La politique énergétique doit viser la croissance économique

Publié le 05/10/2013 à 00:00

La politique énergétique doit viser la croissance économique

Publié le 05/10/2013 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Selon le document de consultation sur les enjeux énergétiques du Québec présentée par la ministre des Ressources naturelles Martine Ouellet, l'objectif prioritaire de la future politique énergétique du gouvernement péquiste est la réduction des gaz à effet de serre (GES).

On donne même la cible à atteindre : réduire de 25 % les émissions de GES en 2020 par rapport à leur niveau de 1990. Le taux de réduction de 20 % visé dans la politique précédente avait été établi à la suite d'une consultation. L'objectif de 25 % émane du programme du Parti québécois 1.

Fidèle au penchant idéologique de la ministre Ouellet, le document de consultation sur les enjeux énergétiques s'intéresse plus aux changements climatiques qu'à l'objectif de faire de l'énergie un outil de développement et de croissance de l'économie. La première ministre Pauline Marois avait demandé à sa ministre de «redéfinir la politique énergétique» du Québec, mais cette dernière oriente plutôt ses consultations sur les «enjeux énergétiques».

L'objectif du gouvernement de réduire les GES de 25 % par rapport au niveau de 1990 est irréaliste, puisqu'on ne les avait réduits en 2012 que de 2 % sur l'année de référence.

Les cinq autres objectifs énoncés dans le document de consultation sont les suivants : électrifier les transports ; favoriser l'efficacité énergétique ; développer des énergies renouvelables émergentes (hydrolienne, solaire passif, géothermique) ; explorer et exploiter les réserves d'hydrocarbures du territoire et les valoriser ; assurer la sécurité et la diversité des approvisionnements.

On veut allier le développement durable à la croissance économique, mais c'est un aspect trop négligé du document de consultation. On veut développer certaines énergies renouvelables et électrifier les transports, mais on présente plus ces objectifs comme des moyens de réduire les GES que des leviers de croissance de l'économie.

On reconnaît qu'on ne peut pas se passer des énergies fossiles, et on mise sur l'exploitation éventuelle du pétrole. Toutefois, on statue que le gaz naturel «n'apparaît pas comme une solution à moyen terme» pour remplacer le diesel utilisé par les camions, même si le gaz est un carburant beaucoup moins polluant. On préfère disserter sur l'établissement de corridors autoroutiers électrifiés munis de caténaires auxquelles les camions se raccorderaient (comme c'est le cas pour les tramways).

L'industrie manufacturière, une grande oubliée

Une grande oubliée de la politique péquiste est l'industrie manufacturière, déjà en perte de vitesse. Entre 2000 et 2012, son poids dans le PIB québécois est passé de 23 à 14 %, et la part de ses emplois dans la main-d'oeuvre totale est passée de 18,5 à 12,5 %.

Le document fait grand état de notre hydroélectricité, mais on ne se soucie guère de sa perte de compétitivité comme facteur de développement pour la grande industrie. Selon l'Association québécoise des consommateurs industriels d'électricité, un industriel actif chez nous paie un tarif moyen de 43,49 $ le mégawatt, alors qu'il paie des tarifs de 43,38 $, 40,58 $, 37 $, 29 $ et 24,63 $ dans différents États américains.

Le prix de notre électricité est particulièrement néfaste pour nos alumineries, qui paient ainsi leur principale matière première au prix moyen de 3,07 cents le kilowattheure, ce qui est supérieur à la médiane des prix payés par les alumineries du monde entier. Quand les alumineries québécoises en auront fini avec les contrats de partage du risque à la fin de 2016, elles paieront le tarif L, qui figure dans le quatrième quartile des prix payés par tous les autres producteurs.

Doit-on se préoccuper de la perte de compétitivité du prix de notre électricité ? Oui. Doit-on cesser de faire de l'interfinancement des coûts d'électricité de l'industrie au bénéfice des consommateurs ? Oui. Doit-on faire de l'énergie un véritable outil de croissance de notre économie ? Oui.

1. Les objectifs de hausse de l'impôt minier et des redevances sur les profits des sociétés minières étaient eux aussi issus directement du programme du PQ. Les ambitions du PQ étaient si irréalistes qu'elles se sont soldées par un échec : la hausse du fardeau fiscal des mines a été beaucoup plus faible que prévu, et le débat que cette politique a suscité a miné l'attractivité du Québec. De plus, s'il est adopté tel quel, l'actuel projet de loi 54 ajoutera une autre couche de plomb sur les épaules de l'industrie minière du Québec.

jean-paul.gagne@tc.tc

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