Le Canada devrait éviter la guerre des devises

Publié le 17/09/2011 à 00:00

Le Canada devrait éviter la guerre des devises

Publié le 17/09/2011 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Le ministre Jim Flaherty craint une guerre des devises, à cause des mesures protectionnistes que pourraient prendre certains pays, ce qui nuirait au commerce international.

La raison : la décision de la Banque Nationale suisse (BNS) de racheter tous les euros nécessaires pour empêcher la devise nationale de s'apprécier au-delà d'un plafond de 1,20 franc (pour un euro).

Cette annonce a immédiatement fait baisser le franc suisse de 8 % par rapport à l'euro. Les exportateurs suisses étaient exaspérés face à la baisse de leurs ventes à l'étranger et de leur profit. Les Helvètes ont bien accueilli cette initiative à cause de son impact positif sur l'emploi, même s'ils paieront plus cher pour acheter et voyager à l'étranger.

La devise suisse était devenue un refuge face à l'incertitude engendrée par les difficultés des économies américaine et européenne face au dollar américain et à l'euro, qui sont de loin les devises les plus liquides de la planète.

Depuis la décision de la BNS, les investisseurs et les spéculateurs se sont surtout tournés vers le yen et les couronnes norvégienne et suédoise. Pour faire baisser la pression, le Japon a indiqué que le gouvernement pourrait vendre à l'étranger de la dette libellée en yens. En Norvège, on a évoqué la possibilité que la Banque centrale réduise son taux directeur. Comme le Japon, la Norvège et la Suède possèdent d'importants surplus dans leur compte courant, cela rassure pour les marchés.

Le dollar australien intéresse aussi les investisseurs, notamment à cause des relations commerciales étroites qu'entretiennent l'Australie et l'Asie. Cependant, ce n'est pas le cas du Canada pour le moment, malgré l'abondance de ses matières premières, l'importance de ses exportations, la santé de ses finances publiques et la stabilité de son système financier, qui est plus sain que celui de la Suisse, où les grandes banques ont été durement malmenées lors de la crise de 2008.

Le taux de change du dollar canadien est surtout influencé par le commerce que le Canada fait avec les États-Unis (1,6 milliard de dollars de marchandises et 300 000 personnes traversent la frontière chaque jour). Importateur net depuis quelques années, le Canada affiche un déficit de sa balance du compte courant, ce qui n'est pas favorable à une appréciation de sa monnaie.

Embellie pour nos exportateurs

Aussi longtemps que la croissance de notre principal partenaire commercial restera anémique, le dollar canadien n'aura aucune raison de prendre de la valeur par rapport à la devise américaine. Et c'est tant mieux pour nos exportateurs, qui ont été durement éprouvés ces dernières années. De plus, la probabilité d'une baisse éventuelle du taux des prêts à un jour de la Banque du Canada (présentement à 1 %) rend moins attrayant le huard. En outre, en raison de la taille relativement modeste de l'économie canadienne, notre dollar, qui ne compte que pour 3 % des transactions internationales de devises, n'offre pas beaucoup de liquidité pour les investisseurs.

Tous ces facteurs expliquent pourquoi le dollar canadien a plus de chance de baisser à court et à moyen terme que de s'apprécier, sans compter que sa valeur objective serait plutôt d'environ 0,90 $ US.

Par contre, le taux de change de notre monnaie devrait prendre la direction inverse lorsque l'économie américaine se rétablira et que nos exportations se remettront à croître. Toutefois, bien malin celui qui pourrait prédire cette éventualité, car il n'est pas sûr que l'administration Obama réussira à obtenir les résultats attendus par son récent plan de relance de 447 milliards de dollars. On peut compter sur les républicains, qui veulent à tout prix gagner l'élection de novembre 2012, pour bloquer certaines mesures proposées.

Il faut aussi mettre dans l'équation la possibilité d'une aggravation de la crise européenne, à cause de l'endettement excessif de plusieurs membres de la zone euro, de la stagnation économique d'autres pays d'Europe et de la dépréciation de prêts souverains dans l'actif de banques françaises et allemandes.

S'il est évident que la France et l'Allemagne protégeront leurs banques, l'avenir de l'euro paraît néanmoins menacé. Alors que la Grèce creuse son trou un peu plus chaque jour, il est de plus en plus difficile d'imaginer qu'elle s'en sortira en conservant l'euro.

Si celle-ci n'honore plus sa dette, il s'ensuivra une crise qui provoquera un réalignement monétaire. C'est le prix qu'il aura fallu payer pour avoir créé une structure intenable sans mécanismes appropriés de stabilisation, comme nous en avons au Canada.

MON COMMENTAIRE

J'aime

L'Orchestre symphonique de Montréal a maintenant sa salle de concert. Faite de bois et dotée d'une haute qualité acoustique, qui pourra être améliorée avec le temps, tel un Stradivarius, selon les mots du chef Kent Nagano, celle-ci a le potentiel de devenir l'une des meilleures du monde et de multiplier le nombre des amateurs de musique classique. N'allons surtout pas la comparer au futur amphithéâtre de Québec, qui sera surtout au service de l'entreprise privée.

Je n'aime pas

Après avoir redonné à nos forces aériennes et maritimes les noms d'"Aviation royale du Canada" et de "Marine royale canadienne", le gouvernement Harper exige maintenant que nos ambassades et nos consulats arborent dans leur hall d'entrée le portrait de la Reine Elizabeth II. Pire, on a remplacé les tableaux hautement symboliques d'Alfred Pellan qui ornaient le hall d'entrée du ministère des Affaires étrangères par un portrait de la reine. Ces tableaux, qui représentent l'est et l'ouest du Canada, y étaient exposés depuis 1973, année de l'inauguration de l'édifice Lester B. Pearson, baptisé en l'honneur de l'ex-premier ministre et prix Nobel de la paix. Un réflexe de colonisé doublé de pur clientélisme !

jean-paul.gagne@transcontinental.ca

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