La menace d'une récession sème l'inquiétude

Publié le 20/08/2011 à 00:00

La menace d'une récession sème l'inquiétude

Publié le 20/08/2011 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Il ne faut pas prendre à la légère l'extrême volatilité des marchés boursiers, un symptôme de la grande précarité des finances publiques aux États-Unis et en Europe. Tandis que certains investisseurs paniquent, d'autres, plus avertis et plus audacieux, chassent les aubaines. Nul doute aussi que des fonds de couverture misent sur les fluctuations exceptionnelles des marchés pour "faire la passe".

L'abaissement récent de la note de crédit des États-Unis par Standard & Poor's (S&P), aussi symbolique et politique qu'il soit, représente un avertissement sérieux servi à un gouvernement aux prises avec une situation financière des plus fragiles. Sa dette, dont le plafond vient d'être relevé à la suite d'un débat fort acrimonieux au Congrès, équivaut maintenant au produit intérieur brut du pays. Ce débat a permis de constater que la priorité des élus républicains était de défaire le président Obama aux élections de novembre 2012 plutôt que de sauver l'économie de leur pays. Il y a fort à parier que les mesures d'austérité imposées par les républicains, guidés par leur idéologie, réduiront encore la demande, ce qui risque de plonger le pays dans la récession.

Levier inexistant pour relancer l'économie

Autre facteur d'incertitude, la dette américaine est fortement détenue par des créanciers étrangers. Certes, ni la Chine ni le Japon, qui détiennent respectivement 1 100 et 800 milliards de dollars (G$ US) d'obligations américaines, n'ont intérêt à se débarrasser de ces titres, car cela provoquerait une dépréciation du dollar américain et une chute de leurs exportations aux États-Unis, facteurs catastrophiques pour leur économie.

Par contre, les acheteurs étrangers d'obligations américaines pourraient bientôt exiger un rendement accru pour participer aux nouvelles émissions, ce qui accroîtrait le coût de la dette américaine.

La gravité de la crise vient du fait que Washington n'a plus de levier pour relancer son économie. Toute la marge de manoeuvre dont disposait l'administration Obama quand est survenue la crise de 2008 a été utilisée pour sauver le système bancaire américain et mettre en place un plan de relance qui, on le constate aujourd'hui, s'est révélé insuffisant.

Fait inusité, la Réserve fédérale a injecté à elle seule jusqu'à 2 000 G$ US dans l'économie en acquérant des titres de dette détenus par les banques américaines et en leur avançant des fonds à 0,25 % d'intérêt. La Fed pourrait intervenir de nouveau, mais cela démontrerait encore une fois que l'économie américaine n'arrive pas à reprendre son souffle. D'ailleurs, le fait que la croissance réelle de l'économie américaine est plus faible que la croissance de la dette depuis plusieurs années (l'explosion de la dette a débuté sous George W. Bush, qui a diminué les impôts des riches et lancé la guerre en Irak) montre que les États-Unis vivent sur de l'argent emprunté, qu'ils devront rembourser aux générations futures.

Outre l'étau financier qui étouffe le gouvernement, l'économie américaine est également paralysée par l'anémie qui frappe l'emploi, l'épuisement des consommateurs, dont l'endettement représente 120 % du revenu disponible, et par le fait que la construction résidentielle est paralysée par la baisse continue du prix des maisons, que plusieurs propriétaires abandonnent aux prêteurs.

Les malheurs de l'euro

Malheureusement, la conjoncture n'est pas meilleure en Europe, où la survie de l'euro est menacée par la précarité des finances publiques et la croissance économique léthargique de nombreux pays (après la Grèce, le Portugal et l'Irlande pourraient devoir bénéficier bientôt de l'aide du Fonds européen de stabilité financière que les pays de la zone euro viennent de créer). Pour sa part, la Banque centrale européenne rachète des obligations de l'Espagne et de l'Italie pour diminuer la pression des marchés sur leur dette. Or, chaque fois qu'un pays est aidé, le sauvetage s'accompagne de mesures d'austérité budgétaire, ce qui nuit à la reprise économique.

À l'opposé, plusieurs pays et régions, dont le Canada, la Chine, l'Inde, la Russie, l'Australie, l'Amérique latine et les pays nordiques, s'en tirent plutôt bien ; mais tous dépendent de la demande sur les grands marchés occidentaux. D'où l'inquiétude généralisée des ministres des finances partout sur la planète.

Les risques élevés associés à la situation économique des principaux pays industrialisés continueront d'alimenter la volatilité des marchés et pourraient mener à une grave récession. La prudence s'impose.

MON COMMENTAIRE

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jean-paul.gagne@transcontinental.ca

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