Offrir aux consommateurs des produits sains est devenu une préoccupation pour les transformateurs québécois, qui y consacrent des efforts importants.
L'engouement pour les aliments santé ne se dément pas. À preuve : 18 mois seulement après l'ouverture de sa troisième succursale, à Brossard, la chaîne québécoise Avril prévoit déjà lancer un quatrième supermarché dédié aux produits et aliments naturels ou biologiques.
«Nous avons des demandes de partout au Québec, de la part de consommateurs qui aimeraient qu'on s'installe dans leur région», dit la propriétaire, Sylvie Senay.
Les affaires vont bien pour l'entreprise de Granby, fondée en 1995 par Mme Senay et son conjoint, Rolland Tanguay. Au nouvel établissement du Quartier DIX30, inauguré à l'automne 2010, «les ventes sont en progression et dépassent même nos objectifs», affirme l'entrepreneure.
Ses propos font écho à la tendance mondiale. «Le changement d'attitude à l'égard d'une alimentation saine est une vague de fond», signale Guy Barthell, associé chez Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT), qui vient de publier une étude sur l'industrie mondiale des aliments et boissons en 2011.
Du jus contre le mauvais cholestérol
Un nombre croissant d'entreprises de transformation emboîtent le pas pour répondre à cette demande. Plus de la moitié d'entre elles travaillent à offrir plus de produits alimentaires sains, révèle l'étude de RCGT.
«Le souci des consommateurs pour la santé nous amène à développer des produits qui répondent à leurs besoins», indique Solange Doré, vice-présidente R-D chez le fabricant de jus de fruits et de légumes Lassonde, qui a lancé en 2011 un jus composé de stérols végétaux contribuant à abaisser le mauvais cholestérol.
La volonté d'offrir des produits sains est bien présente chez les PME et grandes entreprises québécoises, indique un sondage effectué en 2010 par le Conseil de la transformation agroalimentaire et des produits de consommation (CTAC).
Les industriels interrogés considèrent avoir un rôle important à jouer dans l'amélioration de l'état de santé de la population. La plupart d'entre eux (95 %) sont conscients que l'offre alimentaire comporte des lacunes.
Moins de sel, de sucre ou de gras
La cible principale des transformateurs alimentaires : des produits dont la teneur en sel, en sucre ou en gras, devenus l'ennemi public numéro un, est réduite. «On ne parle pas tant d'aliments santé, que d'aliments meilleurs pour la santé», précise Annick Van Campenhout, directrice générale du Conseil des initiatives pour le progrès en alimentation (CIPA).
La nuance est d'autant plus importante que les entreprises doivent se garder de se lancer dans des allégations non fondées quand elles commercialisent leurs produits. «Les promesses doivent être réelles, sinon c'est du marketing trompeur qui risque de se retourner contre les entreprises», déclare Jean-Claude Dufour, professeur de marketing agroalimentaire à la Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation de l'Université Laval.
Accent sur la R-D
Pour les entreprises, et les centres de recherche, le défi est d'apporter ces modifications tout en essayant de garder la même durée de vie, les mêmes textures et, surtout, le même goût. «C'est le facteur le plus important dans le développement de produits auxquels on ajoute des ingrédients pour améliorer la santé», indique Solange Doré.
Certaines entreprises choisissent d'ajouter une gamme santé à leur ligne de produits traditionnelle pour la clientèle prête à adopter des produits contenant moins de sel, de sucre ou de gras, et dont le goût serait différent.
«La santé est devenue un enjeu essentiel en alimentation, car les consommateurs portent de plus en plus attention à ce qu'ils mangent», note Mme Van Campenhout.
Dans les pays où la population est vieillissante, les aliments sains sont encore plus populaires. «Nous avons une vague démographique aux États-Unis qui sera le moteur du marché des aliments santé au cours des prochaines années», indique l'étude de RCGT.
