Les voleurs coûtent toujours plus cher aux détaillants de la planète

Publié le 05/11/2011 à 00:00

Les voleurs coûtent toujours plus cher aux détaillants de la planète

Publié le 05/11/2011 à 00:00

Par Marie-Eve Fournier

Ça vous irrite que les lames de rasoir soient derrière la caisse à votre pharmacie ? Sachez que ce n'est pas sans raison qu'elles sont gardées hors de votre portée ; il s'agit du produit le plus volé dans les magasins partout dans le monde. Près de 4 % des produits de rasage sont dérobés, alors qu'en moyenne la proportion de pertes dans les commerces est estimée à 1,45 % des stocks.

Si l'intérêt pour les produits Gillette et Schick est international, l'origine des voleurs a tout de même une incidence sur leurs préférences. En Europe, les pillards ont le palais fin, préférant surtout se remplir les poches de bries, camemberts et gruyères. Par conséquent, 3,90 % des fromages disparaissent des étalages sans avoir été payés.

Les Sud-Américains piquent pour leur part de la viande fraîche (3,80 %). Dans la région de l'Asie-Pacifique, les voleurs ont plutôt un faible pour les parfums (2,6 %), révèle le «Baromètre mondial du vol dans le commerce et la distribution 2011», un document étoffé de 75 pages réalisé par le Centre for Retail Research (CCR), en Angleterre.

«Les détaillants affirment que pratiquement tous les biens peuvent être dérobés, mais que les voleurs tendent à jeter leur dévolu sur ce qui est petit et qu'on peut facilement dissimuler, cher, de marque, populaire et revendable», précise l'auteur, le professeur Joshua Bamfield, qui a colligé les réponses de 1 187 détaillants établis sur tous les continents.

L'étude nous apprend aussi que le prix du crime (vols et dépenses de sécurité) dans le monde atteint 128,1 milliards de dollars américains, ce qui correspond à une «taxe imposée aux personnes honnêtes par les criminels de 66,27 $ par personne ou 199,89 $ par famille». Voici d'autres faits saillants.

LA TECHNOLOGIE POUR PIÉGER LES EMPLOYÉS CORROMPUS

C'est en Amérique du Nord que les commerces sont les plus nombreux (39,4 %) à observer une hausse des fraudes de leurs employés, la moyenne mondiale étant plutôt de 24 %. Et au Canada - tout comme aux États-Unis, d'ailleurs -, les détaillants estiment que ce sont surtout leurs employés (54 %) qui les volent, non pas leurs clients (46 %).

Ces statistiques issues du «Baromètre mondial du vol dans le commerce et la distribution 2011» tombent à point pour Fujitsu. L'entreprise japonaise tente actuellement de percer le marché canadien du commerce de détail avec une technologie brevetée d'identification des personnes utilisée par les banques japonaises et les hôpitaux américains depuis des années.

Son système, appelé PalmSecure, lit le système veineux de la paume de la main, plutôt que les empreintes digitales, la technique de biométrie la plus répandue. «C'est mieux, parce que les lecteurs d'empreintes doivent être changés tous les six mois. Les particules de peau s'y accumulent. La durée de vie de notre appareil est de 85 ou 90 ans, car la peau ne touche pas le lecteur», affirme Sophie Cataford, directrice du développement d'affaires pour Fujitsu Conseil au Canada.

Le PalmSecure - vendu entre 200 et 400 $ l'unité - peut être intégré à un horodateur «pour éviter que les employés punchent à la place d'autres», donne-t-elle en exemple.

Des fraudeurs inventifs

La biométrie intéresse les détaillants, parce que l'utilisation de cartes magnétiques ou de simples codes d'accès entraîne des fraudes coûteuses. Faux retours de marchandises, va-et-vient suspects dans l'arrière-boutique, disparitions mystérieuses dans le tiroir-caisse, utilisation malhonnête de l'horodateur, les employés corrompus ne manquent pas d'idées pour arrondir leurs fins de mois.

«Le gros fléau, présentement, c'est le vol des TPV (terminaux points de vente) par les employés qui les modifient et les réinstallent pour ensuite voler les données sur les cartes», observe Dave Bellemare, directeur pour le Québec de Halo Metrics, une entreprise spécialisée dans les systèmes de sécurité pour le commerce de détail.

Les fraudes engendrent des coûts énormes pour les commerces ; 944 millions de dollars (M $) au Canada seulement. Plus de 28 milliards de dollars américains dans le monde. Au Québec, les pertes criminelles sont estimées à 586 M $ par le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD).

Il n'y a qu'en Amérique où les détaillants accusent davantage leurs employés que leurs clients pour leurs pertes. Ailleurs dans le monde, les détaillants interrogés affirment que leur personnel est responsable de 45 % des pertes.

Où vole-t-on le plus dans le monde ?¹

Pourcentage de biens volés dans les commerces

1. Inde 2,38 %

2. Russie 1,74 %

3. Maroc 1,72 %

4. Afrique du Sud 1,71 %

5. Brésil 1,69 %

...

10. États-Unis 1,59 %

...

14. Canada 1,49 %

...

40. Taïwan 0,91 %

Le portrait des voleurs au Québec²

Hommes adultes 53 %

Femmes adultes 33%

Mineurs (13-17 ans) 12 %

Enfants (- de 13 ans) 2%

247 $

Valeur moyenne des vols à l'étalage, au Québec²

Le prix du crime pèse lourd¹

Dans le monde

Vol à l'étalage 51,5 G$

Fraude/vol d'employés 41,7 G$

Fraude/vol de fournisseurs 6,6 G$

Dépenses de prévention 28,3 G$

Total 128,1 G$ + 10,4 %

En Amérique du Nord

Vol à l'étalage 16,2 G$

Fraude/vol d'employés 20,0 G$

Fraude/vol de fournisseurs 1,9 G$

Dépenses de prévention 13,1 G$

Total 51,2 G$ + 5,5 %

Au Canada

Vol à l'étalage 1,3 G$

Fraude/vol d'employés 1,6 G$

Fraude/vol de fournisseurs 0,2 G$

Dépenses de prévention 0,9 G$

Total 585,7 M$ - 7,7 %

Dépenses de prévention

+ 5,3 % Monde

+ 1 % Amérique du Nord

Les 10 biens les plus volés en Amérique du Nord¹

Pourcentage de biens qui disparaissent des stocks

4,10 % Accessoires mode

3,96 % Mode haut de gamme

3,96 % Vêtements pour enfants

3,90 % Produits de rasage

3,85 % Vêtements d'extérieur

3,60 % Confiserie et chocolat

3,60 % Viande fraîche

3,10 % Formule pour les nourrissons

2,95 % Alcool

2,86 % Viande cuite de luxe (terrines, charcuteries)

¹ Source : «Baromètre mondial du vol dans le commerce et la distribution 2011», rapport élaboré par le Centre for Retail Research (CCR). L'étude couvre la période de 12 mois terminée en juin 2011. Données en dollars US.

² Source : Sondage du Groupe Altus pour le compte du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD), réalisé de juin à septembre 2011.

marie-eve.fournier@transcontinental.ca

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