Le goût d'abord, le patriotisme ensuite

Publié le 25/06/2011 à 00:00

Le goût d'abord, le patriotisme ensuite

Publié le 25/06/2011 à 00:00

Le début de l'été marque le début de la délivrance.

Pas tant à cause des vacances - on peut en prendre en toute saison - qu'en raison de l'arrivée des fruits et des légumes du Québec. Les succulentes fraises du Québec, par exemple, surpassent facilement les trucs californiens un peu rouges qui goûtent le carton, mais qui sont vendus toute l'année. Ce qui ne veut pas dire pour autant que tout ce qui est produit ici est forcément meilleur.

Les grandes campagnes de publicité cherchant à mousser les " Aliments du Québec " touchent les consommateurs qui tiennent à savoir si ce qu'ils achètent est effectivement produit au Québec. Mais elles ne peuvent évidemment pas aller au-delà. La plupart des gens considèrent d'abord le rapport qualité-prix avant de choisir. Le patriotisme est une donnée secondaire. C'est la saveur qui compte, surtout si le prix est concurrentiel.

Voilà pourquoi il importe que l'industrie agroalimentaire québécoise passe à la vitesse supérieure si son objectif est véritablement d'augmenter ses parts de marché.

Certes, il y aura toujours des succès d'estime. À force d'en entendre parler, on a fini par admettre que le homard du Québec, en particulier celui des Îles-de-la-Madeleine, est meilleur que celui des provinces de l'Atlantique ou des États-Unis. Vous savez, les fonds marins autour des Îles sont surtout rocheux, tandis qu'ailleurs, ils sont plus vaseux, ce qui finirait par altérer le goût du homard...

Vérité ou fadaise ? Reste que bien des consommateurs s'informent de la provenance des homards qu'on leur propose avant de passer à la caisse. Mais attention, il ne faudrait pas en profiter pour saler les prix !

C'est vrai que les pêcheurs ont la vie dure ces années-ci, parce qu'on leur verse une pitance pour leurs prises, mais la loi de l'offre et de la demande joue cette fois en faveur des acheteurs. Imposer un prix plancher pour le homard, comme le suggérait récemment le directeur de l'Association des pêcheurs des Îles-de-la-Madeleine, serait mal venu. Au lieu de contrôler les prix, mieux vaut attribuer une plus-value au homard local et inciter les consommateurs à le préférer aux autres. C'est déjà bien parti.

La délicate question des prix

Déjà que certains produits québécois, au demeurant excellents, ont la réputation d'être onéreux... Pensez aux fromages. On marche sur des oeufs, ici, quand surgit la question de la cherté de certains de nos fromages, mais que voulez-vous, elle est inévitable. Je veux bien reconnaître que ces fromages sont souvent le fruit d'un travail artisanal, que le prix de la matière première - le lait - est élevé au Québec, que les fromagers ne s'enrichissent pas avec leurs créations, mais au bout du compte, ils sont habituellement chers, nos fromages. Non pas en fonction du travail qu'ils exigent, mais en regard du prix des fromages étrangers, de même qu'en fonction de ce que les gens sont prêts à payer.

Or, le marché est naissant. Il n'est pas si loin que cela le règne du cheddar et du fromage en grains (toujours délicieux, par ailleurs). On doit prendre garde à ne pas briser l'élan.

En même temps, la qualité des fromages haut de gamme profite maintenant à l'ensemble de l'industrie. Le label " Fromages du Québec " est maintenant synonyme de caractère. Et on peut espérer que les consommateurs feront la différence entre les produits usuels, déjà bons, et les fromages que l'on achète pour les grandes occasions. Ils vont progressivement raffiner leur goût et leurs achats en procédant par étapes. Tant mieux si c'est le cas, car on pourra conserver une production de masse, abordable, et une production de niche qui jouit d'une excellente réputation.

En fait, l'enjeu est là : jouer la carte des aliments du Québec est possible à condition qu'on puisse trouver des produits de qualité à des prix comparables. C'est ce qui permettra d'aller les chercher, ces fameuses parts de marché. Mais on risque de frapper un mur si cette stratégie se traduit par une explosion de la facture. Payer parfois plus cher pour un produit de qualité supérieure, cela va de soi. Mais payer davantage parce qu'on veut privilégier ce qui se fait ici serait néfaste. Les drapeaux sont faits pour flotter en haut des mâts. Pas pour servir d'emballages de luxe pour des légumes.

DE MON BLOGUE

Retraite

Ça brasse et ça va brasser...

Partout dans les grandes entreprises, avoir un passé signifie presque avoir un déficit dans sa caisse de retraite. [...] Le déficit de la caisse de retraite d'Air Canada atteint 2 milliards de dollars. La question s'est retrouvée au coeur du conflit de travail avec les employés au sol, dénoué in extremis par ce qui deviendra probablement une clause grand-père (après arbitrage).

Vos réactions

" Une solution : ne pourrions-nous pas admettre, collectivement, que tous ces régimes ont été bâtis lorsque l'espérance de vie allouait, en moyenne, 10 ans de retraite après 35 ans de travail ? Le ratio de 30 ans de retraite après 35 ans de travail avec, souvent, réversibilité partielle du régime au conjoint, transforme ces régimes en de gigantesques schémas de Ponzi. "

- ABC

" On abolit tous les régimes de retraite, privés et publics. En contrepartie, on double ou on triple les versements à la RRQ et au RPC, que l'on finance en doublant les charges sociales des employeurs et des employés. "

- GenerationX

" Il y a un manque flagrant d'équité entre les travailleurs et les hauts dirigeants. Lorsqu'on signe une entente, on s'attend à ce que chacune des parties la respecte [...] C'est bien beau de demander aux salariés de faire des sacrifices, mais lorsque l'exemple est complètement à l'opposé en haut, c'est une pilule qui est dure à avaler. "

- SB

rene.vezina@transcontinental.ca

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

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