Le placement syndical dans la construction n'a pas de sens

Publié le 24/09/2011 à 00:00

Le placement syndical dans la construction n'a pas de sens

Publié le 24/09/2011 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

La ministre du Travail du Québec, Lise Thériault, vient de s'engager à déposer un projet de loi visant l'élimination de la pratique du placement syndical dans la construction.

Ce faisant, la ministre a fait sienne la principale recommandation d'un groupe de travail sur l'industrie de la construction que le gouvernement avait mandaté pour proposer des moyens d'améliorer son fonctionnement.

Ce n'est pas la première fois qu'on s'attaque aux relations de travail dans ce secteur. Il y a eu des améliorations, mais celles-ci se sont parfois faites au prix d'importantes concessions, telle l'obligation d'appartenir à un syndicat pour travailler dans la construction au Québec. Cette règle a même été sanctionnée par la Cour suprême du Canada, qui a statué à cinq contre quatre que cette entrave à la "liberté fondamentale", selon la Charte des droits et libertés, de pouvoir adhérer ou non à un syndicat était justifiée pour assurer la paix syndicale au Québec.

Même si aucune loi ne l'autorise et même s'il n'est pas généralisé, le placement syndical est une vache sacrée dans certains métiers de la construction. Ces métiers sont ceux que l'on trouve sur les grands chantiers industriels et institutionnels et dans la construction d'infrastructures routières. En vertu de cette pratique, un syndicat impose ses membres à un employeur, ce qui est discriminatoire face aux travailleurs membres d'autres syndicats ou d'une région donnée (comme on l'a constaté au chantier de la Gaspésia à Chandler).

Une fois qu'il a imposé son monopole sur un chantier, un syndicat peut exiger des conditions de travail supérieures à ce qui est prévu dans la convention collective, ce qui nuit à la productivité et augmente les coûts des donneurs d'ordre. Beaucoup d'employeurs acceptent ce modus operandi pour acheter la paix, abdiquant ainsi leur droit de gérance, ce qui est aberrant.

Cette pratique doit cesser, car elle ne permet pas une gestion optimale des travaux de construction, sans compter qu'elle nuit à la réputation du Québec.

Bien entendu, la FTQ Construction, qui représente environ 45 % des travailleurs de cette industrie et qui réunit la plupart des syndicats qui font du placement de travailleurs, a réagi très négativement, accusant le gouvernement de vouloir écraser un maringouin avec une masse. À l'inverse, la CSN et la CSD, dont les travailleurs se font parfois évincer par les gros bras de la FTQ, ont bien accueilli le rapport, confirmant ainsi l'existence de la discrimination sur les chantiers.

Le PQ rate une belle occasion de faire de la politique autrement

À Québec, l'Action démocratique a épousé la position du gouvernement. Quant au Parti québécois (PQ), il l'a décriée, préférant se ranger du côté de la FTQ et faire de la petite politique, aux dépens du gros bon sens, qui est de faire en sorte que tous les travailleurs dûment qualifiés aient une chance égale d'oeuvrer sur un chantier donné. Une autre occasion ratée par le PQ de faire de la politique autrement.

C'est à la Commission de la construction du Québec (CCQ) qu'incombera la responsabilité d'éliminer la discrimination sur les chantiers. La CCQ, qui s'occupe de la gestion des relations de travail dans la construction (surveillance de l'application des conventions collectives, formation des travailleurs, évaluation des compétences, émission des permis de travail, vote syndical, surveillance du travail au noir et de la corruption, etc.), verra aussi sa gouvernance améliorée par des changements à son conseil.

Tandis que d'anciens ministres se sont cassé les dents sur ce dossier, Lise Thériault a plus de chance de réussir son pari, car l'opposition au projet se limitera essentiellement à la FTQ et au PQ. De plus, elle pourra s'appuyer sur une présidente-directrice générale de la CCQ qui n'a peur de rien, Diane Lemieux. En plus de faire vérifier les antécédents judiciaires et la vulnérabilité financière des enquêteurs de la CCQ, elle a obtenu leur désaffiliation du syndicat FTQ en place pour leur permettre de faire leur travail en toute indépendance et avec crédibilité. Des enquêteurs se sont même fait demander de collaborer à l'Unité permanente anticorruption créée il y a quelques mois par le gouvernement.

On ne retrouve pas le même leadership au ministère des Transports où, selon le rapport prétendument secret de l'Unité anticollusion dirigée par Jacques Duchesneau, les manquements éthiques et déontologiques sont multiples et où un redressement draconien s'impose sur le plan de la gestion.

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