Mobilia : Mélanie Kau cède son fauteuil

Publié le 21/01/2012 à 00:00

Mobilia : Mélanie Kau cède son fauteuil

Publié le 21/01/2012 à 00:00

Par Marie-Eve Fournier

Après 15 ans à la tête des magasins de meubles Mobilia, une entreprise fondée par son père, Mélanie Kau se cherche désormais un emploi. Par choix ! Parce qu'elle veut avoir le temps, avant sa retraite, de réaliser d'autres projets. «Je me suis dit que c'était le temps ou jamais», a-t-elle expliqué au cours d'un entretien avec Les Affaires.

Celle qu'on entend à la radio, dans les publicités humoristiques de l'entreprise familiale, estimait qu'il lui était impossible de se trouver un nouveau boulot tout en travaillant à temps plein. Et qu'à 49 ans, elle ne pouvait se permettre d'attendre que son jeune frère Johannes soit prêt à lui succéder ; âgé de 34 ans, il doit encore parfaire ses connaissances avant d'être en mesure de gérer huit magasins (quatre au Québec et autant en Ontario). Ce qui prendra vraisemblablement trois ou quatre ans.

Voilà pourquoi la femme d'affaires a trouvé une solution pour le moins originale : embaucher une nouvelle présidente qui aura aussi comme mandat de mentorer son frère. Le défi a été confié l'automne dernier à Danièle Bergeron, qui a oeuvré chez Ogilvy de 1981 à 2006 avant de se joindre à Jacob à titre de vice-présidente responsable de l'enseigne Josef et d'agir comme consultante pour les boutiques Suzy Shier. Les deux femmes affirment partager les mêmes valeurs, la même vision.

«Le fait qu'une entreprise familiale recrute à l'externe est assez novateur. Ce n'est pas facile d'intégrer un étranger et de lui confier les rênes, soutient la détentrice d'un MBA exécutif McGill-HEC Montréal. C'est plus facile de les passer à l'autre génération, mais ce n'est pas toujours sage. Johannes [Kau] dit lui-même qu'il n'est pas prêt. Je trouve que les membres de la famille ont fait preuve d'intelligence et de sagesse en se posant les vraies questions. Je leur lève mon chapeau.»

«Un regard neutre»

Expert en gestion de la relève et pdg-fondateur de Groupe Transaction PME, Yves Tremblay trouve que Mélanie Kau a effectivement eu une bonne idée d'avoir recours à du sang neuf. «Ça amène un regard neutre. La nouvelle présidente pourra évaluer plus objectivement [qu'un membre de la famille] les capacités de celui à qui elle offre du mentorat, car il n'y a pas tout l'aspect émotionnel.»

La situation est tout de même assez délicate, avoue Mélanie Kau. Car Danièle Bergeron doit former son patron, le jeune homme étant copropriétaire de l'entreprise avec ses deux soeurs. «Il fallait trouver quelqu'un de très vrai, d'intègre, de transparent. Sinon, ça aurait pu provoquer un chaos», croit celle qui siège aux conseils d'administration d'Investissement Québec et d'Alimentation Couche-Tard. «Pour que ça fonctionne, il faut que le courant passe entre la nouvelle présidente et son successeur, que son mandat soit clair et qu'elle ait du pouvoir», indique Sylvain Darche, responsable du dossier relève pour la région de Montréal chez Raymond Chabot Grant Thornton. À son avis, l'objectif de transition - dans trois ou quatre ans - n'est «pas très long». C'est même rapide, puisqu'il faut du temps pour acquérir la maturité nécessaire à la gestion d'une entreprise, dit-il, en insistant sur le fait qu'il est primordial que Mélanie Kau «ne lâche pas complètement le guidon» et veille à l'évolution des choses.

Mélanie Kau souhaite prendre la tête d'une entreprise où elle pourrait mettre à profit ses «expertises en marketing, branding et expérience client». Dans quel domaine ? «Évidemment, il ne faut pas que ce soit dans le meuble. Le commerce de détail serait naturel, mais ça peut être autre chose. Il faut que je trouve quelque chose d'intéressant qui va être le fun. C'est ça, mon défi.»

En mars, les consommateurs seront mis au courant du changement de garde permanent qui se prépare chez Mobilia au moyen de nouvelles publicités à la radio qui mettront en vedette les voix de Johannes Kau et de sa grande soeur. «On va parler aux personnes les plus importantes pour nous, nos clients. Et on va s'amuser !» promet celle qui admet vivre un deuil, même si elle continue de rentrer chaque jour au bureau, question d'être «sérieuse avec [elle]-même».

MARIE-EVE. FOURNIER @tc.tc

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