La PM devenue pdg

Publié le 17/11/2012 à 00:00, mis à jour le 15/11/2012 à 09:43

La PM devenue pdg

Publié le 17/11/2012 à 00:00, mis à jour le 15/11/2012 à 09:43

On s'attendait à rencontrer une première ministre ancrée sur des positions sociales à l'arithmétique financière douteuse. C'est plutôt une tout autre interlocutrice qui s'est présentée : une femme d'affaires déterminée, ayant compris qu'il faut lâcher du lest, et que, pour gagner, les autres doivent aussi gagner.

La volonté du PQ de se rapprocher du milieu des affaires ne fait plus de doute depuis quelques jours. Et elle s'est encore exprimée, dès le début de l'entretien. Mme Marois a tenté de placer le Parti québécois devant le Parti libéral en matière de savoir-faire économique.

Le plus intéressant est cependant venu un peu plus tard, lorsque, subrepticement, elle a fait passer ce rapprochement du domaine des bons mots au domaine des actions concrètes. Avec prudence, elle a confié qu'elle allait revoir la question des redevances minières en y associant les entrepreneurs et les entreprises du secteur. Une grande consultation est désormais dans les cartons pour le début de l'an prochain.

La première ministre veut toujours plus de redevances que ce qu'amène le régime actuel, mais elle est désormais prête à revoir les modèles et ouvre la porte à des concessions.

Des éclaircissements sur le «Plan Nord»

La discussion sur le «Plan Nord», ou le «Nord pour tous», selon la nouvelle appellation, a en outre été particulièrement intéressante sur l'évolution de la pensée d'affaires de Mme Marois. Et n'a pas été sans causer une certaine surprise.

Il n'y a pas de doute que le Parti québécois veut forcer le jeu avec les entreprises, en liant son soutien financier pour le développement de routes ou l'approvisionnement en énergie à des engagements concrets.

Ces dernières semaines, il est même venu à nos oreilles que certains favorisaient qu'on lie impérativement le soutien aux grandes entreprises à des investissements dans la transformation.

Une approche difficile à saisir et qui risquait de faire fuir les investissements.

La première ministre a semblé bien consciente de la nécessité de ne pas complexifier les dossiers. Elle a plutôt dit être à la recherche de partenaires pour procéder à des investissements dans la transformation. Et, surprise, elle est même allée jusqu'à parler de possibles incitatifs fiscaux pour attirer les investissements ici.

Oui, oui, des déductions aux entreprises. Des précisions seront nécessaires sur cette vision. On n'est pas sûr de comprendre pourquoi on souhaite se hisser parmi les plus exigeants en matière d'extraction du minerai, mais être parmi les «subventionneurs» lorsqu'on passe à l'étape de la transformation.

Cela dit, c'est un autre signal concret de rapprochement avec la communauté d'affaires.

Des points d'interrogation pour le budget

La transformation en businesswoman de Mme Marois n'est pas sans susciter quelques interrogations budgétaires.

En campagne électorale, elle a promis d'annuler la hausse du prix de l'électricité (bloc patrimonial) prévue entre 2014 et 2016 (près de 1 G$ de revenus). Il y a nécessité de compenser ce manque à gagner si l'on veut empêcher que le ratio dette/PIB n'atteigne des niveaux susceptibles d'inquiéter les agences de notation. Ralentir les dépenses en infrastructures pourra sans doute nous aider à contenir ce ratio, mais il semble maintenant probable que le nouveau régime de redevances ne fournira pas les 388 M$ supplémentaires qui devaient en partie combler le trou de 1 G$.

La situation se complique un peu. D'autant qu'on ne sait toujours pas comment on réussira à boucler le budget de cette année et atteindre les cibles fixées. Nous avons 1,6 G$ de retard sur l'objectif du 31 mars, sans compter les engagements électoraux et les nouvelles mesures nécessaires aux réformes (ajout d'effectif pour l'approbation des contrats publics à l'AMF, création de l'agence des transports, etc.).

Plus de contributions en vue de la part des entreprises ? Il faudra attendre le budget pour savoir. À la lumière des derniers développements, on parierait cependant que la nouvelle pdg du Québec n'indisposera pas ses pairs.

francois.pouliot@tc.tc

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