Certaines entreprises québécoises profitent du boom de l'industrie pour se développer, même si leur activité première semble a priori éloignée du secteur minier.
UN PETIT LOGICIEL QUI JOUE DANS LA COUR DES GRANDS
En 2006, le fabricant d'un logiciel de gestion de la maintenance Cogep tirait à peine 5 % de ses revenus du secteur minier. En 2011, cette part est passée à 30 %. L'entreprise compte parmi ses clients plus d'une vingtaine de mines. Au cours des deux derniers mois, pas moins de six minières lui ont acheté son logiciel.
Parmi ses plus récents contrats figure la québécoise SEMAFO, pour ses mines aurifères en Afrique de l'Ouest. Sa liste de nouveaux clients comprend aussi Osisko, pour son projet de Hammond Reef près de Thunder Bay en Ontario, et Detour Gold, pour son projet de Detour Lake, le plus important gisement d'or pur au Canada, situé dans le nord de l'Ontario.
" C'est la preuve que nous avons un produit de classe mondiale ! " s'exclame Michel Fournier, le président de cette entreprise née il y a 20 ans et qui couvre plusieurs secteurs, dont l'industriel, le manufacturier, la santé et les municipalités.
Grâce au boom minier, Cogep commence à faire sa place parmi les gros acteurs tels que SAP et Oracle, qui desservent les grandes multinationales minières. Elle n'y est pas encore, mais ses clients sont des sociétés intermédiaires en croissance.
La particularité de son logiciel face à ceux de SAP et Oracle ? " Il est 10 fois moins cher et offre des fonctionnalités plus adaptées aux besoins miniers ", répond M. Fournier.
Le logiciel, appelé Guide TI, permet d'obtenir rapidement et en temps réel l'historique d'un équipement. Cette information aide ensuite à améliorer l'entretien et à optimiser l'utilisation de la machinerie.
Cogep commence à être connue, notamment grâce à sa certification Microsoft, qui lui apporte une crédibilité supplémentaire et lui donne accès au réseau de clients du géant mondial de l'informatique. Elle entend notamment profiter de ce lien pour pénétrer le marché de l'Amérique du Sud, où d'importants projets miniers sont en développement. Le Chili et l'Afrique de l'Ouest, où se trouvent de grands acteurs mondiaux tels que Kinross et Barrick Gold, sont également dans la mire.
PROFIL
Nom : Cogep
Siège social : Québec
Nombre d'employés : 20
Chiffre d'affaires : entre 3 et 6 M$
Actionnaire principal : Michel Fournier
DE L'AVENIR POUR LES HABITATIONS MODULAIRES
Tous les jours, Gilbert Trudeau chante les louanges du Plan Nord du gouvernement du Québec. Rudement ébranlée par la crise immobilière aux États-Unis et par la hausse du dollar canadien, son entreprise de fabrication d'habitations modulaires reprend du poil de la bête grâce aux projets miniers dans le nord de la province.
En octobre, la PME beauceronne livrera 200 modules comprenant 800 chambres à la minière Arcelor Mittal, au Mont-Wright, sur la Côte-Nord. C'est son plus important projet à ce jour. En juin, une centaine de ses modules prendront le chemin de la minière IOC (Rio Tinto), au Labrador.
RCM Modulaire a aussi des visées sur le campement permanent de Goldcorp, à la mine Éléonore, dans la Baie-James, qui vient d'annoncer des investissements de 1,4 milliard de dollars dans ce projet minier à travers sa filiale Mines Opinaca. De plus, la PME vient de réaliser deux contrats avec la multinationale Xstrata : des campements miniers à Raglan, où l'on exploite le nickel, et à Perséverance, une mine de zinc.
Tout un filon pour cette entreprise fondée il y a dix ans, et qui, au départ, exportait ses bâtiments préfabriqués aux États-Unis, alors en plein essor immobilier.
Le virage de RCM Modulaire a débuté en 2003-2004, lorsqu'elle a commencé à répondre aux appels d'offres d'Hydro-Québec concernant des projets de barrages dans le nord du Québec. Elle a alors développé des compétences en matière d'habitations en région éloignée. " J'ai trouvé des sous-traitants - électriciens, spécialistes en ventilation, etc. - qui avaient de l'expérience dans le Nord. Dans certains cas, cette expérience remontait à l'époque du début du projet de la Baie-James ", se souvient M. Trudeau. L'entreprise a ainsi réalisé les campements pour les projets Eastmain (1 et 1A), Péribonka, Rupert, Sarcelle et Nemiscau.
Après avoir dû mettre à pied la moitié de ses 200 employés en 2008-2009, RCM Modulaire a presque retrouvé les niveaux de 2003 pour ce qui est des emplois et des revenus, grâce aux récents contrats miniers. Elle contemple même l'idée d'une usine en Chine pour y profiter du boom minier.
PROFIL
Nom : RCM Modulaire
Siège social : Saint-Benoit Labre
Nombre d'employés : 175
Chiffre d'affaires : + de 20 M$
Marché : Amérique du Nord
Actionnaire principal : Gilbert Trudeau
