Le Plan Nord exigera un leadership éclairé et fort

Publié le 21/05/2011 à 00:00

Le Plan Nord exigera un leadership éclairé et fort

Publié le 21/05/2011 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

À en juger par les écologistes idéologues, le Plan Nord sera une catastrophe environnementale et une sorte d'expropriation des ressources du peuple par les entreprises.

Il n'y a rien d'étonnant à ces propos, car la remise en question du moindre projet, surtout s'il vient de l'État, a remplacé le hockey à titre de sport national. Les ténors de ces critiques à l'emporte-pièce devraient pourtant réfléchir à cet avertissement de Talleyrand : " Tout ce qui est excessif est insignifiant. "

Le Plan Nord n'est pas une charte figée dans le temps. C'est plutôt une vision de la mise en valeur du territoire québécois situé au nord du 49e parallèle, qui passe au nord de La Sarre, d'Amos et du Lac-Saint-Jean et qui rejoint la Côte-Nord du Saint-Laurent en face de Rimouski. Les villes de Matagami, Chibougamau, Baie-Comeau et Sept-Îles occupent ce territoire. Il ne s'agit pas d'une région inhabitée ni d'un territoire vierge.

Québec y fait miroiter des investissements de 80 milliards de dollars (G$), des revenus pour l'État de 14 G$ et 20 000 emplois par an pendant 25 ans. Cela est possible, mais incertain, car personne ne peut prédire ce qui arrivera dans un horizon aussi lointain.

Par contre, les investissements de 2,1 G$ envisagés pour la période 2011-2016 sont plus réalistes. Ceux-ci incluent une enveloppe de 500 millions de dollars (M$) à Investissement Québec, laquelle servira à prendre des participations dans des projets. Cela est justifié. Sans l'injection de 75 M$ de la Société générale de financement (SGF) dans le capital d'Osisko, cette dernière aurait peut-être eu bien du mal à financer son projet de mine à ciel ouvert de Malartic. Cet investissement sera payant, puisque la débenture acquise par la SGF porte un intérêt de 7,5 % et qu'elle est convertible en actions d'Osisko à un prix de 9,18 $ (son prix actuel est d'environ 13 $).

Comme c'est le cas dans plusieurs pays (Brésil, Norvège, Finlande, Inde, etc.), il est courant que l'État devienne actionnaire de sociétés privées exploitant des ressources. À cause de la grande volatilité des prix des métaux et du risque associé à la mise en valeur de certains projets, un investissement de l'État peut s'avérer déterminant dans la décision de lancer un projet. De plus, l'État peut en tirer des bénéfices et obtenir de facto un certain veto, advenant une offre d'achat préjudiciable aux intérêts de la collectivité.

Comme le prévoit le Plan Nord, il est important que l'aménagement de ce territoire et l'exploitation de ses ressources soient réalisés selon une approche de développement durable intégrant le respect des droits, de la culture et des besoins des Premières Nations, de même que la protection de l'environnement et de la biodiversité. Québec veut " consacrer 50 % du territoire à des fins autres qu'industrielles ", alors que les aires protégées occuperaient " au moins 12 % " de sa superficie. C'est un objectif ambitieux, démontrant le sérieux du gouvernement.

Le Nord-du-Québec recèle des ressources immenses qui doivent être mises en valeur, car elles sont une richesse dont la collectivité aura absolument besoin pour assurer son bien-être. Il ne faudrait donc pas sacrifier des exploitations par méconnaissance du territoire. D'où la nécessité d'évaluer avec soin son potentiel économique avant de déterminer les espaces qui seront protégés.

Vers un nouveau régime de redevances

Puisque ces ressources appartiennent à la collectivité, il importe que l'État en retire les bénéfices appropriés. Quel est le niveau optimal de ces redevances ? C'est celui qui assurera aux entreprises une rentabilité suffisante pour justifier les investissements et les risques encourus. Ces redevances pourraient être modulées selon différents facteurs : le type de ressource (par exemple, la redevance du gaz de schiste devrait différer de celle d'une mine de diamants); la nature de l'exploitation (une mine d'or à faible coût et ayant une forte teneur minéralogique justifierait un taux de redevance supérieur à une autre aux caractéristiques différentes); le prix offert obtenu sur les marchés. Québec ne devrait-il pas se doter d'une nouvelle politique à cet égard ?

Misant sur notre malaise par rapport à l'argent et sur notre mentalité d'assiégés, certains politiciens ont entrepris d'exploiter notre sentiment de victimisation face aux entreprises. Puisse le gouvernement les ignorer et imposer le leadership nécessaire pour trouver le juste équilibre entre les intérêts de la collectivité et les risques que doivent prendre les sociétés désireuses d'exploiter nos ressources.

jean-paul.gagne@transcontinental.ca

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