Les infrastructures reliées aux projets, c'est «l'affaire des minières» - Jean Charest, premier ministre du Québec

Publié le 18/02/2012 à 00:00

Les infrastructures reliées aux projets, c'est «l'affaire des minières» - Jean Charest, premier ministre du Québec

Publié le 18/02/2012 à 00:00

Par Suzanne Dansereau

Les paramètres pour l'exécution du Plan Nord commencent à se préciser. Lors d'une entrevue exclusive accordée aux Affaires, le premier ministre Jean Charest a dissipé les doutes quant au financement des infrastructures, au rôle d'Hydro-Québec, au pouvoir de la Société du Plan Nord et à la prise de participations du gouvernement dans les projets miniers.

Le financement des infrastructures reliées aux projets miniers, «c'est l'affaire des minières» a-t-il déclaré, en marge d'une conférence organisée par le Groupe Les Affaires, le 13 février, et qui a réuni 1 200 personnes au Palais des congrès. Pas question pour Québec de soutenir la construction d'un chemin de fer ou l'extension d'une ligne d'alimentation électrique vers un emplacement minier.

Par contre, si une nouvelle infrastructure sert à d'autres acteurs relevant de la responsabilité de la province - ce que M. Charest a nommé le «bien commun» -, le gouvernement paiera sa part des coûts. «C'est l'usage qui déterminera qui assume le coût», a-t-il expliqué.

Moins d'un an après la mise en route du Plan Nord, ce vaste chantier qui vise à développer le Nord du Québec sur un horizon de 25 ans par la réalisation de projets privés dans le secteur minier, le gouvernement Charest fait face à un nombre croissant de demandes d'infrastructures.

Chemins de fer, lignes électriques, ports en eau profonde, infrastructures municipales : à mesure que les projets se multiplient, les centaines de millions de dollars, pour ne pas dire les milliards de dollars, s'additionnent. Se fondant sur le «pitch de vente» qu'il leur a fait, les promoteurs miniers s'attendent à ce que Québec les aide à rentabiliser leurs projets ou à en maximiser les rendements.

Des questions concrètes occupent leur esprit. Qui va financer la déviation de la route 389 pour répondre au projet d'extension de la mine du Mont-Wright ? Le branchement du projet Lac Otelnuk à la centrale hydroélectrique La Forge ou celui d'Oceanic Iron Ore à la centrale Brisay ? L'usine de traitement de l'eau à Port-Cartier ?

Depuis mai 2011, une certaine ambiguïté subsiste, et des minières comme Cliff Minerals et Arcelor Mittal ont procédé à la construction d'infrastructures sans garantie de soutien financier par Québec. On attendait la Société du Plan Nord pour y voir un peu plus clair. En entrevue, le premier ministre donne des précisions : Québec procédera projet par projet, et les minières n'auront du soutien pour leurs infrastructures que si ces dernières desservent la communauté. Québec pourra toutefois prendre plus de participations que prévu dans des projets et ainsi alléger les coûts des minières. «Un budget est sur le point d'être établi, et on réfléchit à la façon dont on veut être présent dans le Nord.»

Il admet candidement qu'il «ne s'attendait pas» au rythme rapide de développement des projets sur le territoire du Plan Nord : depuis mai 2011, près de 6 milliards ont été engagés, sans parler de l'avancement de certains projets miniers, comme celui du Lac Otelnuk, un projet de 13 milliards de dollars contrôlé par des intérêts chinois, qui devrait atteindre l'étape de la faisabilité cette année. Les minières vivent mal la lenteur du processus politique.

Hydro-Québec rentable pour chaque projet

L'autre question qui chicote les minières est la suivante : quel sera le rôle d'Hydro-Québec ? La société d'État pourra-t-elle contribuer à la rentabilité des projets miniers et si oui, comment ? Le Plan Nord et Thierry Vandal, président de la société d'État, demeurent muets sur le sujet. En entrevue, le premier ministre répond : «Le rôle d'Hydro-Québec, c'est d'évaluer les coûts de transport, les coûts d'énergie et de se pencher sur les conditions. [...] Son mandat est de faire de l'argent avec ses projets.»

«Chaque projet devra être rentable», a-t-il précisé. La nuance est importante : certains, dans l'industrie, auraient espéré que la rentabilité d'Hydro-Québec sur le territoire du Plan Nord se calcule de façon globale et non projet par projet.

Quoiqu'il en soit, M. Charest croit qu'Hydro-Québec pourra toujours offrir des tarifs d'électricité concurrentiels aux minières: «Entre le tarif L de 4,5 cents le kWh [transport compris] offert aux entreprises de transformation et de l'électricité fournie par génératrice au diesel à 50 cents le kWh, nous avons une marge de manoeuvre».

Le premier ministre appelle aussi l'industrie a se coordonner et à collaborer : «Par exemple, il y a plusieurs projets de chemin de fer dans la fosse du Labrador. Ce n'est pas vrai qu'on va en ajouter trois à celui qui existe déjà. Il va falloir faire travailler les gens ensemble.»

Ce rôle, dit-il, sera celui de la future Société du Plan Nord. Mais attention : la nouvelle société n'aura pas de pouvoir autre que celui de coordonner les décisions relatives aux investissements. «La Société du Plan Nord devra être en lien avec Hydro-Québec, les ministères et Investissement-Québec», a déclaré M. Charest.

6 G$

Valeur totale des projets miniers dévoilés depuis l'annonce du Plan Nord en mai 2011

80 G$

Investissements prévus dans le cadre du Plan Nord sur une période de 25 ans

Source : Bureau du premier ministre du Québec, 2012

Québec ira «au plus pressant» pour déterminer ce qui relève de l'entreprise et ce qui relève de l'État, a souligné le premier ministre Jean Charest.

suzanne.dansereau@tc.tc

À la une

Bourse: records en clôture pour Nasdaq et S&P 500, Nvidia première capitalisation mondiale

Mis à jour le 18/06/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. Les titres de l’énergie contribuent à faire grimper le TSX.

Stellantis rappelle près de 1,2 million de véhicules aux États-Unis et au Canada

Environ 126 500 véhicules au Canada sont concernés par le rappel.

Le régulateur bancaire fédéral maintient la réserve de stabilité intérieure à 3,5%

L’endettement des ménages reste une préoccupation pour le Bureau du surintendant des institutions financières.