l'avion qui fait la navette entre Fort McMurray et St. John's... Mais maintenant que l'économie de la province se porte mieux, ils sont plusieurs à revenir pour de bon à la maison.

C'est simple : si on veut que les Gaspésiens et les citoyens d'autres régions restent chez eux malgré le chant des sirènes, il faudra leur permettre d'y gagner décemment leur vie. Pour y parvenir, on devra accepter de jouer la carte des ressources à mettre en valeur. En Gaspésie, on a déjà ajouté l'énergie éolienne. Suivra peut-être le pétrole. De nouveaux gisements miniers semblent prometteurs. On finira un jour par apprendre à cultiver la mer. Eh oui, l'industrie forestière va elle aussi finir par se redresser.

Nous avons actuellement cette chance unique d'avoir à gérer l'abondance, alors que d'autres économies nationales sont en train de s'effondrer. Misère pour misère, je préfère encore la misère des riches. Pas vous ?

DE MON BLOGUE

Indignés

L'échec des «indignés» : encore la faute des médias ?

Quand vous avez besoin de coupables pour expliquer l'échec de votre stratégie, rien ne vaut les médias. Et c'est le chemin que vient de prendre l'instigateur du mouvement, Kalle Lasn, du magazine canadien Adbusters, qui reproche aux journalistes d'avoir mal dépeint les manifestants et leurs objectifs.

Vos réactions

«Un peu d'humilité serait souhaitable, et un peu moins d'ego aussi. Certains s'écoutent parler et oublient le fond du message.»

- c

«Lorsque j'en discutais avec des amis, il me semblait, à moi aussi, que l'absence de leaders articulés et d'objectifs ciblés finirait par avoir raison de ce mouvement. Ça ne veut pas dire, évidemment, que tout cela ne peut pas changer [...] À mon avis, il y a suffisamment de bon dans notre système pour ne pas le rejeter en bloc.»

- m1ax

«Le mouvement des indignés s'est rapidement transformé en un mouvement anticapitaliste marginal auquel se greffaient de plus en plus d'individus, eux aussi pour le moins marginaux.»

- pbrasseur

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

rene.vezina@transcontinental.ca

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