Les pays du BRIC sont déjà dans notre cour

Publié le 02/10/2010 à 00:00

Les pays du BRIC sont déjà dans notre cour

Publié le 02/10/2010 à 00:00

C'est un conglomérat indien, Tata, qui fera revivre l'industrie minière de Schefferville par l'intermédiaire de sa filiale métallurgique Tata Steel et d'un investissement de 300 millions de dollars.

Les Chinois s'intéressent de près au sort de Potash Corp., de la Saskatchewan, et réfléchissent à la possibilité de renchérir l'offre d'achat présentée par BHP Billiton.

Les Russes ont failli débarquer dans la région de Québec, car ils devaient assurer l'approvisionnement en gaz naturel liquéfié du port méthanier Rabaska.

En 2006, la brésilienne Vale a mis la main sur un véritable symbole canadien, le géant du nickel Inco.

Regardez autour de vous : le BRIC magasine chez nous. Le BRIC, c'est le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine. Des économies dites " émergentes ", dont il faudra bien reconnaître qu'elles ont émergé...

Notre histoire demeure une épopée, mais elle s'écrit dorénavant à l'encre de pays situés aux antipodes.

Au 19e siècle, c'est le capital britannique qui a façonné notre développement économique. Puis, ce fut le capital américain au 20e siècle. On ne peut évidemment pas encore tirer de conclusions pour le siècle qui vient de commencer, mais on peut déjà déduire que le rapport de forces est en train de changer.

En 1950, l'Iron Ore du Canada a mis au monde Schefferville, avec la participation de l'américaine M.A Hanna, puis de Bethleem Steel, de Pittsburgh. La grande aventure du fer venait de commencer et coïncidait avec l'émergence de cette superpuissance qu'étaient devenus les États-Unis. Leur prospérité et la nôtre ont été intimement liées pendant des décennies. Le déclin récent de l'économie américaine aurait également pu signifier celui de la nôtre. La différence, c'est l'arrivée imprévue de ces autres acteurs, qui ont permis d'amortir le choc de la crise. Leur appétit, manifestement, ne cessera d'augmenter.

Devons-nous nous en réjouir ? En partie, et pas seulement parce que certains de ces pays ne réagissent pas au même code de conduite que nous.

D'abord, les avantages. Il n'est pas sain de dépendre d'un seul partenaire. La proximité des États-Unis nous a admirablement bien servis, mais elle nous rendait vulnérables. Les États du BRIC montent dans la hiérarchie économique mondiale. Il est logique que nous tissions maintenant des liens avec eux.

Les désavantages maintenant. En nous liant au BRIC, nous reproduisons pour l'essentiel le même modèle qu'hier : ces pays viennent tirer chez nous des richesses qui serviront à faire tourner leurs usines. C'est ce que faisaient les Américains, et c'est ce que feront de toute évidence les Chinois et les Indiens. Dans les faits, nous ne faisons que changer de maîtres.

On vous dira que ce n'est pas grave, que c'est ce qui a toujours fait la fortune du Canada et qu'il faut s'en accommoder... Take the money and run ! C'est vrai que le réservoir de ressources naturelles n'est pas à la veille de se tarir. On trouve sans cesse de nouvelles ressources et d'anciennes mines reprennent du service. Imaginez ! Les Affaires expliquait la semaine dernière que le cuivre de Murdochville redevenait attirant. Regardez la carte, considérez l'immensité du territoire et rêvez à tout ce qui sera découvert un jour !

Sauf qu'au bout du compte, nous continuons de vider notre sous-sol alors que la planète carbure de plus en plus à la valeur ajoutée et aux industries structurantes. Soit, nous recevons en retour des devises qui assurent le maintien de nos services. Mais n'avons-nous pas progressé depuis le 19e siècle ? Et ces grandes entreprises nées au Canada qui passeront à des mains étrangères, seront-elles aussi actives dans leur communauté lorsque les décisions seront prises à des milliers de kilomètres ?

Être virtuellement aussi riches n'est pas une malédiction, loin de là. Mais ce système devient une sorte de drogue. Nous savons qu'il serait possible de faire plus, ou de faire mieux, mais c'est tellement facile d'extraire des ressources sans exiger davantage... Allez, une autre dose !

Il est illusoire de rêver d'une usine de transformation à Schefferville. On vous dira que le Port de Sept-Îles, sur la Côte-Nord, est redevenu aussi fébrile qu'autrefois et qu'on y fait de nombreuses embauches. C'est toujours ça de pris. Et plus il y a de pays intéressés à nos richesses, plus il y a de chances de faire monter les enchères.

À tout prendre, vive le BRIC !

De mon blogue

www.lesaffaires.com/rene-vezina

Un autre mythe sur les baby-boomers déboulonné

Une vague de baby-boomers québécois vieillissants abandonneront bientôt leur maison et se rueront vers les résidences pour personnes âgées, déséquilibrant du même coup le marché immobilier et surtaxant le réseau de la santé. Vrai ? Faux ?

Vos réactions

" Beaucoup de boomers ont compris que la maison n'est pas un investissement mais une manière de vivre : ils vont y vivre tant et aussi longtemps que leur santé le leur permettra. "

- Dencour

" Vous avez le déboulonnage facile ! Les gens qui déménagent en résidence ont 70 ans ou plus. Les boomers sont encore loin d'avoir cet âge. On verra s'ils fanfaronneront autant une fois rendus là. "

- pbrasseur

" Les données démographiques permettent de constater qu'il y a plus de jeunes que de vieux à Montréal, et que le scénario d'une offre immobilière qui excède la demande en raison du départ à la retraite des boomers est faux. "

- Mortderire

rene.vezina@transcontinental.ca

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