Les gagnants, les étudiants, les perdantes, les universités

Publié le 02/03/2013 à 00:00

Les gagnants, les étudiants, les perdantes, les universités

Publié le 02/03/2013 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Le succès de toute négociation est d'obtenir une entente qui satisfait toutes les parties engagées dans ce processus. Le gouvernement Marois est sorti de son Sommet sur l'enseignement supérieur avec tous ses morceaux. On a épargné aux étudiants de véritables hausses des droits de scolarité tout en leur accordant une aide additionnelle, mais les universités n'ont rien gagné de substantiel.

Le défi était grand, et le gouvernement peut certes se réjouir d'avoir obtenu des consensus sur certains points (amélioration de l'aide aux études, création d'un groupe consultatif, meilleure collaboration entre les universités et les cégeps, etc.). Toutefois, le succès du Sommet dépendra des solutions à plusieurs enjeux qui auront été trouvées par les groupes de travail qui seront créés, des plans d'action qui en résulteront et de ce qu'en fera le gouvernement. Le diable est dans les détails.

Les étagères des gouvernements sont remplies de rapports, dont les conclusions sont restées lettre morte. De plus, étant donné que les finances publiques sont précaires, il est loin d'être certain que le gouvernement aura la marge de manoeuvre pour appuyer solidement le développement du réseau universitaire, s'il ne demande pas une plus grande contribution de la part des étudiants. Le ministre Pierre Duchesne a d'ailleurs préparé le terrain à la retenue dans les attentes en avançant que les universités ne sont pas aussi sous-financées qu'elles le prétendent.

Il est pourtant reconnu que, comparativement aux universités des autres provinces, nos institutions manquent de professeurs, de chargés de cours et de locaux, sans oublier que leurs laboratoires ne sont pas toujours de niveau. Or, le gouvernement leur a quand même demandé une compression supplémentaire de 250 millions de dollars d'ici la fin de mars 2014. On chercherait maintenant des moyens (comptables ?) d'atténuer cet impact.

Au lieu d'exiger plus des étudiants pour le financement de leurs études, le gouvernement Marois se contentera d'indexer la hausse des droits de scolarité à la «croissance du revenu disponible des familles», soit «environ 3 %» ou 70 $ cette année (1,35 $ par semaine) et 24 $ (0,46 $ par semaine) en moyenne pour les frais afférents. C'est insignifiant.

Nos étudiants, les mieux traités du pays

Après les améliorations de l'aide financière aux étudiants qu'avait proposées le gouvernement Charest le printemps dernier et que le gouvernement Marois a rapidement mises en vigueur, ce dernier bonifiera le soutien financier aux étudiants de 25 M $ par année. Tout compte fait, ceux-ci se retrouvent dans une situation financière encore bien plus favorable qu'elle ne l'était, comparativement à celle de leurs collègues des autres provinces.

Après avoir contribué à faire élire le Parti québécois aux dernières élections, les étudiants sont les grands gagnants du Sommet, alors que les universités en sortent perdantes. Il en est ainsi des contribuables qui continueront de participer beaucoup plus que les autres Canadiens au financement de la formation universitaire, laquelle, au Québec, ne profite qu'à 25 % de la population.

Le gouvernement promet un financement supplémentaire de 1,7 G $ d'ici 2018-2019 pour les universités. Or, cela ne saurait être garanti, compte tenu de la propension des gouvernements à ne pas respecter leurs promesses.

Le véritable résultat du Sommet dépendra en bonne partie de l'ingéniosité des groupes de travail créés sur des enjeux importants, dont le financement des universités, la gouvernance, la qualité de la formation, l'accessibilité aux études, la reddition de compte et la formation collégiale. S'ensuivront une loi-cadre sur les universités (mission, objectifs de performance, etc.) et la création du Conseil national des universités, qui sera consultatif.

Il est regrettable que l'on n'ait pas retenu la modulation des droits de scolarité selon les disciplines parmi les propositions soumises aux groupes de travail. La fiscalité ne suffit pas à compenser l'insuffisance des droits payés pour les programmes coûteux. Si certains diplômés paient plus d'impôt que d'autres après avoir accédé au marché du travail, cet argent ne va pas aux universités.

Même si le Parti québécois s'est fait des ennemis en appuyant les carrés rouges, le gouvernement a bénéficié de la courtoisie de ses interlocuteurs et a su profiter de la perte de crédibilité des leaders étudiants. Il est toutefois très injuste que certains aient pris les universités pour des boucs émissaires.

MON COMMENTAIRE

J'aime

Le nouveau président de SNC-Lavalin, l'Américain Robert Card, a recruté un Allemand, Andreas Pohlmann, comme chef de la conformité. Il s'agit d'un expert reconnu en gouvernance, éthique et affaires de l'entreprise, qui a corrigé les importantes dérives éthiques de Siemens dans les années 2000. Voilà un pas de plus dans le redressement de la gouvernance de ce fleuron du génie-conseil. C'est humiliant pour nos gestionnaires, certes, mais il presse de rectifier le tir.

Je n'aime pas

Ou bien Montréal a été dirigée par des politiciens et des fonctionnaires corrompus, ou bien elle l'a été par des innocents. Des rapports gardés secrets par la Ville de Montréal et rendus publics par la commission Charbonneau font état de soupçons de collusion et de corruption dans l'attribution de contrats entre 1997 et 2010, sans que rien ait été fait pour enrayer ce fléau. En 2005, quatre firmes ont raflé 56 % des contrats de réparation de conduite d'eau et d'égouts et de voirie accordés par la Ville. On a constaté des écarts pouvant atteindre 85 % entre les coûts de contrats accordés par Montréal et ceux de travaux similaires réalisés ailleurs.

jean-paul.gagne@tc.tc

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