Patienter, temporiser et suspendre certains cours

Publié le 19/05/2012 à 00:00

Patienter, temporiser et suspendre certains cours

Publié le 19/05/2012 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

La démission de la ministre Line Beauchamp montre à quel point le gouvernement Charest paraît démuni face au boycottage des cours par 20 % des étudiants des universités et par les étudiants de 14 des 48 cégeps du Québec.

Puisqu'un grand nombre d'étudiants victimes de cette situation veulent reprendre leurs cours, force est de constater que c'est une faible minorité qui empêche la reprise des cours, souvent après avoir obtenu des mandats de boycottage de façon très discutable.

Line Beauchamp s'est sacrifiée après avoir constaté la mauvaise foi des leaders étudiants, qui n'ont rien concédé. Le gouvernement a fait plusieurs offres (report de la hausse des droits sur sept ans, amélioration sensible du programme des prêts et bourses, création d'un Conseil des universités, etc.), mais les leaders étudiants ont maintenu la ligne dure sur le gel des droits de scolarité et, dans le cas de la CLASSE, sur la gratuité. Ils ont rencontré la ministre Beauchamp, mais c'était pour exiger, non pour négocier.

Certains étudiants voient sans doute cette démission comme une victoire, car ils auront ainsi affaibli celui qu'ils perçoivent comme un ennemi, et non le gouvernement démocratiquement élu et responsable des intérêts de l'ensemble de la population. Mais qu'ils se ravisent. Ils ont maintenant devant eux la ministre Michelle Courchesne qui, en toute logique, ne peut renoncer à l'objectif du gouvernement, qui est de hausser les droits de scolarité des universités à environ la moitié de ce qu'ils sont dans les autres provinces.

Cette proposition est raisonnable et justifiée par le fait que nos universités sont sous-financées de 600 millions de dollars (en comparaison des autres universités canadiennes), que le gouvernement du Québec offre de loin les meilleurs programmes sociaux du pays, qu'il est celui qui contribue financièrement le plus pour ses universités, que le Québec est la province la plus endettée et que ses contribuables sont parmi les plus taxés du Canada. N'est-il pas logique, dans un tel contexte, de demander aux étudiants de faire aussi leur part ?

Mais non. Les leaders étudiants veulent faire payer par les autres le coût de leur éducation. Suivant leur logique égoïste, ils tiennent le gouvernement responsable de la crise qu'ils ont eux-mêmes déclenchée et accusent la police d'avoir provoqué les actes de violence posés lors de leurs manifestations. Pire, ils défendent la désobéissance civile et tentent de rendre la violence légitime, comme s'ils étaient victimes d'une dictature. Cette dialectique est totalement ridicule, et il est inquiétant de constater que des leaders d'opinion prétendument éclairés (la chef péquiste, des leaders syndicaux, des enseignants, des commentateurs, etc.) n'ont pas vu leur jeu : utiliser la hausse des droits de scolarité pour faire un débat de société sur les valeurs et faire le procès du gouvernement Charest. Les prochaines élections fourniront l'occasion de porter un jugement sur celui-ci. Et n'oublions pas que la grande majorité de la population appuie le gouvernement face aux étudiants.

Que faire ?

1. Renoncer à la hausse des droits ? Non. Ce serait reconnaître que la violence paie.

2. Décréter un moratoire ? Ce serait céder devant la délinquance et l'anarchie, avec obligation de tout reprendre plus tard.

3. Négocier ? Certes oui, mais sans reculer sur l'essentiel.

4. Imposer par une loi le retour en classe ? Non. Ce serait mettre le feu aux poudres.

5. Chercher des moyens de réduire encore les frais accessoires des universités, comme le suggérait l'entente conclue entre Québec et les leaders étudiants ? Non. Ce serait une aberration de priver les universités de certains revenus, alors qu'il faut plutôt les accroître.

6. Temporiser le mieux possible et reporter des cours ? Pourquoi pas. Les injonctions ne donnent rien. Plusieurs étudiants finiront bien par se fatiguer de marcher pour rien. D'autres prendront des emplois d'été. Certains en viendront à réfléchir sereinement au pour et au contre de ce boycottage insensé.

Il en résulterait des dommages collatéraux pour d'aucuns, mais, s'il y a un groupe dont le gouvernement doit surtout se préoccuper, ce sont les cégépiens à qui il ne manque qu'un cours ou deux pour finir leurs études.

Bien entendu, la police devra continuer de faire son travail : contraindre les débordements, protéger les biens publics, enquêter sur les méfaits. Il n'y a pas de solutions miracle à la situation actuelle, aussi déplorable soit-elle, mais il ne faut pas paniquer. Dans le doute, il vaut mieux s'abstenir.

MON COMMENTAIRE

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jean-paul.gagne@tc.tc

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