Pendant qu'on joue de la casserole, une nouvelle crise se prépare

Publié le 09/06/2012 à 00:00

Pendant qu'on joue de la casserole, une nouvelle crise se prépare

Publié le 09/06/2012 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Tandis qu'une partie de nos concitoyens se défoulent sur leurs casseroles, ils semblent ne pas se soucier d'une autre crise économique qui pourrait bien venir nous hanter.

Si elle se produit, les conséquences pourraient être dramatiques, car nos gouvernements sont sortis très endettés de la crise de 2008 et 2009 et ils n'ont plus de marge fiscale pour nous éviter une récession.

En effet, alors que le fédéral, le Québec et l'Ontario peinent à rembourser leurs déficits, la dette totale de nos gouvernements supérieurs totalise environ 85 % du PIB du pays, ce qui est semblable à celle de l'ensemble des 17 pays de la zone euro. Et quand on ajoute à la dette québécoise sa part de la dette fédérale, on obtient un taux d'endettement d'environ 95 % pour les contribuables du Québec. Si Québec était un État indépendant, ses obligations subiraient la même pression que celles des pays européens les plus endettés. C'est parce qu'il est membre de la fédération canadienne et qu'il reçoit de généreux transferts d'Ottawa que le Québec peut pratiquer un laxisme fiscal inégalé au Canada.

Cette réalité est sans doute bien loin de la pensée des étudiants et des utopistes qui rêvent de révolution. Ils feignent aussi d'ignorer que nous vivons bien au-dessus de nos moyens, comme en font foi non seulement la situation fiscale de nos gouvernements, mais aussi la générosité de nos programmes sociaux (garderies à 7 $ par jour, assurance parentale, droits de scolarité modiques), qui sont en partie financés par la péréquation, alimentée par les contribuables des provinces riches, qui n'offrent pas les mêmes programmes.

N'est-ce pas responsable, dans un tel contexte, de demander à chacun de payer sa juste part, y compris les étudiants universitaires ? Après la hausse raisonnable des droits projetée, ils ne paieront à terme que la moitié des droits moyens payés par les autres étudiants canadiens. Refuser cette mise à niveau, c'est vouloir reporter sur les autres le coût de ses études universitaires, au moment où la situation fiscale du Québec est très précaire et que des nuages se profilent à l'horizon.

L'horizon économique s'assombrit

Alors que l'on s'attendait à une embellie de l'économie américaine, voilà qu'apparaissent plusieurs signaux d'un ralentissement. Le rythme de croissance du PIB a diminué, et l'indice ISM manufacturier a baissé. La confiance des consommateurs a chuté, et les entreprises hésitent à investir. La création d'emplois a fortement ralenti.

En Chine et en Inde, le taux de croissance du PIB est aussi en baisse, ce qui explique une chute des prix des métaux de base, qui ont baissé de 8 % à 31 % depuis un an. Cela signifie une baisse de revenus pour les pays qui en produisent et en exportent, dont le Canada.

De plus, l'inquiétude des investisseurs augmente, comme le démontre la chute des marchés obligataires et boursiers depuis quelques mois.

L'Europe à la croisée des chemins

La grande menace vient de l'Europe, où la crise financière ne cesse de prendre de l'ampleur. L'euro est en chute libre, ayant atteint récemment 1,23 $ US (il était à 1,60 $ US à l'automne 2009). Les marchés exigent environ 7 % pour des obligations de 10 ans de certains pays, alors que les titres américains et allemands de même terme s'échangent sous les 1,5 % .

Même si le scénario semblait surréaliste il y a quelques mois, on évoque maintenant la possibilité que la Grèce, dont la situation pourrait devenir dramatique après les élections du 17 juin, sorte de la zone euro. En Grèce et en Espagne, les banques sont victimes de sorties de fonds. Une accélération de ce mouvement pourrait avoir de graves conséquences. Plusieurs banques (de Grèce, d'Irlande, d'Espagne et du Portugal) devraient être recapitalisées, mais Berlin s'y oppose si leurs pays n'adhèrent pas à de nouvelles mesures d'austérité.

Il faudra pourtant y arriver, car un effondrement de l'économie de l'Europe irait jusqu'à nuire à l'économie allemande, la seule pour l'instant à profiter de la situation grâce à sa forte productivité et à ses exportations. À terme, l'Allemagne en subirait aussi les conséquences à cause de la chute du pouvoir d'achat de ses partenaires. Les contrecoups se feraient sentir durement partout, la plupart des pays n'ayant plus les mêmes munitions que lors de la crise précédente. Le Canada ne serait pas épargné, ses gouvernements subissant une forte détérioration de leurs finances publiques à un moment on ne peut plus inopportun.

MON COMMENTAIRE

J'aime

En deux mois, deux sociétés canadiennes ont annoncé le déménagement de leur siège social dans la région de Montréal. Valeant Pharmaceuticals International y investira 38 M$ et y développera sa capacité de recherche. Environ 50 personnes s'ajouteront aux 320 qu'elle emploie déjà au Québec. Pour sa part, Stornoway Diamonds (notre photo), qui développe une mine de diamants dans le nord du Québec, triplera à environ 45-50 son nombre d'employés à Longueuil.

Je n'aime pas

Jack Lang, un ancien ministre socialiste français, a qualifié d'«injuste et presque violente» la hausse projetée des droits de scolarité au Québec. Il aurait dû se garder une petite gêne. Il est vrai que les universités publiques françaises n'exigent pas de droits de scolarité, mais elles sont loin d'être exemplaires. On sait que les enfants des élites françaises fréquentent des universités privées qui exigent des droits beaucoup plus élevés que ceux prévus au Québec. De plus, en qualifiant de «répressive» la loi 78, M. Lang a feint d'oublier qu'il faut donner un avis de trois jours à Paris avant de tenir un événement public sur la voie publique, au lieu de seulement huit heures au Québec.

jean-paul.gagne@tc.tc

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