«Nos entreprises se retrouvent face à un grand échiquier complexe» - Bernard Landry, ex-premier ministre du Québec

Publié le 06/04/2013 à 00:00

«Nos entreprises se retrouvent face à un grand échiquier complexe» - Bernard Landry, ex-premier ministre du Québec

Publié le 06/04/2013 à 00:00

Les pays multiplient les accords de libre-échange, mais les négociations à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sont au point mort. Assistons-nous au déclin, voire à l'effondrement, du processus de libéralisation multilatérale du commerce international ?

Il n'y a pas d'effondrement, mais plutôt un blocage. Le présent cycle de négociations de Doha lancé en 2001 était très ambitieux : il voulait régler la question agricole, un enjeu difficile à négocier. La conjoncture économique n'a rien non plus pour stimuler les pourparlers. Les pays sont angoissés, leur taux de chômage augmente, leur croissance stagne. Ils n'ont pas envie de s'embarquer dans de grandes négociations internationales. C'est pourquoi nous n'arrivons plus à poursuivre les actions du GATT [General Agreement on Tariffs and Trade, 1947-1994] puis de l'OMC. Des actions qui ont un succès immense. Après la guerre, les tarifs douaniers avoisinaient en moyenne environ 80 %. Aujourd'hui, ils se situent entre 3 et 4 %.

Le Canada n'arrive pas à conclure autant d'accords de libre-échange que les États-Unis ou l'Union européenne, qui en ont un avec la Corée du Sud, par exemple. Quelles sont les conséquences d'un tel blocage à l'OMC pour nos entreprises?

C'est un désavantage, car elles doivent payer des tarifs douaniers plus élevés dans les marchés avec lesquels le Canada n'a pas d'accord. Cette situation complique aussi la vie des entreprises, surtout des PME, qui n'ont pas toujours les ressources pour évaluer la situation douanière dans un pays. Elles se retrouvent donc face à un grand échiquier complexe. C'était beaucoup plus simple auparavant. Mais tout n'est pas négatif. Les entreprises peuvent par exemple cibler des marchés avec lesquels le Canada a des accords, comme la Colombie.

Que peuvent faire le Canada et le Québec ?

Le Canada doit continuer à conclure des accords bilatéraux, tout en continuant à faire des pressions pour que l'on continue à négocier la libéralisation du commerce international dans le cadre de l'OMC. L'approche multilatérale est idéale, l'approche bilatérale est un prix de consolation. Je crois qu'il est toujours possible d'ouvrir les marchés en négociant à l'OMC, d'ici 5 à 10 ans, quand l'économie mondiale ira mieux. Le Québec, qui n'a pas de siège à l'OMC, doit continuer à stimuler ses exportations et à étendre ses réseaux commerciaux. Nous avons des délégations et une présence dans des marchés importants. N'oublions pas non plus que nous avons l'ALENA et, bientôt, un accord de libre-échange avec l'Union européenne.

CV

Nom : Bernard Landry

Titre : Professeur à l'UQAM

Ex-premier ministre du Québec et ancien ministre du Commerce extérieur, des Relations internationales et des Finances du Québec, il enseigne aujourd'hui la stratégie internationale à l'ESG UQAM et, une fois par année, l'économie internationale en Chine.

10

Au Canada, 10 accords de libre-échange sont en vigueur (15 autres sont en négociation et 1 est conclu avec le Honduras, mais n'est pas encore en vigueur).

Source : Affaires étrangères et Commerce international Canada

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