Le Plan Nord a besoin d'une stratégie d'accès à l'énergie

Publié le 21/07/2012 à 00:00

Le Plan Nord a besoin d'une stratégie d'accès à l'énergie

Publié le 21/07/2012 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Le Plan Nord est issu d'une vision qui peut s'avérer extrêmement profitable pour les Québécois. Malheureusement, il tarde à prendre forme ; il en résulte que les promoteurs ne savent pas trop à quoi s'en tenir concernant la planification de leurs projets.

Le retard à créer la Société du Plan Nord, dû en bonne partie à l'opposition démagogique du Parti québécois, explique pourquoi les investissements publics dans les infrastructures nécessaires au développement optimal du territoire tardent à se faire et pourquoi il n'existe toujours pas de guichet unique pour les promoteurs qui veulent faire avancer leur projet.

En témoigne la décision récente de Stornoway Diamond Corporation de recourir à des groupes électrogènes alimentés au diesel pour produire l'énergie indispensable à l'exploitation de sa future mine, plutôt qu'à de l'électricité fournie par Hydro-Québec. Cette décision a dû se faire retourner dans leur tombe les artisans de la Révolution tranquille, qui ont nationalisé l'essentiel de la production québécoise d'électricité et qui ont créé plusieurs sociétés d'État pour doter le Québec d'infrastructures et de leviers destinés à promouvoir son développement.

Or, même si elle semble aberrante de prime abord, la décision de Stornoway est pleinement justifiée. Voici pourquoi.

La société minière, qui n'a encore aucun revenu, doit trouver 800 millions de dollars pour financer la construction et la mise en exploitation de sa future mine de diamants, dont la durée de vie est de 11 ans en fonction de ses «réserves minérales probables». Ce financement est un défi immense et il devra se faire surtout par des emprunts. Il est clair que les marchés financiers ne seraient pas réceptifs à l'ajout de 174 M$ de dette pour construire une ligne de transport d'électricité de 159 km reliant la future mine à la centrale Laforge 1, et qui appartiendrait à Hydro-Québec. En passant, c'est Stornoway qui a payé la totalité du coût de l'étude de faisabilité de cette ligne d'une capacité de 50 mégawatts, même si Stornoway n'a besoin que de 15 MW. L'idée était de prévoir une ligne capable de répondre aux besoins d'autres exploitants miniers éventuels et d'offrir à la nation crie une capacité de transport de l'électricité qui serait produite par les éoliennes qu'elle entend exploiter.

Face au refus d'Hydro-Québec de chercher une solution financière acceptable pour Stornoway, dont Investissement Québec détient 37 % des actions, l'État québécois aurait pu prêter avec intérêt à Stornoway l'argent nécessaire à la construction de la ligne électrique (Québec a fait un tel prêt pour faciliter la réouverture de la mine d'amiante Jeffrey d'Asbestos), mais cette solution a sans doute été jugée inappropriée sur le plan politique. Québec est si sensible aux critiques, même totalement injustifiées, faites sur le Plan Nord et le développement de projets miniers qu'il semble parfois paralysé dans son action.

L'option du diesel produira beaucoup plus de gaz à effet de serre qu'un approvisionnement en électricité, mais elle ne grèvera pas indûment la marge de manoeuvre financière de Stornoway. Les groupes électrogènes lui coûteront quelque 25 M$. Ils pourraient être revendus si une solution optimale était trouvée pour la ligne de transport d'électricité.

Occasion ratée par un manque de vision

Comme une route et une voie ferrée (le CN et la Caisse de dépôt en prévoient une pour relier Sept-Îles et le Labrador), une ligne de transport d'électricité peut être une infrastructure essentielle au développement d'un territoire. Il appartient à l'État d'en déterminer le tracé, et il est justifié qu'il y contribue.

Il faut espérer que le nouveau Bureau de transition du Plan Nord se mette rapidement à la tâche pour doter le territoire des stratégies nécessaires à son développement. Cela est indispensable, tant pour les accès routiers et l'approvisionnement en énergie que pour les enjeux concernant différents ministères et d'autres intervenants dans ce territoire.

Le Plan Nord a besoin d'un leadership fort, capable d'assurer une planification intelligente, d'élaborer les bonnes stratégies, de mettre en place des plans d'action réalistes et de savoir résister aux assauts trompeurs et idéologiques d'activistes, souvent payés par l'État, qui l'attaquent injustement, au bénéfice de causes obscures ou pour leur propre notoriété.

Le Nord-du-Québec a besoin d'être développé, et Québec a grandement besoin d'exploiter les ressources qui s'y trouvent. Cessons d'en faire un sujet de partisanerie et de voir des complots là où il n'y en a pas.

MON COMMENTAIRE

J'aime

Forcées de reconnaître leurs abus, Visa, MasterCard et de grandes banques américaines remettront à des marchands américains 7,25 milliards de dollars pour compenser les frais excessifs qu'ils ont encourus lors d'achats payés par des cartes de crédit et de débit. Espérons que le Bureau de la concurrence canadien en arrive avec une entente analogue au bénéfice des détaillants, qui ont déjà porté plainte à ce sujet.

Je n'aime pas

Comment peut-on avoir confiance dans le système financier ? Les autorités britanniques et américaines savaient depuis 2007 qu'environ 20 banques internationales, dont Barclays (elle a payé une amende de 453 milliards de dollars américains), ont manipulé le LIBOR (taux auquel les banques se prêtent entre elles). Autre scandale, JP Morgan Chase aurait perdu plus de 7 G$ dans des transactions sur des produits dérivés, alors que la Réserve fédérale de New York mobilise 40 employés dans les locaux de la banque new-yorkaise pour surveiller ses activités. «La mafia a appris de Wall Street et non l'inverse», a commenté Eliot Spitzer, ex-procureur général de l'État de New York.

jean-paul.gagne@tc.tc

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