La société devrait viser ce qu'il y a de mieux pour nos universités

Publié le 09/02/2013 à 00:00

La société devrait viser ce qu'il y a de mieux pour nos universités

Publié le 09/02/2013 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

C'est à un débat plutôt surréaliste que l'on assiste en vue du Sommet sur l'enseignement supérieur des 25 et 26 février prochains.

On a le ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche, de la Science et de la Technologie, Pierre Duchesne, qui ne veut pas plus d'argent pour les universités. Pourtant, leur sous-financement a été reconnu par tout le monde, y compris les associations étudiantes, du moins jusqu'en mars 2010 dans le cas de la FEUQ, qui représente 125 000 étudiants universitaires.

Tandis que l'ASSE affirme que «des mécanismes d'assurance qualité ne doivent pas être reconnus au sein d'un Conseil des universités», la FEUQ s'oppose à l'ajout d'argent frais dans les universités, en soutenant que celles-ci sont mal gérées. En prenant cette position, digne d'une association de défense des contribuables, la FEUQ veut éviter que l'État n'en demande plus aux étudiants pour financer leur formation. Il serait intéressant de savoir quelle proportion de ses membres partage cette opinion égocentrique et bornée.

L'objectif des associations étudiantes, qui veulent ce qu'il y a de mieux pour leurs membres, devrait être la poursuite de l'excellence de la formation qu'ils reçoivent. Les étudiants devraient donc pouvoir compter sur les meilleurs professeurs et les meilleurs chercheurs, ce qui n'est pas gratuit. Ils devraient voir les universités comme de hauts lieux de savoir, dont la mission est de former les meilleurs cerveaux et les esprits les plus brillants : des scientifiques qui découvriront de nouvelles molécules pour la santé et de nouvelles technologies pour mieux protéger l'environnement, des leaders qui sauront nous guider dans un monde aux enjeux de plus en plus complexes et des professionnels compétents pour éduquer, soigner, construire et gérer.

Comment atteindre ces objectifs légitimes si on refuse de donner aux universités les moyens de recruter et de retenir les meilleurs professeurs et les meilleurs chercheurs, et de doter leurs laboratoires des équipements à la fine pointe de la technologie ?

Que des leaders étudiants ne voient pas la nécessité de mettre l'excellence au coeur de leur vision du système universitaire québécois a de quoi étonner. Que ces jeunes leaders fassent l'apprentissage de leur future carrière politique sur une plateforme aussi populiste est inquiétant pour l'avenir de notre société.

C'est en visant haut que nos universités pourront former une élite, sans laquelle notre société ne pourra espérer rivaliser avec les autres pays sur les plans scientifique et technologique, dans l'industrie et le commerce, comme dans les sciences humaines et les arts.

Soyons créatifs

Il est certain que nos universités pourraient être mieux gérées. On pourrait par exemple réduire les admissions dans les disciplines où la demande du marché est inférieure à l'offre, et on pourrait l'accroître là où c'est le contraire. À quoi bon radoter sur les erreurs passées ?

Les universités pourraient avoir une meilleure gouvernance. Comme c'est le cas pour les hôpitaux, leurs conseils d'administration sont surtout formés de gens qui ont un intérêt à faire valoir (des dirigeants, des professeurs, des représentants des syndicats et des fondations, etc.), mais d'un nombre trop faible d'administrateurs indépendants qualifiés. Et comme ces derniers ne sont pas rémunérés, ils ne seront certainement pas incités, malgré leurs bonnes intentions, à s'engager à fond dans des enjeux compliqués.

Une autre solution innovante est la modulation des droits de scolarité selon les disciplines, comme le suggèrent le recteur Guy Breton (Université de Montréal), la Coalition avenir Québec et les candidats à la chefferie libérale. Il est aberrant qu'un étudiant en histoire paie 40 % du coût de sa formation, alors que le futur dentiste ne paie que 5 % du coût de la sienne. Ne devrait-on pas commencer à aplanir ces écarts et à moduler la période de remboursement des prêts étudiants en fonction des revenus gagnés au travail ?

La Coalition propose aussi de donner aux universités qui font le plus de recherche (et à d'autres qui en font moins, mais qui ont des créneaux d'excellence forts) «une certaine latitude pour fixer les droits de scolarité». Cette flexibilité permettrait aux universités d'avoir plus de marge pour recruter et retenir professeurs et chercheurs.

Le ministre a dit que tout était sur la table. Espérons que des solutions innovantes pourront être considérées. Personne ne lui tiendra rigueur d'oublier le statu quo.

MON COMMENTAIRE

J'aime

La prestigieuse revue américaine Nature recommande à Barack Obama d'approuver le projet d'oléoduc Keystone XL, qui doit transporter du pétrole provenant des sables bitumineux albertains vers les raffineries de la côte du golfe du Mexique pourvu que l'on s'assure de la protection de l'environnement. Nature explique que les sables seront développés de toute façon et que le pétrole qui en provient nuit moins à l'environnement que certains pétroles produits en Californie.

Je n'aime pas

La ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, a profité de son passage à l'émission Tout le monde en parle du 3 février pour faire miroiter les centaines de milliards de dollars que représenterait la valeur du pétrole susceptible d'exister dans le sous-sol québécois. Cette euphorie est injustifiée, parce qu'aucun gisement commercial n'est à la veille d'être trouvé. Puisqu'un forage fait sur la terre ferme coûte environ 10 M$, on peut estimer qu'il faudra dépenser quelque 500 M$ pour évaluer le potentiel commercial d'un gisement éventuel. Une telle somme n'est pas à la portée de nos petites pétrolières ni des contribuables québécois.

jean-paul.gagne@tc.tc

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