La recapitalisation des banques européennes est inévitable

Publié le 22/10/2011 à 00:00

La recapitalisation des banques européennes est inévitable

Publié le 22/10/2011 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Quand la nouvelle présidente du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a déclaré en août qu'il était urgent de recapitaliser les banques européennes, des politiciens ont insinué qu'elle se trompait.

Qu'est-il arrivé depuis ? Dexia, une banque franco-belge de 567 milliards d'euros (782 milliards de dollars) d'actif à la fin de 2010 est en voie d'être démantelée, à cause, justement, d'une capitalisation suffisante.

Plusieurs reconnaissent maintenant que la recapitalisation des banques européennes est devenue une affaire éminemment sérieuse, car il est clair que celles-ci ne pourront pas faire face, seules, à la crise financière, d'autant plus qu'une récession est à nos portes.

Autre indice de la gravité de la situation, l'Allemagne vient de réduire de 2 à 0,8 % la croissance de son économie en 2012, comparativement au 2,9 % prévu pour 2011. Moins de croissance économique égale moins de recettes fiscales égalent des déficits accrus, ce qui aggravera la crise de l'euro.

L'effet positif du ralentissement de l'économie allemande et de la réduction de l'inflation anticipée (de 2,3 à 1,8 % en 2012) sera la baisse probable du taux de base de la Banque centrale européenne, ce qui atténuera le coût de la dette des gouvernements.

La cause première de la crise qui menace l'économie européenne est la dette de la Grèce, qui devrait atteindre 357 milliards d'euros (G €), soit 162 % de son produit intérieur brut (PIB) à la fin de 2011. Ce ratio devrait passer à 172 % à la fin de 2012 et même à 179 % en fonction du plan de sauvetage de 109 G € convenu en juillet. À ce plan s'ajoute une contribution volontaire de 54 G € de la part des banques privées d'ici l'été 2014, à laquelle pourrait s'ajouter un autre montant de 81 G € entre 2014 et 2020.

Ce sauvetage soulage les besoins de trésorerie du gouvernement grec, mais il résulte essentiellement du rééchelonnement des échéances de certaines dettes et du remplacement d'obligations portant intérêt par des obligations à coupon zéro, ce qui veut dire que le coût de leur financement sera reporté à leur échéance, dans 30 ans. Bref, on augmente encore la dette de la Grèce et on reporte son remboursement. En clair, Athènes ne pourra jamais la rembourser, à moins d'un miracle. On baigne dans la pensée magique, sans compter que les programmes d'austérité que l'on impose au gouvernement affaiblissent l'économie du pays et, par la même occasion, ses recettes fiscales. D'où la hausse de 7,6 à 8,5 % du PIB du déficit du gouvernement prévu en 2012. La Grèce creuse son trou.

Malgré les palabres, les solutions avancées sur la crise grecque par les politiciens de l'Union européenne (27 pays) et de la zone euro (17 pays) ainsi que par le FMI ne valent guère mieux qu'un diachylon sur une tumeur.

Pour ne pas effrayer les marchés financiers et pour tenter de camoufler la déficience structurelle de l'euro et l'incapacité des pays membres de la zone à ajouter à court terme une gouvernance fiscale à leur union monétaire, les politiciens européens se refusent à admettre la réalité suivante : la crise grecque peut se répéter dans d'autres pays si la crise actuelle débouche sur une récession.

Radier 50 % de la dette grecque

Trois solutions sont avancées pour guérir la tumeur qui gruge la zone euro.

1. La Grèce sort de la zone euro. Le prix à payer serait trop élevé, car la crédibilité de la zone euro serait minée et il y aurait un risque de contagion. Toutefois, la Grèce resterait dans l'Union européenne, qui continuerait à la subventionner. La drachme serait introduite à un taux de change très déprécié. Le pouvoir d'achat des Grecs chuterait, mais la relance de l'économie serait facilitée.

2. Certains proposent l'émission d'«obligations euro», qui seraient des titres garantis par tous les pays de la zone. Ce serait une aberration. Des petits pays garantiraient alors la dette de grands pays. Ce serait continuer à encourager l'irresponsabilité fiscale.

3. L'autre solution est une radiation majeure de la dette de la Grèce. On parle d'une coupe de 50 %, un chiffre «absurde», selon François Barouin, ministre français des Finances, mais qui deviendra réaliste une fois que les politiciens auront repris leurs esprits.

Eh oui ! Il faudra recapitaliser les banques, ce qui requerra l'émission de quelques centaines de milliards d'euros d'actions. En effet, il ne faut surtout pas que cela se fasse avec des garanties d'emprunt, car ce serait encore une fois financer la dette avec de la dette.

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