Malgré l'avènement des technologies, les forums d'affaires qui privilégient le contact direct ont toujours la cote. C'est le cas de Centrallia, un salon de rencontres éclair (speed-dating) qui a réuni plus de 700 chefs d'entreprises de partout dans le monde l'automne dernier à Winnipeg, au Manitoba.
Frank Bonnot et Frédéric Paré s'y sont rencontrés. Les deux entrepreneurs ont découvert, entre autres affinités, qu'ils venaient tous deux de la Guadeloupe : l'un, de cette île des Antilles et l'autre, de... cette petite municipalité beauceronne !
Après une demi-heure de discussions, ils ont convenu de garder contact. «On manque de temps, mais je souhaite poursuivre les discussions», a conclu le Québécois Frédéric Paré, président d'E'Mind Tek Solutions, avant de partir à la rencontre d'un autre partenaire potentiel.
E'Mind Tek est un intégrateur informatique de Thetford Mines. C'était l'une des quelque 20 PME manufacturières qui ont participé à la deuxième édition de Centrallia, qui a réuni plus de 700 chefs d'entreprise venus d'ailleurs au Canada et d'une trentaine de pays.
Pendant deux jours, suivant une cadence rythmée de 30 minutes, ils ont enchaîné 14 rencontres individuelles préprogrammées pour tenter de séduire un éventuel fournisseur, client ou investisseur. Ces rencontres ont comblé leurs attentes, même si, pour la plupart, les pourparlers pouvaient prendre plusieurs semaines, voire des mois, avant de se concrétiser.
Par exemple, pour Louis Perron, président d'OEil pour oeil, une firme de Québec qui crée des images 3D pour la promotion de produits, les deux premières rencontres se sont révélées décevantes. Au bout d'à peine quinze minutes, les discussions avec des dirigeants d'entreprises africaines n'allaient nulle part, et la demi-heure a même été trop longue. Le lendemain lui a été plus profitable. «J'ai eu des échanges très intéressants avec des entreprises en construction de l'Ouest canadien», dit M. Perron, en précisant avoir entretenu depuis son retour des contacts qui pourraient entraîner des retombées en 2013.
À une autre table du vaste Centre des congrès, Frédéric Lebel, d'ABM Enviro, discutait avec Greg McNeill, responsable des achats de Manitoba Hydro, qui était à la recherche de nouveaux fournisseurs. «Parce que je vous ai rencontré en personne, je suis plus susceptible de travailler avec vous que si vous aviez communiqué avec moi par téléphone ou courriel», a souligné M. McNeill, en lui suggérant de s'inscrire dans la banque de fournisseurs du producteur d'électricité.
D'autres rencontres fructueuses avec des distributeurs canadiens amènent ABM à envisager «l'ouverture d'un bureau à Winnipeg d'ici deux à trois ans», indique le président de cette PME lavalloise qui conçoit des équipements de sécurité pour les travailleurs.
Une formule très efficace
Frédéric Lebel s'est pourtant rendu à Centrallia à reculons. Non par manque d'intérêt, mais plutôt de temps, en raison d'un carnet de commandes qui a explosé dans la dernière année. «Je ne regrette pas. C'est une formule de rencontres très efficace, qui nous évite de perdre du temps», dit-il.
«Le concept nous intéressait, parce qu'il permet aux participants de créer rapidement et efficacement des liens pour trouver de nouvelles occasions d'affaires», dit Mariette Mulaire, pdg de l'Agence nationale et internationale du Manitoba et organisatrice de Centrallia.
Mme Mulaire dirige aussi le World Trade Centre, bilingue, de Winnipeg, dont la création a été annoncée lors du forum.
Centrallia s'est inspiré de Futurallia, un forum international de développement d'affaires créé en 1990 et qui tiendra sa 18e édition à Istanbul du 5 au 7 juin 2013.