Les banques européennes sont vulnérables à une nouvelle crise

Publié le 10/09/2011 à 00:00

Les banques européennes sont vulnérables à une nouvelle crise

Publié le 10/09/2011 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

La nouvelle présidente du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a causé tout un émoi il y a quelques jours dans les banques européennes lorsqu'elle a déclaré que celles-ci avaient besoin d'une "recapitalisation substantielle obligatoire". Elle a suggéré que les banques recourent "à des fonds privés dans un premier temps, mais aussi à des fonds publics si nécessaire".

Soutenant que leurs banques étaient bien capitalisées, des banquiers ont avancé qu'elle avait dû se fonder sur des données inexactes du FMI. Selon ce dernier, la valeur au marché des prêts de la Grèce, du Portugal, de l'Irlande, de l'Italie, de l'Espagne et de la Belgique détenus par les banques européennes était, à la fin d'août, de 200 milliards d'euros (280 G $ US) inférieure à la valeur inscrite dans leur bilan. Or, cet écart représenterait environ 10 % du capital propre des banques.

S'il y a quelqu'un qui connaît bien la situation des banques européennes, c'est bien Christine Lagarde. Ayant été ministre de l'Économie et des Finances de la France de 2007 à 2011, elle a traversé la crise financière de 2008 et participé de près aux deux plans de sauvetage de la Grèce.

Mme Lagarde n'a pas dit que les banques européennes étaient au bord du précipice, mais qu'elles se retrouveraient en difficulté majeure si "une crise de liquidité catastrophique éclatait". En clair, les banques ne peuvent plus absorber davantage de dette souveraine. Selon Patrick Artus, directeur de la recherche économique pour la société française Natixis, les banques de la zone euro détiennent 90 milliards d'euros de dette grecque, 40 milliards de dette portugaise, 326 milliards de dette italienne et 278 milliards de dette espagnole. Puisque l'endettement total de ces pays est encore beaucoup plus élevé, il y a un risque de défaut de certains de ces pays si leur croissance économique anémique, nulle ou même négative se prolonge.

Malgré leur déni, les banques européennes s'inquiètent, comme en fait foi le rendement qu'elles exigent sur les prêts qu'elles s'accordent entre elles. Ce rendement était récemment de 1,1 % pour l'échéance d'une semaine, comparativement à près de zéro en 2010. Le vendredi précédant la fête du Travail américaine, celles-ci ont déposé à la Banque centrale européenne 151 milliards d'euros au lieu de prêter cet argent sur le marché.

Le risque principal que courent les banques européennes est l'impact qu'aurait une prochaine récession sur la dette des pays européens. Or, tant aux États-Unis qu'en Europe, la confiance des consommateurs s'effrite et les entreprises restent sur leur garde.

Alors qu'aux États-Unis le gouvernement est contraint de réduire ses dépenses, que le prix des logements ne cesse de baisser (un million de maisons pourraient encore être saisies), que les consommateurs sont surendettés et que l'emploi stagne, la croissance est presque nulle ou même recule dans certains pays européens. La Grèce, le pays le plus affecté par la crise, s'achemine vers une décroissance de 4,5 % pour 2011. Le Bureau du budget de l'État vient de dire que le déficit du gouvernement était "hors de contrôle".

La présidente du FMI a raison de tirer la sonnette d'alarme, car les plans d'austérité que les PIIGS (Portugal, Irlande, Italie, Grèce et Espagne) ont été forcés de mettre en place pour réduire leur déficit budgétaire et leur endettement minent leur reprise.

Rien pour créer de l'emploi

Parce que les États n'ont plus de levier et que les consommateurs sont à bout de souffle, seules les sociétés pourraient relancer l'économie. Or, celles-ci préfèrent accumuler de l'encaisse pour accroître leur productivité, faire des acquisitions ou récompenser leurs actionnaires. Rien pour créer de l'emploi. Les sociétés non financières américaines avaient à la fin de 2010 des liquidités de 1 900 milliards de dollars, un sommet en 48 ans. Au Canada, leurs vis-à-vis avaient des liquidités de 500 milliards de dollars à la fin de mars 2011.

Les pays émergents connaissent une bonne croissance économique, mais ils ne peuvent tirer à eux seuls l'économie mondiale.

Certes, une récession n'est pas inévitable, mais la gestion de l'économie requerra beaucoup plus de vision et de leadership que ce qu'on a vu au Congrès américain récemment et que le déni que l'on observe en Europe.

À cause de l'ampleur de la crise qui sévit au sein de la zone euro, les banques européennes ne pourront pas, seules, répondre aux besoins financiers des pays membres. Quant à la zone elle-même, il paraît clair que sa survie nécessitera une transformation qui l'amènera progressivement vers une union fiscale.

jean-paul.gagne@transcontinental.ca

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