Le Canada, cancre de l'environnement ?

Publié le 15/11/2008 à 00:00

Le Canada, cancre de l'environnement ?

Publié le 15/11/2008 à 00:00

Par François Normand

La réputation et la crédibilité sont les actifs les plus importants d'une entreprise. La règle s'applique aussi au pays, et le Canada pourrait bien le constater à ses dépens s'il ne s'attaque pas sérieusement aux changements climatiques.

" En environnement, on commence à avoir une image de décrocheur aux États-Unis ", dit Christine Fréchette, coordonnatrice de la Chaire d'études politiques et économiques américaines du CERIUM (Centre d'études et de recherches internationales) de l'Université de Montréal.

" Si le premier ministre Stephen Harper était au diapason de son homologue George W. Bush dans le domaine, dit-elle, cela risque de ne plus être le cas avec le président Barack Obama, qui occupera la Maison-Blanche à compter du 20 janvier. "

Même John McCain avait un plan vert ambitieux

Barack Obama veut faire des États-Unis un " leader " en matière de lutte aux changements climatiques. Même le candidat républicain John McCain avait un ambitieux plan vert. " Peu de gens le savent, mais ce dernier a été le premier congressiste à présenter un projet de loi pour imposer des cibles absolues de réduction des émissions de gaz à effet de serre ", dit Pierre Plante, avocat spécialisé en environnement chez Fasken Martineau.

Les initiatives - y compris les projets de loi - mises en place aux États-Unis pour réduire les GES contiennent habituellement des cibles de réductions absolues. Au Canada, en revanche, le plan fédéral ne prévoit que des cibles par intensité. Pour la plupart des analystes en environnement, cette approche n'est pas jugée sérieuse.

Même les efforts du Canada à long terme posent problème, fait remarquer Steven Guilbeault, analyste en environnement chez Équiterre.

Par exemple, le plan d'Obama propose que, d'ici 2050, les États-Unis réduisent de 80 % leurs émissions de GES par rapport aux niveaux de 1990. De son côté, sur la même période, le Canada prévoit réduire ses rejets de 50 % par rapport aux niveaux de 2006. " Il y a toute une différence entre les deux approches ", déplore Stephen Guilbeault.

Western Climate Initiative

Face à l'inaction d'Ottawa et de Washington en matière de changements climatiques, sept États américains (l'Arizona, la Californie, le Montana, le Nouveau-Mexique, l'Oregon, l'Utah, Washington) et quatre provinces (le Québec, l'Ontario, le Manitoba, la Colombie-Britannique) ont mis sur pied, en 2007, la Western Climate Initiative (WCI) pour réduire leurs émissions de GES à l'aide de cibles de réduction absolues.

" Ce système permettra d'échanger des droits d'émissions de GES en 2010. Cela s'appliquera d'abord à la production industrielle pour s'étendre ensuite au transport d'ici 2015 ", précise Clare Demerse, analyste principal en environnement à l'Institut Pembina.

Certes, le gouvernement Harper a indiqué son souhait de participer à un système nord-américain d'échange de droits de réduction d'émissions de GES. Le hic, c'est qu'encore une fois, l'approche canadienne prévoit des cibles par intensité et non pas des cibles absolues, comme aux États-Unis, soulignent les spécialistes.

Le Canada est-il prêt à mettre de l'eau dans son vin ? Il n'aura pas vraiment le choix s'il souhaite participer à un système nord-américain dont les normes seront en fait... américaines. Ottawa pourrait décider de faire cavalier seul. Mais à quel prix pour l'image du Canada ?

francois.normand@transcontinental.ca

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